Plusieurs collectifs de défense de l’environnement appellent à un « rassemblement festif et familial » ce dimanche, à Longueil-Annel. Objectif : faire pression sur la société du canal Seine Nord Europe qui entend ici « reboucher » un bras de l’Oise et abattre des arbres dès cet automne. Quatre mariniers sont également menacés d’expulsion.
C’est le premier caillou dans la chaussure du canal Seine-Nord depuis que le chantier s’est véritablement lancé au début de l’année. Ce dimanche, à Longueil-Annel (Oise), plusieurs collectifs de défense de l’environnement appellent à un « rassemblement festif et familial contre la destruction de la vieille Oise et de la forêt de l’écureuil ».
De quoi s’agit-il ? Dans le cadre des travaux du canal à grand gabarit, qui doit relier Compiègne au canal Dunkerque-Escaut, la société du canal Seine Nord Europe (SCSNE) prévoit de fermer ce bras de la « vieille Oise », à hauteur de Longueil-Annel, sur environ 400 m.
Le projet n’est pas nouveau. En dévoilant les détails du tracé du secteur 1 en 2019, la société expliquait déjà la nécessité de « reboucher » ce bras de rivière afin « d’éviter les courants perturbateurs » qui pourraient notamment mettre en danger les péniches qui y sont amarrées. Le porteur de projet met aussi en avant ses obligations de compensations environnementales qui seront réalisées sur ce site.
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Alors que pelleteuses et tronçonneuses pourraient entrer en action dès cet automne, au moins quatre mariniers présents sur la « vieille Oise » sont directement menacés d’expulsion à l’horizon 2025. Pris au dépourvu, ces derniers ont lancé le collectif « Les citoyens de l’eau », dont la pétition, intitulée « Qui rebouche une rivière sème la colère », a déjà recueilli ce jeudi plus de 21 000 signatures.
« Avec cette journée, on veut montrer la beauté de ce site et expliquer pourquoi on se bat pour ça, explique Hélène, à l’initiative du rassemblement. On a l’impression qu’ils ne respectent pas les petites gens. Le canal est un bulldozer qui écrase tout. »
« Pas de poissons dans un marécage »
Au-delà de ces expulsions programmées, les opposants s’inquiètent aussi du sort réservé à cet « îlot de biodiversité », qu’est le bois de l’écureuil. « Le sujet principal n’est pas notre expulsion mais le côté ubuesque de la situation : détruire une zone humide naturelle complètement autonome et en reconstruire une fausse, regrettent les Citoyens de l’eau. Pour survivre, nombre d’espèces, dont le Martin-pêcheur, ont besoin de poissons. Il n’y en aura pas dans un marécage. »
L’appel à la mobilisation a depuis été largement relayé, notamment par des sites classés à l’extrême gauche tels « InfosLibertaire.net » qui relaie les « actualités militantes et infos anarchistes » ou encore « Paris Luttes.info », site coopératif « d’infos et de lutte ». De quoi faire craindre aux organisateurs d’être « un peu dépassés par les événements », alors qu’une opposition au projet commence à timidement émerger dans l’Oise.