Après 35 ans d’énigme, l’ancien gendarme de 59 ans François Vérove s’est suicidé en 2021 en laissant derrière lui un courrier dans lequel il reconnait être le « tueur au visage grêlé ». France 2 consacre à l’affaire un docufiction en quatre épisodes à voir à partir de ce mardi 24 septembre.
35 ans. C’est le temps qu’il aura fallu pour que l’interminable traque du tueur au visage grêlé s’achève. Ce mystère qui semblait insoluble a donc pris fin suite au décès de François Vérove, un ancien gendarme de 59 ans qui s’est donné la mort le 29 septembre 2021 près de Montpellier en laissant un courrier dans lequel il reconnait être le tueur en série, alors que l’étau se resserrait sur lui. Sa mort avait mis fin à la plus vieille enquête de la Brigade criminelle de Paris.
Des analyses ADN sont venues confirmer qu’il s’agissait bel et bien du « Grêlé », cet effroyable tueur en série qui a sévi dans les années 1980 et 1990. Il est surnommé ainsi à cause du portrait-robot établi sur la base de plusieurs témoignages de personnes ayant croisé son chemin, qui décrivaient un visage avec une peau très abimée. Pendant une dizaine d’années, les enquêteurs ont noté qu’il se faisait passer pour un policier – qu’il était finalement vraiment – pour violer, séquestrer et tuer ses victimes, dont des petites filles. Il est l’auteur d’au moins 3 meurtres et 6 tentatives de meurtre.
France 2 consacre à l’affaire un docufiction en quatre épisodes intitulé « Insoupçonnable : le psychiatre et le tueur » et diffusé à partir de ce mardi 24 septembre. Librement adapté du livre « Le Grêlé. Le tueur était un flic » de la journaliste Patricia Tourancheau, le docufiction s’appuie sur le travail de l’expert psychiatre Daniel Zagury qui décrit l’affaire comme « unique, par son ampleur et sa noirceur ».
L’accusé comparaît devant le jury criminel, pour tentative de meurtre après avoir grièvement blessé sa victime à l’abdomen avec une arme à feu. La scène s’était déroulée en mai 2021, en pleine rue, non loin du centre commercial la Croix-Blanche.
L’accusé comparaît devant le jury criminel, pour tentative de meurtre après avoir grièvement blessé sa victime à l’abdomen avec une arme à feu. La scène s’était déroulée en mai 2021, en pleine rue, non loin du centre commercial la Croix-Blanche.
Entre 1983 et 1988, le Grêlé était gendarme en poste dans la cavalerie de la garde républicaine, avant de rejoint la police nationale où il devient motard puis membre de la brigade des mineurs, selon les informations du Parisien.
Un premier meurtre en 1986
C’est en 1986 que tout commence avec le meurtre de Cécile Bloch, une fillette de 11 ans tuée en plein Paris, en plein jour. Le lundi 5 mai 1986, c’est le gardien de cet immeuble situé dans le 19e arrondissement de la capitale qui découvre le cadavre de la jeune fille en fin de journée dans le 3e sous-sol de l’immeuble. Camouflé sous plusieurs couvertures, son corps est criblé de nombreux coups de couteaux, avec la colonne vertébrale brisée et des traces de strangulation.
Cette élève de 6e a croisé son bourreau dans l’ascenseur de l’immeuble alors qu’elle allait au collège vers 8 heures du matin. Selon 7 témoins, dont le grand frère de la victime et ses parents, cela faisait une heure que le tueur en série faisait des va-et-vient dans l’ascenseur de l’immeuble en attendant sa proie. Suite à ce meurtre, ces derniers font un premier portrait robot du tueur et décrivent un homme blanc, d’1m80, avec une tenue négligée, une peau abimée, probablement à cause de boutons d’acné, très voire trop poli, qui s’exprime très bien en français.
L’accusé comparaît devant le jury criminel, pour tentative de meurtre après avoir grièvement blessé sa victime à l’abdomen avec une arme à feu. La scène s’était déroulée en mai 2021, en pleine rue, non loin du centre commercial la Croix-Blanche.
L’accusé comparaît devant le jury criminel, pour tentative de meurtre après avoir grièvement blessé sa victime à l’abdomen avec une arme à feu. La scène s’était déroulée en mai 2021, en pleine rue, non loin du centre commercial la Croix-Blanche.
