La Confédération des buralistes s’est opposée à la commercialisation de « Sniffy » et le ministre de la Santé a annoncé ce samedi souhaiter son interdiction « dès que l’on peut ».
« Une poudre blanche qu’on inhale par le nez ? Bien que cela puisse évoquer le plaisir interdit, c’est totalement conforme à la loi. » Sur son site Internet, Sniffy l’assure, sa poudre blanche est légale, contrairement à la cocaïne. Les deux substances se présentent pourtant sous la même forme et sont inhalées de la même façon : en les sniffant, comme le nom du produit l’indique.
Cette poudre énergisante est vendue depuis quelques jours dans certains bureaux de tabac et sur Internet. Elle est présentée comme un « complément alimentaire », se décline en cinq saveurs et agit – avec effet immédiat – pendant 20 à 30 minutes.
Sniffy assure que le produit est idéal pour rester éveillé ou concentré. Il contiendrait 90 % d’éléments naturels. La substance est composée notamment de caféine, de créatine ou de taurine (présente dans certaines boissons énergisantes). Question santé, il est recommandé de ne recourir à cette poudre – interdite aux mineurs – « que lorsque tu en as besoin », est-il écrit sur le site de la marque. La dose maximale quotidienne serait de deux grammes et une consommation excessive entraîne des risques d’effets indésirables.
Vers son interdiction prochaine ?
« C’est rageant de voir ce genre de produits proposés à la jeunesse », a réagi samedi matin, au micro de franceinfo Frédéric Valletoux, ministre délégué chargé de la Santé et de la Prévention. Il assure avoir découvert l’existence de ce qu’il qualifie de « cochonnerie » il y a « 48 heures » et souhaite l’interdire « dès que l’on peut ». « Je vais voir très vite avec les services, dès ce week-end », promet-il.
Les projecteurs sont braqués vers ce produit inventé par Highbuy, spécialiste marseillais du CBD, depuis l’émission « La grande semaine », diffusée sur M 6. Interrogé par 20 minutes, le concepteur de Sniffy était lui-même surpris que sa poudre ait été commercialisée dans un bureau de tabac parisien. Étonnamment, il n’a pas souhaité indiquer son nom au média. Il a reconnu que le produit pouvait « choquer les gens », que « l’amalgame » sur le mode de consommation était possible, tout en niant toute incitation.
« Banalisation de la cocaïne »
Pourtant, Sniffy a logiquement fait bondir les spécialistes en addictologie. Au micro de BFMTV, le président de la Fédération française d’addictologie, Amine Benyamina, avait déjà réclamé son interdiction par les pouvoirs publics.
Dans un article publié sur le site d’Addictions France, Bernard Basset, président de l’association, déplore la « promotion publicitaire » et la « banalisation du geste (sniff), de l’apparence (poudre blanche), des motivations pour le consommer (booster son énergie, faire la fête) » : « Sniffy n’est pas de la cocaïne, mais il y ressemble tellement qu’il banalise indirectement son usage », écrit-il. Selon l’organisation, les différentes saveurs sucrées « attireront les plus jeunes ».
Addictions France assurent également que les buralistes vont « contribuer à la banalisation de la cocaïne dans notre univers », via la commercialisation de cette poudre blanche. Si le mélange est désormais trouvable, la Confédération des buralistes assure que « plus de 90 % du réseau refusent la commercialisation de ce produit ». « Nous ne bradons pas notre éthique », écrit-elle sur ses réseaux sociaux. L’organisation indique avoir saisi les autorités au sujet d’un produit déjà polémique.