C’est le début officiel de la campagne électorale au Brésil. Au centre celle-ci, il y aura deux grands favoris : Lula contre Jair Bolsonaro. Une dizaine d’autres candidats semblent faire de la figuration à côté de ces deux candidats.
Les deux favoris sillonnent déjà le pays depuis plusieurs semaines pour aller au contact des électeurs, mais la campagne officielle, avec meetings et distribution de tracts, n’est autorisée qu’à partir de ce mardi 16 août. Les spots télévisés ne seront diffusés qu’à partir du 26 août.
Jair Bolsonaro a choisi de revenir dans la petite ville de Juiz de Fora pour lancer sa campagne officielle. Le président sortant d’extrême droite, candidat à sa réélection, a voulu pousser la symbolique jusque dans les moindre détails : il prononcera son discours sur une estrade installée sur le même carrefour où il avait été poignardé par un déséquilibré lors d’un bain de foule, le 6 septembre 2018.
Cet ancien capitaine de l’armée nostalgique de la dictature militaire, aujourd’hui âgé de 67 ans, a multiplié les bravades contre les institutions, notamment la Cour suprême. Méprisant les médias traditionnels, il a boudé les canaux de communication habituels, préférant parler directement à ses millions d’abonnés sur les réseaux sociaux, dont il est un utilisateur avide.Son style provocateur et musclé plaît à son noyau dur de partisans, mais ses nombreux dérapages ont inspiré au fil des mois un fort rejet de la part de l’électorat plus modéré.
Lula revient de loin
Quant à Lula da Silva , il doit se rendre au syndicat des métallos, où il a commencé sa carrière politique dans la banlieue de São Paulo. Le héros de la gauche brésilienne et fondateur du PT revient de loin. Condamné pour corruption en 2017, emprisonné un an et demi, banni de la présidentielle en 2018, il a vu l’horizon se dégager en mars 2021 après l’annulation de ses condamnations par la Cour suprême. Fin avril 2022, le Comité des droits de l’Homme de l’ONU a conclu que l’enquête et les poursuites engagées contre Lula avaient violé son droit à être jugé par un tribunal impartial.
Recouvrant ses droits politiques, ce leader -que beaucoup pensaient fini- va tenter de se faire élire à la fonction suprême, douze ans après avoir quitté le pouvoir.
Lula reste perçu comme « près du peuple » et est toujours très aimé, surtout dans les régions pauvres du Nord-Est. Mais il est tout aussi farouchement détesté par une partie des Brésiliens.
Si tout oppose ces deux candidats, Jair Bolsonaro et Lula devraient se retrouver en fin de journée pour assister à la prise de fonction du nouveau président du Tribunal supérieur électoral : Alexandre de Moraes, qui est souvent pris pour cible par Jair Bolsonaro qui a demandé sans succès sa destitution l’an dernier. Il lui reviendra d’assurer le bon déroulement des élections. Une tâche qui s’annonce difficile, dans une ambiance survoltée.
Lundi soir, un sondage de l’institut Ipec donnait une avantage confortable à l’ex-président de gauche, avec 44% des intentions de vote au premier tour, contre 32% pour le chef de l’Etat actuel.
(Et avec AFP)