Présidentielle 2027 : Laurent Wauquiez se dit « prêt »

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©PHOTOPQR/LE PROGRES/Maxime JEGAT - Chassieu 23/01/2023 - Deuxième journée du Bocuse d'Or à Lyon le 23 janvier 2023 -Laurent Wauquiez, président région Auvergne Rhône-Alpes, en marge de la cérémonie de remise de prix du Bocuse d'Or dans le cadre du salon Sirha au parc des expositions d'Eurexpo à Chassieu près de Lyon. Le Bocuse d'Or est un des plus prestigieux concours mondial de gastronomie organisé tous les deux ans. (MaxPPP TagID: maxnewsworldfive876124.jpg) [Photo via MaxPPP]

Devant les jeunes LR réunis à Valence, le président d’Auvergne-Rhône-Alpes a détaillé son « cap » pour « reconstruire » le pays et sa méthode pour parvenir à l’Élysée. Avec un projet : « la promesse d’une réconciliation française ».

Il est convaincu de pouvoir remporter la prochaine élection présidentielle. Reste désormais à convaincre les Français. Dimanche, au campus des jeunes LR à Valence, Laurent Wauquiez, accompagné de son épouse, organisait sa rentrée politique nationale. Une entrée sur « Robot Rock » de Daft Punk et un discours de 45 minutes pour rassurer son parti sur sa stratégie qui doit, espère-t-il, l’emmener à l’élection présidentielle de 2027. « J’y suis prêt », appuie-t-il devant 600 personnes, même si beaucoup de ténors n’ont pas fait le déplacement. S’il en convient, le défi est « immense » et « la route encore longue », le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes se montre convaincu qu’elle peut le « mener », à l’Élysée.

Alors que beaucoup de ses amis, à commencer par le président des Républicains Éric Ciotti présent dans la salle, le pressaient d’intervenir davantage, Laurent Wauquiez justifie son relatif silence sur la scène médiatique, en voulant emprunter « un autre chemin », loin « du brouhaha et du tumulte, pour entendre et comprendre le pays profond, pour tracer des voies nouvelles ».

« Certains se demandent pourquoi je n’ai pas la bougeotte, pourquoi je ne monopolise pas les micros, pourquoi je ne cours pas les plateaux », répond celui qui entend s’imposer comme le « candidat naturel » des Républicains, même s’il reste largement distancé dans les sondages. « Bien sûr je vois, bien sûr j’entends, et j’observe comme vous, l’agitation dans les couloirs, les petites phrases et les petits calculs, les jeux de rôle et les maigres calculs », déroule l’élu pour qui les « polémiques picrocholines » et les « indignations feintes », auxquelles il a pu participer par le passé, font perdre « de vue l’essentiel ».

« Un autre chemin »

« Prendre de la hauteur est plus indispensable que jamais », insiste le président de région qui multiplie les immersions sur le terrain ces derniers mois. « Demain, ce n’est pas de politiques qui parlent plus dont on aura besoin, c’est de politiques qui agissent mieux », se justifie encore le président de région qui croit à la possibilité de bâtir « une France des régions heureuses ». Une formule qu’il martèle à six reprises pour souligner le projet qu’il entend promouvoir, des métropoles aux territoires ruraux, en s’adressant « à la France qui travaille ».

Pour arriver à son objectif, Laurent Wauquiez veut expérimenter « un autre chemin » qu’il est venu expliquer devant les militants, convaincus que « 2027 ne sera pas une élection présidentielle comme une autre ». Premièrement, parce qu’Emmanuel Macron ne pourra pas se représenter. Que feront alors ses électeurs, en particulier ceux venus de la droite ? Ensuite, parce qu’« En 2027, cela fera 20 ans que notre famille n’a pas remporté une élection présidentielle », rappelle le président de la région Auvergne – Rhône-Alpes. Enfin, parce que « ce sera l’heure du grand choix pour notre pays », estime-t-il résumant l’équation entre le « déclin » ou le « sursaut ».