Très vite, les enquêteurs font le rapprochement avec une autre affaire d’agression sur une fillette : Sarah, 8 ans, violée et laissée pour morte un mois plus tôt dans le 13e arrondissement de Paris. La fillette part également à l’école lorsqu’elle croise le Grêlé dans l’ascenseur de sa résidence et il la laissera pour morte dans le 4e sous-sol après l’avoir violée et étranglée. Évanouie, elle reprendra conscience après le départ de ce dernier.
Un autre mode opératoire en 1987
En octobre 1987, le Grêlé sévit de nouveau sur une jeune fille de 14 ans prénommée Marianne, une collégienne franco-brésilienne. Alors qu’elle rentre des cours pour déjeuner chez elle le midi, elle rencontre l’homme dans hall de son immeuble qui se fait passer pour un policier. Il prétend enquêter sur une affaire de trafic de drogue, et demande à la jeune fille de présenter ses papiers d’identité qu’elle n’a pas sur elle, c’est pourquoi il la suit jusqu’à l’intérieur de son appartement pour continuer le « contrôle ».
Après avoir posé des questions sur ses parents afin de savoir quand ils rentrent, il attache la jeune fille à l’aide de câbles téléphoniques, la viole et la laisse cette fois-ci vivante, avant de voler de nombreux objets chez elle tels que des appareils photos, un magnétoscope, un lecteur CD et des CD. La jeune fille livre un portrait-robot qui est bien différent du premier réalisé suite au meurtre de la petite Cécile, ce qui perturbe légèrement l’enquête, notamment en raison de l’absence de boutons dans la description.
L’accusé comparaît devant le jury criminel, pour tentative de meurtre après avoir grièvement blessé sa victime à l’abdomen avec une arme à feu. La scène s’était déroulée en mai 2021, en pleine rue, non loin du centre commercial la Croix-Blanche.
L’accusé comparaît devant le jury criminel, pour tentative de meurtre après avoir grièvement blessé sa victime à l’abdomen avec une arme à feu. La scène s’était déroulée en mai 2021, en pleine rue, non loin du centre commercial la Croix-Blanche.
Bien plus tard, en avril 1994, Ingrid, une jeune fille âgée de 11 ans, circule à vélo à Mitry-Mory (Seine-et-Marne) et se fait kidnapper par un homme à bord d’une Volvo blanche, qui prétend être policier. Il lui indique qu’il doit l’amener au commissariat et lui passe les menottes, sous prétexte qu’elle n’a pas le droit de se trouver sur ce chemin à vélo. Il l’emmène à Saclay (Essone), à l’autre bout de la région parisienne, dans une ferme désaffectée, lui impose de nombreux sévices sexuels puis la viole. Lorsque l’homme quitte la ferme, la jeune fille parvient à s’échapper.
Il n’aurait « rien fait » de 1997 jusqu’à son suicide
Entre les premiers viols de 1986 et l’enlèvement de 1994, les policiers ont fait des rapprochements sur le mode opératoire du tueur qui approchait ses proies en se faisant passer pour un policier et qui les étranglait parfois avec la technique du garrot espagnol. Des premières déductions qui sont devenues par la suite une certitude grâce aux comparaisons ADN réalisées en 1996. Cette nouvelle technologie confirme que l’auteur de ces agressions est bel et bien le Grêlé.
C’est grâce à la génétique que les enquêteurs découvrent que le Grêlé n’est pas seulement un violeur et un tueur d’enfant, car son ADN apparait également sur les lieux d’un double homicide dans le Marais en avril 1987. Un père de famille d’une trentaine d’années mécanicien chez Air France et une fille au pair allemande ont été ligotés, torturés, brulés à la cigarette puis tués étranglés par le grêlé. Certains témoins révéleront pendant l’enquête que la jeune Allemande de 20 ans a été vue a plusieurs reprises avec un homme dont la peau du visage était grêlée, les enquêteurs soupçonnent que le grêlé et Irmgard Müller se fréquentaient.
Si les policiers ont des doutes sur de nombreuses autres agressions sexuelles qu’il aurait pu commettre, ces six-là sont les seules que les tests ADN lui imputent sans le moindre doute. Depuis 1994, François Vérove ne s’était pas montré à l’exception notable d’une participation au jeu télévisé « Tout le monde veut prendre sa place », alors présenté par Nagui. Sans sa lettre de suicide, il a déclaré n’avoir « rien fait » depuis 1997 après s’être « pris en main » et s’être fait « soigner ».