Samedi en fin d’après-midi, une foule importante d’habitants a salué la rénovation de l’édifice religieux de Seine-Saint-Denis datant du XVIIe siècle. Une cérémonie qui intervenait alors que le curé de la paroisse, sous le coup de deux enquêtes, vient d’être suspendu de sa charge.
Une nouvelle page s’ouvre et elle est déjà entachée. Alors qu’une messe célébrait ce week-end la fin de trois ans de rénovation à l’église Saint-Germain-l’Auxerrois de Pantin (Seine-Saint-Denis), on apprend que le curé de la ville, le père Jacques Gagey, vient d’être suspendu de sa charge, il y a seulement quelques jours.
Selon le quotidien catholique La Croix, l’homme de 69 ans serait sous le coup de deux enquêtes, l’une canonique et l’autre judiciaire. On lui reprocherait des agressions sexuelles commises sur des jeunes femmes majeures, entre 1993 et 2002. Contacté ce dimanche, le diocèse de Saint-Denis n’a pu être joint. Samedi après-midi, l’évêque de Saint-Denis, Pascal Delannoy, était bien présent pour célébrer cette inauguration. Mais il n’a pas évoqué le sujet.
À lire aussi«Ça fait 50 ans qu’on attend ça» : l’église de Pantin, en cours de rénovation, dévoile ses trésors
Hasard du calendrier, ces accusations interviennent alors que l’édifice religieux datant de 1664 rouvrait aux fidèles samedi. Durant les travaux, les messes étaient célébrées à l’école Saint-Joseph La Salle, « dans des conditions parfois difficiles », a concédé l’évêque. Une importante foule d’habitants était venue pour l’occasion. « Elle avait bien besoin de ces travaux, souffle Annick, qui habite du quartier des Quatre-Chemins. Et on a bien de la chance qu’elle n’ait jamais été transformée en hôtel, ou en discothèque, comme à certains endroits… »
Un bâtiment sauvé in extremis de la destruction
Environ 7,5 millions d’euros ont été investis (dont une grande partie par la mairie) pour rénover Saint-Germain-l’Auxerrois, qui avait été sauvée in extremis de la destruction à la fin des années 1970, grâce la mobilisation des fidèles puis à son classement à l’inventaire des monuments historiques en 1978. « C’était une ruine, ça faisait vraiment de la peine » s’exclame Nacer, qui habite le centre-ville. Ce musulman « féru d’architecture et de patrimoine », tenait à être présent pour cette cérémonie.
Le maire (PS) de la ville, Bertrand Kern, avait lui ouvert la cérémonie d’inauguration en rappelant que l’église de Pantin « est connue de toute la région parisienne »… Mais surtout grâce à l’arrêt de métro situé juste devant elle, ouvert en 1942 sur la ligne 5, et qui porte son nom. « Demain, j’espère que l’église sera désormais connue grâce à la beauté de ce bâtiment. » On imaginait mal, alors, que la réputation de l’édifice soit déjà ternie par les accusations portées à l’encontre de son ancien curé.