« Porter une arme, c’est un délit » : Paris veut lutter contre le port d’armes blanches chez les jeunes

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Paris, France Lundi 27 janvier 2025 Illustration port de couteaux La législation considère des couteaux comme des armes blanches de catégorie D, par conséquent leur port et leur transport ne sont pas autorisés. Un flou juridique entoure, en revanche, le port et le transport des couteaux de poche.

Face à l’augmentation des saisies d’armes blanches et des incidents violents impliquant des jeunes, les autorités parisiennes lancent un plan de prévention pour éradiquer le phénomène.

Un collégien ou un lycéen avec un couteau dans son sac ou dans sa poche, voilà ce que les autorités parisiennes ne veulent plus voir. Ce mardi soir, une convention a été signée par la préfecture de police, le parquet de Paris, la Ville mais aussi le rectorat pour mener un plan de prévention à destination des mineurs qui ont pris l’habitude de venir avec une arme blanche en se rendant au collège ou au lycée.

Une convention qui voit le jour alors que la part des mineurs parmi les mis en cause dans les faits de délinquance ne cessent de diminuer, passant de 21 % en 2019 à 10 l’an dernier. Pour autant, le port d’une arme blanche chez les jeunes ne faiblit pas. « C’est un problème qu’on souhaite traiter avec beaucoup d’efficacité parce que c’est une thématique inquiétante », rappelle le préfet de police de ParisLaurent Nuñez, lors d’une conférence de presse, annonçant que sur l’agglomération parisienne, 6 500 armes blanches ont été saisies en 2024, contre 6 000 l’année précédente.

La mort d’Elias dans toutes les mémoires

Des saisies qui permettent d’anticiper des drames, mais qui n’ont pas pu éviter les morts de deux mineurs dans la capitale en 2024, ni le meurtre du jeune Elias, 14 ans, tué pour avoir refusé de donner son téléphone en janvier dernier. Trois affaires qui impliquaient des armes blanches et qui rappellent les phénomènes des rixes entre bandes. « Dans 80 % des cas, les personnes impliquées sont mineures et l’âge moyen a baissé de 17 à 16 ans », alerte Laurent Nuñez.

« Porter une arme, c’est un délit. Et bien souvent, on a tendance à avoir le réflexe de la sortir face à une situation qu’on ne maîtrise pas. Des situations de faible gravité peuvent alors prendre des proportions énormes », poursuit Laure Beccuau, procureure de la République de Paris. Et le recteur de l’Académie Bernard Beignier d’appuyer : « Un ado n’a pas à avoir avec lui une arme blanche ou tout ustensile qui peut servir à tuer. Il n’y a aucun motif ! »

Pour certains jeunes, un objet de défense

Si « davantage de contrôles pour saisir des armes » auront lieu, plusieurs actions de sensibilisation et de prévention verront le jour prochainement dans la capitale. « Nous sommes confrontés à des jeunes qui disent porter ce type d’arme pour se défendre. Mais nous allons leur rappeler que c’est avant tout extrêmement dangereux », martèle le préfet de police.

Ainsi, parmi les mesures annoncées, un élève qui porterait sur lui une arme blanche sera traduit en conseil de discipline et pourra faire l’objet d’un signalement au parquet, annonce-t-on du côté du rectorat. De la prévention sera également faite auprès des parents à qui il peut arriver d’inciter leurs enfants à porter un tel objet sur eux.

Des flyers de ce type ont été imprimés pour sensibiliser à la dangerosité du port d'un couteau. LP / F.G
Des flyers de ce type ont été imprimés pour sensibiliser à la dangerosité du port d’un couteau. LP / F.G

Face à ce que Nicolas Nordman, adjoint de la maire de Paris en charge de la sécurité appelle « une banalisation de se munir d’une arme blanche », des formations ont déjà été proposées auprès de professionnels qui pourront ensuite porter ce message aux mineurs. « L’idée, c’est de multiplier ces moments d’échanges et de médiation. Car ils permettent de faire prendre conscience aux jeunes qu’avoir un couteau sur soi, c’est tout simplement dangereux et interdit », conclut Bernard Beignier.

Aussi, les effectifs des médiateurs présents aux abords des établissements scolaires parisiens, au nombre de 50 aujourd’hui, seront doublés. Des médiateurs qui, d’après Nicolas Nordman, ont permis d’éviter 40 rixes depuis 2022. Enfin, un appel a projets a été lancé sur le sujet et 200 000 euros seront alloués à ceux retenus.

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