De manière spontanée, des rassemblements se sont organisés dans les rues de nombreuses villes françaises jeudi soir, après le déclenchement du 49.3 par Elisabeth Borne pour faire adopter la réforme des retraites. D’abord pacifiques, ils ont par la suite été émaillés de violences et dégradations.
Un 49.3 et des contestations. Deux heures après l’annonce de l’utilisation de cet outil par la Première ministre Élisabeth Borne pour faire passer la si décriée réforme des retraites, plusieurs manifestations spontanées se sont organisées à travers le pays jeudi soir.
· Violences aux abords de la Concorde à Paris
À Paris, plusieurs milliers de personnes se sont réunies sur la place de la Concorde pour un rassemblement pacifique émaillé, plus tard dans la soirée, de violences et dégradations.
Aux alentours de 20h, les autorités ont fait évacuer l’immense place parisienne en raison d’un départ de feu au niveau du chantier de restauration de l’obélisque. La manifestation s’est dispersée et de nombreuses dégradations ont alors été commises au long de la soirée, avec des départs de feu dans les quartiers voisins.
Des poubelles ainsi que plusieurs véhicules ont été incendiés et 217 personnes ont été interpellées selon la préfecture.
« Plusieurs départs de feu » ont été signalés dans les rues alentours, avec notamment des poubelles ou du mobilier urbain incendié, a confirmé la préfecture. Les pompiers ont dû intervenir à plusieurs reprises afin de circonscrire les différents foyers.
• Feux de poubelles et cocktails Molotov à Nantes
La contestation ne s’est pas bornée aux rues parisiennes. À Nantes, environ 3 500 personnes étaient rassemblées en début de soirée, selon la police, et l’ambiance s’est rapidement détériorée.
Des manifestants ont mis le feu à des poubelles et à de nombreux tas d’ordures non ramassés par les éboueurs en grève, dans le centre-ville. Des jets de cocktails Molotov, des tirs de mortier tendus vers les forces de l’ordre ainsi qu’un assaut des manifestants ont pu être observés.
Les forces de l’ordre ont fait usage de gaz lacrymogène pendant plus d’une heure pour tenter de disperser le cortège. Plus d’une dizaine de vitrines de commerces ont été endommagées, selon un photographe.
« 49.3, on n’en veut pas », ont scandé les manifestants, qui ont aussi écrit des tags comme « Brûlons Matignon », « la colère est à son comble », ou encore « Démocratie = cause toujours ».
• Des boutiques saccagées à Marseille
Dans les rues marseillaises, plusieurs boutiques ont été saccagées dans le sillage de la manifestation organisée après l’annonce par le gouvernement.
Après avoir fracassé la vitrine d’une agence de la Caisse d’Epargne, sur la Canebière, et aspergé de peintures plusieurs façades de boutiques de cette célèbre avenue, les manifestants ont saccagé au moins une dizaine d’autres boutiques vers la rue Saint-Ferréol, la principale rue commerçante de la cité phocéenne.
Ils ont notamment ciblé d’autres agences bancaires, comme celles de la BNP Paribas ou de LCL, des boutiques de téléphonie, de produits électroniques (Boulanger) ou de vêtements (Zara, Camper, Richelieu, Pimkie).
Ces dégradations ont notamment été le fait de groupes de jeunes, parfois masqués, aux cris de « Tout niquer devient vital », « à bas l’Etat, les flics et le patronat », « Fuck la bourgeoisie », ou encore « on va tout péter », « brûlons tout », « Marseille debout, soulève toi! »
Sur la Canebière, les manifestants avaient également mis le feu à des poubelles ou des conteneurs à ordures, ou improvisé des barrages avec des barrières de travaux, avant d’être dispersés par les forces de l’ordre avec des gaz lacrymogènes.
• Feux et mortiers à Rennes
A Rennes, « de multiples enseignes ont été dégradées dans le centre-ville et 26 feux ont été éteints par le SDIS », a indiqué dans la soirée la préfecture d’Ille-et-Vilaine, précisant qu' »un groupe de 300 ultras, déterminés » poursuivait « ses exactions. » Huit personnes ont été interpellées et mises en garde à vue.
La maire socialiste de Rennes Nathalie Appéré a évoqué des violences « sidérantes » sur Twitter.
« Notre ville est ce soir le théâtre de violences urbaines sidérantes. J’ai activé en début de soirée la cellule de crise municipale », a indiqué la maire, preuve des violences qui secouaient la capitale bretonne et des actes de vandalisme, comme le pillage d’un magasin de vêtements dans une vidéo circulant sur les réseaux sociaux.
« Notre ville ne peut être abandonnée à la violence des casseurs », a-t-elle encore dit, rappelant avoir réclamé des renforts policiers.
Vers 19h, plusieurs centaines de jeunes s’étaient rassemblés place Sainte-Anne dans le centre historique et avaient commencé à allumer des feux. Des forces de l’ordre ont tenté de les éteindre et ont utilisé des gaz lacrymogènes pour disperser les protestataires, a constaté un journaliste de l’AFP.
Extrêmement mobiles, les manifestants ont allumé plusieurs feux, dégradé du mobilier urbain, effectué des tirs au mortier d’artifice et s’en sont pris à un hôtel. « Un gérant du Mama Shelter, hôtel de luxe ciblé par les ultras, fait état de 5 victimes au sein de son personnel », selon la préfecture.
« Les vitres de la mairie ont été dégradées », a indiqué la préfecture. « Des personnes ont été molestées. L’Hôtel de ville a été pris pour cible à de nombreuses reprises », a également ajouté Nathalie Appéré. Le préfet d’Ille-et-Vilaine a condamné « avec la plus grande fermeté ces actes intolérables ».
• La mairie de Lyon dégradée
Dans les rues de la capitale des Gaules, 1 500 personnes disséminées dans différents groupes violents se sont réunies, selon les chiffres communiqués par la Préfecture du Rhône à BFM Lyon.
Aux alentours de 21h30, 200 à 300 personnes mobiles étaient encore dans les rues, selon les autorités. Au total, quatre personnes ont été interpellées après les manifestations, indique la préfecture du Rhône.
Lors du passage de l’un de ces groupes près de l’Hôtel de Ville, les vitres de la mairie centrale ont été dégradées. La police a fait usage de gaz lacrymogène pour disperser les foules.