Premier jour de liberté pour Pierre Alessandri, condamné pour l’assassinat du préfet Erignac

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Détenu depuis 24 ans pour l’assassinat du préfet Claude Erignac, Pierre Alessandri va pouvoir sortir librement de la prison de Borgo. Son régime de semi-liberté, accordé par la justice fin janvier, débute ce lundi 13 février. Concrètement, l’homme aujourd’hui âgé de 64 ans va pouvoir sortir la journée et devra retourner dormir en prison le soir.

Pierre Alessandri a été condamné en 2003 à la réclusion criminelle à perpétuité pour l’assassinat du préfet Claude Erignac assortie d’une période de sûreté de 22 ans. Cette période a pris fin en 2017, date depuis laquelle celui qui a été reconnu coupable d’avoir fait partie du commando Erignac était libérable.

Trois demandes et de nombreux refus

Depuis cette date, Pierre Alessandri a fait trois demandes d’aménagement de peine. À l’époque, il était incarcéré en métropole. Son projet était alors de retourner auprès de sa famille en Corse, pour pouvoir travailler sur place et rentrer à la prison de Borgo le soir. Problème: Pierre Alessandri comme Alain Ferrandi et Ivan Colonna étaient sous le statut de détenu particulièrement signalé.

Ses premières demandes d’aménagement de peine sont alors refusées en raison de ce statut. La prison de Borgo n’étant pas équipée pour accueillir ce type de détenu, pour lesquels les mesures de surveillance sont renforcées. Pendant plusieurs années consécutives, une commission locale s’était pourtant prononcée en faveur de la levée de ce statut pour Pierre Alessandri et Alain Ferrandi.

La violente agression qui a conduit à la mort d’Yvan Colonna par un autre détenu au sein de la maison centrale d’Arles a accéléré les choses. Le 11 mars 2022, dans un contexte de violentes manifestations en Corse, le Premier ministre de l’époque Jean Castex annonce la radiation du répertoire des « détenus particulièrement signalés » de Pierre Alessandri et Alain Ferandi, ouvrant ainsi la voie à un transfert des deux détenus vers la Corse. Mi-avil, ils quittent le centre pénitentiaire de Poissy dans les Yvelines pour rejoindre celui de Borgo.

« Principe de neutralité »

Dans la foulée, une nouvelle demande d’aménagement de peine est déposée par Pierre Alessandri. Le 12 mai, le tribunal d’application des peines anti-terroriste lui accorde, mais pour la troisième fois, le parquet national anti-terroriste fait appel. La cour d’appel avait infirmé la décision de première instance, mettant en avant les risques de troubles à l’ordre public » que faisait courir une éventuelle liberté conditionnelle, et « l’atteinte grave à la nation » qu’avait provoquée l’assassinat du préfet.

Cet arrêt a été cassé fin 2022 par la Cour de cassation estimant qu’il n’était pas assez motivé. Le 31 janvier dernier, la cour d’appel de Paris, à nouveau saisie de cette demande d’aménagement de peine, a donné raison à Pierre Alessandri. Si pendant un an, le sexagénaire respecte les modalités constituant son aménagement de peine, il bénéficiera d’une libération conditionnelle.

« Nous avons une cour d’appel qui pour la première fois a appliqué stricto sensu le droit sans tenir compte du caractère politique de ce dossier, s’est félicité auprès de BFMTV.com Me Éric Barbolosi, l’avocat d’Alessandri. Pour la première fois, l’État a adopté un principe de neutralité. »

Une nouvelle décision attendue pour Alain Ferrandi

Ces différentes décisions de justice interviennent dans un contexte de reprise des discussions entre le gouvernement et les autorités corses. Alors que la mort d’Yvan Colonna avait provoqué de violentes manifestations sur l’île, les tensions se sont apaisées avec ces négociations. Le 15 mars 2022, dans le journal Corse-Matinle ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin avait annoncé que le gouvernement était « prêt à aller jusqu’à l’autonomie ».

Ces discussions devaient aboutir à un nouveau statut de la Corse à l’été 2022. Mais depuis le 22 juillet 2022 et la dernière visite d’un membre du gouvernement en Corse, le processus est au point mort. Deux visites de Gérald Darmanin, en octobre et en décembre dernier, ont été annulées « considérant que le climat n’était pas favorable aux échanges ». La « jeunesse clandestine corse », suivant les pas du FLNC, a revendiqué 17 attentats, comme le cite Le Figaro.

Présent à Ajaccio le 6 février pour commémorer les 25 ans de l’assassinat de Claude Erignac, le ministre de l’Intérieur a appelé à « écrire une nouvelle page » dans l’histoire des relations entre l’île et la métropole. Une réunion à Beauvau le 24 février du comité stratégique sur l’avernir institutionnel de la Corse a été proposée à Gilles Siméoni, président du Conseil exécutif de Corse, et Marie-Antoinette Maupertuis, la présidente de l’Assemblée de Corse.

La veille, le tribunal d’application des peines anti-terroristes doit prononcer sa décision concernant la troisième demande d’aménagement de peine d’Alain Ferrandi.

Article original publié sur BFMTV.com

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