Une motion de censure si…

Devant de tels enjeux, Laurent Wauquiez presse la droite de « se réinventer » alors qu’on reproche souvent à LR d’avancer toujours les mêmes solutions. Selon lui, les Républicains doivent rester « fidèles » à leur histoire, en incarnant « une opposition utile » pour « l’intérêt supérieur de la Nation ». Un message glissé aux parlementaires, jusqu’à certains de ses fidèles tentés de bloquer le budget du gouvernement. « Dans notre famille, on ne dépose pas des motions de censure à tout-va pour le simple fait de faire tomber un gouvernement prenant ainsi le risque d’ajouter au chaos et au désordre », pointe-t-il très applaudi par la salle.

Par contre, l’ex président de LR invite sa famille politique à refuser un texte qui « (heurterait) frontalement ce qui représente pour nous le cœur de l’intérêt national ». Alors juge-t-il, « notre devoir serait de nous y opposer de toutes nos forces et par tous les moyens institutionnels ». Manière de prévenir le gouvernement, comme Éric Ciotti l’a fait dans nos colonnes ce dimanche, qu’un projet de loi sur l’immigration qui permettrait des régularisations, y compris dans les métiers en tension, rencontrerait l’opposition ferme de LR. Avec le risque in fine d’une motion de censure.

« Osons imaginer un autre modèle »

Mais Laurent Wauquiez joue surtout l’après quinquennat, consacrant, dit-il, toute son « énergie » pour conduire sa famille politique « vers un grand succès collectif ». « LR pense que la vie politique reviendra à la normale après Macron mais la normale c’est maintenant ! », fait valoir un proche du chef de l’État, alors que LR n’a remporté que 4,78 % des suffrages à la dernière présidentielle. Laurent Wauquiez le sait. Pour gagner la présidentielle, il faudra parvenir à « rassembler », au minimum, le bloc central, des électeurs macronistes aux Républicains sans s’aliéner le soutien des soutiens d’Éric Zemmour et Marine Le Pen.

« Osons imaginer un autre modèle », développe Laurent Wauquiez, en voulant « renverser la table » – par exemple sur « les services publics de proximité » et l’écologie – et « rassembler tous ceux qui veulent aller chercher le sursaut du pays ». À ses yeux, « faire barrage aux « populismes » ne pourra suffire comme projet politique.

« Il faut sortir la politique française de cette confrontation funeste entre bloc élitaire et bloc populaire », poursuit-il en reprenant les termes du politologue Jérôme Sainte-Marie (aujourd’hui soutien du RN) utilisé pour définir la confrontation électorale en 2017. « Il n’y a pas une France progressiste et une France populiste, une France raisonnable et une France déraisonnable, une France moderne et une France moisie : il y a la France », juge-t-il en reprenant les conseils de Nicolas Sarkozy de s’adresser à l’ensemble du pays. Au-delà des clivages partisans, Laurent Wauquiez met en avant « la promesse d’une réconciliation française » en s’attaquant aux « nœuds gordiens » – « l’État profond », « la machine bureaucratique », « l’autonomisation de l’administration », etc.

Alors que Nicolas Sarkozy a souvent indiqué que les Français s’intéresseraient à un candidat aux multiples « cicatrices », qu’ils ont appris à détester comme à aimer, Laurent Wauquiez, qui en vient un peu à parler de lui-même et de son parcours, rappelle avoir « connu les joies des victoires » comme « l’amertume des défaites », qui font apprendre. « Je mesure l’ampleur de la tâche », prévient Laurent Wauquiez, « la seule règle c’est de ne pas renoncer », en concluant sur sa « détermination » pour gagner le pari. « Tenez-vous prêt », enjoint-il. Et de reprendre le leitmotiv victorieux de Nicolas Sarkozy : « J’ai besoin de vous ». Les Français suivront-ils ?

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