L’émotion gagne le monde arabo-musulman après la frappe ayant fait des centaines de morts dans un hôpital de Gaza, ce mardi. Alors que la plupart des dirigeants arabes accusent Israël d’être responsable du drame – tandis qu’Israël accuse le Jihad islamique – des dizaines de manifestations de soutien à la Palestine ont eu lieu ou se déroulent actuellement dans plusieurs pays.
En Jordanie, pays officiellement en paix avec Israël depuis 1994, environ 5.000 personnes ont manifesté ce mercredi près de l’ambassade d’Israël à Amman. Déployées en nombre sur les lieux, les forces de sécurité ont empêché les manifestants de s’approcher du bâtiment et bloqué toutes les routes menant à l’ambassade.
« Disons-le ouvertement, nous ne voulons pas d’ambassade », « Pas d’ambassade sioniste sur le sol jordanien » ou encore « Pas d’ambassade américaine sur le sol jordanien », ont crié les manifestants.
Israël qualifié d' »ennemi sioniste »
La foule a aussi brandi des photos du président américain Joe Biden et du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu barrées de la mention « criminels de guerre », et scandé des slogans hostiles au président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, qualifié de « traître ».
Non loin de là, en Cisjordanie, des Palestiniens sont descendus en nombre dans les rues de Ramallah, ville où des rassemblements de solidarité avec Gaza ont déjà eu lieu et souvent tourné à l’affrontement avec les forces de sécurité israéliennes.
Des milliers de personnes ont aussi exprimé leur colère dans plusieurs villes d’Égypte – où manifester est pourtant illégal – et de Libye. Dans la capitale Tripoli, des manifestants de tous âges, brandissant des drapeaux palestiniens et se couvrant pour certains le visage avec des keffiehs palestiniens, ont convergé vers la place des Martyrs, en dénonçant la frappe contre l’hôpital à Gaza commise selon eux par « l’ennemi sioniste ».
« Nous donnons notre âme et notre sang pour Gaza », ont-il scandé à Tripoli comme à Misrata, une ville située à 200 kilomètres plus à l’ouest.
60 blessés en Turquie
En Turquie, 63 personnes, dont 43 policiers, ont été blessées ce mardi à Istanbul lors d’une manifestation anti-Israël au cours de laquelle des manifestants ont tenté de forcer l’entrée du bâtiment abritant le consulat israélien.
Selon le gouvernorat d’Istanbul, quelque 80.000 personnes ont afflué mardi soir devant le consulat d’Israël.
Au lendemain de ce rassemblement, Israël a demandé à ses ressortissants de quitter la Turquie dès que possible en raison de la « montée continue des menaces terroristes contre les Israéliens à l’étranger ».
La France prise pour cible
Certaines manifestations ont visé directement la France, jugée complice d’Israël. Le soir même du drame, quelque 3.000 Tunisiens se sont rassemblés devant l’ambassade de France à Tunis.
« Les Français et les Américains sont les alliés des sionistes », ont scandé les manifestants. « Le renvoi de l’ambassadeur est un devoir », « pas d’ambassade américaine sur le territoire tunisien » ont-ils aussi crié, entourés d’un dispositif policier.
Les personnes présentes, dont des figures de l’opposition et des représentants de la société civile ainsi que des avocats, ont aussi scandé des slogans hostiles au président français Emmanuel Macron.
L’ambassade de France a aussi été prise à partie à Téhéran, tout comme celle du Royaume-Uni. « Mort à la France et à l’Angleterre », ont crié des manifestants dans la capitale iranienne, en lançant des œufs sur les murs de l’enceinte de l’ambassade de France.
L’Iran, où Israël et les États-Unis n’ont pas d’ambassade, a décrété une journée de « deuil public » ce mercredi au lendemain de la frappe sur l’hôpital gazaoui.
Large condamnation d’Israël dans le monde arabo-musulman
La plupart des pays arabes, dont le Maroc, l’Arabie Saoudite, l’Irak ou encore l’Algérie ont imputé la frappe sur l’hôpital de Gaza à Israël.
Les Émirats arabes unis et Barhein, deux pays du Golfe ayant normalisé leurs relations avec Israël en 2020 en signant les accords dits d’Abraham, ont fait de même.
Le Maroc, un autre pays qui a rejoint ces accords, a également blâmé Israël, tout comme l’Égypte, le premier pays arabe à avoir signé la paix avec Israël en 1979.