Le chercheur s’en est pris au maire socialiste de Saint-Ouen et s’est attiré les critiques d’une partie de la classe politique.
Le HuffPost
Mis à jour lun. 21 octobre 2024 à 6:31 AM UTC+2
POLITIQUE – Karim Bouamrane, un musulman d’apparence ? C’est en tout cas le qualificatif utilisé par le chercheur en géopolitique Pascal Boniface ce dimanche 20 octobre, après le passage sur France 2 du maire socialiste de Saint-Ouen, en Seine-Saint-Denis.
L’étoile montante de la gauche dont le nom a un temps circulé pour Matignon après les élections législatives était l’invité de Quelle Époque !, le magazine de Léa Salamé. Karim Bouamrane est notamment revenu sur la guerre entre Israël et le Hamas qui a selon lui été « importé en France à des fins électoralistes ».
Il reprend là les critiques faites à la France insoumise, membre de la coalition de gauche NFP comme le Parti socialiste. LFI dénonce ouvertement le Premier ministre Benjamin Netanyahu et apporte un soutien très net aux Gazaouis. Les ambiguités du parti qui renvoie dos à dos le Hamas et Israël ont irrité jusque dans ses propres rangs.
Bouamrane anti-Mélenchon
Sur France 2, Karim Bouamrane ne cache pas ses divergences avec Jean-Luc Mélenchon sur le conflit israélo-palestinien (entre autres). Il se dit toutefois toujours membres du NFP. De quoi interroger les invités autour du plateau notamment l’ex-ministre de la Santé Roselyne Bachelot, qui se demande pourquoi il n’a pas coupé les ponts avec LFI et quitté le NFP. « Le problème n’est pas moi. Pourquoi ce serait moi qui partirais ? », a-t-il répondu.
Ce passage a poussé Pascal Boniface à écrire sur X : « Sincèrement je m’interroge sur cet homme que je ne connais pas perso. Est-il un exemple de la méritocratie ? Alors bravo ! Ou instrumentalisé façon un muslim d’apparence qui ne critique pas Netanyahou et donc bénéficie d’une grosse promo médiatique. J’attends de voir. » Il sous-entend que Karim Bouamrane, fils d’immigrés marocains, devrait prendre la défense de Gaza au vu de ses origines.
L’expression n’a pas du tout plu à Karim Bouamrane, qui a répondu : « Après 3h d’émission, après 30 ans d’engagement à gauche ; élu de la République depuis 1995, voilà comment un chercheur me qualifie et se disqualifie définitivement. La lutte contre l’essentialisation continue ! Vive la République ! Vive la France ! »
Le socialiste a reçu le soutien de nombreuses autres personnalités politiques, notamment du Premier secrétaire du Parti socialiste Olivier Faure. « Nul ne devrait être assigné à une supposée identité religieuse ou culturelle. Nul ne devrait préjuger de ce que peut penser un musulman, un juif un chrétien ou un athée. Encore moins juger qu’une prise de position puisse en faire un muslim d’apparence », a-t-il estimé sur X.
Le macroniste Benjamin Haddad en soutien
« L’assignation identitaire est l’inverse de notre pacte républicain », a également dénoncé le ministre délégué chargé de l’Europe, le macroniste Benjamin Haddad. L’ancien ministre des Transports Clément Beaune a pour sa part qualifié les propos de Pascal Boniface de « honteux ».
Le maire socialiste de Rouen Nicolas Mayer-Rossignol, celui de Saint-Denis Mathieu Hanotin, les sénateurs Rachid Témal et Rémi Cardon… Eux aussi ont volé au secours de l’édile de Saint-Ouen. L’animateur Arthur a pour sa part écrit sur X vouloir apporter son « total soutien » à Karim Bouamrane.
Face au tollé, Pascal Boniface lui-même ancien membre du PS a répliqué dans un autre tweet. « Je m’interroge juste sur votre parcours votre succès médiatique et me demande s’il est lié à une pudeur sur les guerres du Proche Orient. Je pense que votre réponse agressive clarifie les choses », lâche-t-il, concluant son mot d’un « merci ».
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