Ne pas assumer seul la responsabilité de futurs blocages à l’Assemblée nationale. Après un remaniement qui ne change guère la donne politique, Emmanuel Macron veut renvoyer les oppositions dans les cordes.
« Il convient de prendre acte du refus des partis de gouvernement » de participer à « un accord de gouvernement ou à toute forme de coalition » a assuré le président ce lundi après-midi, lors du début du premier Conseil des ministres depuis le second tour des législatives le 19 juin dernier.
Refus en bloc d’une coalition
Pour sortir de la crise politique liée à l’absence de majorité absolue au Palais-Bourbon, l’Élysée a joué son va-tout le 22 juin dernier. Emmanuel Macron avait alors posé sur la table deux options lors d’une allocution à l’Élysée, proposant une « coalition de gouvernement » ou le vote « simplement de certains textes », donnant rendez-vous à son retour de Bruxelles, deux jours plus tard. Mais les oppositions avaient dit toutes dit non.
Aurélien Pradié, député LR du Lot et numéro 2 du parti avait assuré « ne pas avoir les mêmes convictions » qu’Emmanuel Macron tandis que Valérie Rabault, élue socialiste à l’Assemblée nationale dénonçait « un président au pied du mur ».
Trois jours plus tard, le président tentait à nouveau sa chance. Dans un long entretien à l’AFP, il faisait savoir qu’il allait charger Élisabeth Borne de sonder les groupes politiques à l’Assemblée nationale sur un « accord de gouvernement ». Avec cependant une limite: « le RN et LFI s’inscrivent pas comme des partis de gouvernement », assurait encore le locataire de l’Élysée.
Des futurs projets de loi à faire voter aux forceps
Mais la Première ministre n’a pas réussi là où Emmanuel Macron avait échoué. Ni Olivier Marleix, le président du groupe LR, ni Boris Vallaud, le patron des socialistes à l’Assemblée ni les écologistes par la voix de Julien Bayou n’ont accepté de participer à une coalition.
À deux jours du discours de politique générale de la cheffe du gouvernement qui a décidé de ne pas se soumettre à un très risqué vote de confiance, Emmanuel Macron prépare donc le terrain d’un éventuel blocage législatif. Deux textes sensibles arriveront dans les prochaines semaines à l’Assemblée nationale: d’abord, celui contre le Covid-19 et un autre sur le pouvoir d’achat. Autant dire que si ces deux projets de loi ne sont pas adoptés, l’exécutif compte bien faire porter la responsabilité sur les oppositions.