«Tentative de coup d’Etat» au Capitole : Trump «au centre» d’un complot «pas terminé», conclut une enquête accablante

0
133

L’assaut du Capitole a été la « culmination d’une tentative de coup d’Etat » : un an et demi après les événements du 6 janvier 2021 qui ont choqué le monde, une commission d’enquête parlementaire a placé jeudi Donald Trump au centre d’un « complot » visant à le maintenir au pouvoir. Une foule déchaînée dans les couloirs du Congrès américain

, des élus rampant au sol avec des masques à gaz… Les manifestants ont pris d’assaut le siège du Parlement cette journée après « les encouragements » de l’ancien président, a déclaré Bennie Thompson, le chef de la commission, en ouverture d’une série d’auditions censées prouver l’existence d’une campagne délibérée pour renverser le résultat de la présidentielle de 2020, remportée par Joe Biden. « Le 6 janvier a été la culmination d’une tentative de coup d’Etat », a affirmé Bennie Thompson lors de cette audition de près de deux heures. « Donald Trump était au centre de ce complot ». Depuis près d’un an, ce groupe d’élus — sept démocrates et deux républicains — a entendu plus de 1.000 témoins dont deux enfants de l’ancien président et épluché 140.000 documents pour faire la lumière sur les faits et gestes précis de Donald Trump avant, pendant et après cet événement qui a fait trembler la démocratie américaine. « Le président Trump a convoqué la foule, rassemblé la foule et allumé la mèche de cette attaque », a assené Liz Cheney, une des rares élues républicaines ayant accepté de siéger dans cette commission. « Zone de guerre » Pour appuyer ses conclusions, la commission du « 6 janvier » a diffusé des images inédites et extrêmement violentes de cette froide journée d’hiver lors de laquelle des milliers de partisans de Donald Trump s’étaient réunis à Washington pour dénoncer le résultat de l’élection de 2020. Ces vidéos montrent une marée humaine prenant d’assaut le siège du Congrès, s’attaquant à des policiers, appelant à « pendre » le vice-président Mike Pence, et un manifestant lisant des tweets de Donald Trump au mégaphone au milieu d’une foule en délire. « Ce n’était en rien une visite touristique au Capitole », a lancé Bennie Thompson en allusion à ceux chez les républicains qui ont brandi cet argument. Superposées à certaines de ces images, un montage de Donald Trump qualifiant ses manifestants de « pacifiques » et assurant qu’il y a « de l’amour dans l’air ». La commission a aussi reçu le témoignage d’une policière, Caroline Edwards, la première membre des forces de l’ordre à avoir été blessée par les émeutiers le 6 janvier, comparant les abords du Capitole à « une zone de guerre ». « Je glissais sur le sang des gens », « c’était un carnage, c’était le chaos », a confié la policière. L’auteur de documentaire Nick Quested, dont l’équipe suivait la milice d’extrême droite des « Proud Boys » pendant l’assaut, a lui confié avoir été choqué par la « colère » qu’il a vue parmi les membres du groupe. Les images de cette audition ont été retransmises en direct par de nombreuses chaînes d’information en continu mais boudées par les médias les plus conservateurs, nouvelle illustration de la profonde ligne de fracture politique qui divise les Etats-Unis. « N’importe quoi » L’audition, méticuleusement organisée et calibrée pour sa retransmission télévisée, était la première opportunité pour la commission de présenter au public ce qu’elle a appris. Sa mission centrale était de tenter d’identifier les catalyseurs de la violence de cette journée sans précédent. Mais les enquêteurs ont également été chargés d’évaluer l’étendue des nombreuses tentatives suspectes de Donald Trump de s’accrocher au pouvoir, et la manière dont elles ont contribué à l’effusion de sang. Ont été projetés jeudi soir des extraits d’entretiens enregistrés avec des responsables de l’administration Trump et de son équipe de campagne, qui ont dit aux membres du cercle restreint de l’ex-président que rien ne justifiait de renverser les résultats de l’élection. Le ministre de la Justice sous Trump, Bill Barr, est ainsi montré disant aux enquêteurs que les allégations de fraude du président défait, impliquant de supposées machines à voter manipulées, étaient « absolument n’importe quoi ». La fille et ancienne conseillère de M. Trump, Ivanka Trump, parlant pour la première fois des allégations de fraude, a elle été montrée disant qu’elle « acceptait » leur rejet par M. Barr. En l’absence de pouvoirs de poursuite réels – le ministère de la Justice mène une enquête criminelle parallèle – la commission considère que son travail consiste à condamner M. Trump devant le tribunal de l’opinion publique. La démocratie « en danger » Car un an et demi après l’assaut du Capitole, des millions de partisans de Donald Trump restent fermement convaincus que l’élection de 2020 fut entachée de fraudes. Et ce malgré les innombrables preuves du contraire. Le principal intéressé, Donald Trump, a une nouvelle fois fait jeudi l’éloge de cette journée, assurant que l’assaut du Capitole était le « plus grand mouvement de l’Histoire pour rendre à l’Amérique sa grandeur ». La commission parlementaire juge son enquête essentielle afin de garantir que l’un des épisodes les plus sombres de l’histoire américaine ne se répète jamais, malgré des menaces bien réelles. « Notre démocratie est toujours en danger. Le complot visant à contrer la volonté du peuple n’est pas terminé », a alerté Bennie Thompson. La majorité des républicains rejettent ses travaux, le chef des conservateurs à la Chambre des représentants, Kevin McCarthy, dénonçant la commission « la plus politique et la moins légitime de l’histoire des Etats-Unis ». Son parti a d’ores et déjà promis d’enterrer les travaux de cette commission s’il venait à prendre le contrôle de la Chambre lors des législatives de mi-mandat en novembre. L’élue conservatrice Liz Cheney, devenue la bête noire de l’ancien président pour avoir été une des rares voix du Grand Old Party à oser ouvertement le critiquer, a pris directement ses collègues républicains à partie : « Le jour viendra où Donald Trump partira, mais votre déshonneur restera ».

Démarrer la conversation


LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici