Le « Washington Post » révèle que les États-Unis connaissaient le plan russe d’invasion de l’Ukraine des mois avant le début de la guerre, mais n’ont pas réussi à convaincre les membres de l’Otan de l’imminence de l’attaque.
La guerre aurait-elle pu être évitée? En octobre 2021, Joe Biden tient une réunion urgente dans le bureau ovale de la Maison Blanche avec ses conseillers militaires et diplomatiques. Six mois avant le début de l’invasion russe en Ukraine, le renseignement américain a la certitude que Vladimir Poutine prépare une offensive à grande échelle en Ukraine, affirme le Washington Post dans une longue enquête qui vient de sortir.
Selon ce journal de référence aux États-Unis, Joe Biden a alerté les plus proches alliés de Washington, France, Royaume-Uni et Allemagne, fin octobre à Rome, lors du sommet du G20. Quelques semaines plus tard, la directrice du renseignement américain, Avril Haines, aborde le sujet devant plusieurs pays membres de l’Otan. Mais, selon le Washington Post, les réactions sont sceptiques.
« Les responsables français et allemands ne comprenaient pas pourquoi Poutine tenterait d’envahir et d’occuper un grand pays avec seulement 80.000 à 90.000 soldats », écrit le quotidien. « Les images satellites montraient aussi que les troupes faisaient des allers-retours depuis la frontière. »
La crainte d’une erreur des Américains
Seuls les pays baltes et les Britanniques soutiennent à ce moment les États-Unis. Craignant une manipulation politique après les erreurs d’analyses des Américains au moment de la guerre en Irak et lors de la chute de l’Afghanistan, les Allemands et les Français refusent de valider la version de Washington.
Selon le Washington Post, Emmanuel Macron et Angela Merkel ne pensaient pas que Poutine puisse faire quelque chose d’aussi « irrationnel ».
De novembre 2021 à février 2022, les Américains vont multiplier les discussions en coulisses pour alerter les différents pays européens, mais aussi augmenter leur présence sur le Vieux continent, avec l’arrivée de nombreux soldats dans les semaines précédant le début du conflit.
Les dirigeants européens ne croyaient pas à une invasion
Mais même quelques jours avant le début de la guerre, beaucoup d’Européens ne croyaient pas à une possible invasion de l’Ukraine. Y compris Emmanuel Macron et ses conseillers.
Le chef de l’État, qui allait entrer dans sa campagne électorale, a multiplié les rencontres diplomatiques et les coups de fil avec Vladimir Poutine. Le 20 février, au bout d’un échange tendu, il croit obtenir du président russe un accord pour une rencontre exceptionnelle avec Joe Biden. Emmanuel Bonne, conseiller diplomatique du président de la République, aurait même dansé, selon le Washington Post.
Sauf qu’il n’en était rien. Quelques heures après avoir raccroché et remercié en français Emmanuel Macron, Vladimir Poutine reconnaît officiellement deux républiques séparatistes dans l’est de l’Ukraine. Quatre jours plus tard, la guerre est déclarée.