Dimanche 16 février, lors de la projection d’un film dans les locaux d’une association de travailleurs immigrés dans le Xe arrondissement, un homme a été attaqué par une vingtaine de militants d’extrême droite.
Les vidéos ont tourné toute la soirée sur les réseaux sociaux. Des images sur lesquelles on voit une vingtaine d’individus, cagoulés et vêtus de noir, rouer de coups un autre, dans la cour d’un immeuble de la rue d’Hauteville, dans le Xe arrondissement de Paris. Des faits qui ont eu lieu ce dimanche après-midi, dans les locaux de l’association culturelle des travailleurs immigrés de Turquie (ACTIT).
Alors que l’association de jeunes socialistes et internationalistes Young Struggle France doit y projeter le film « Z » de Costa-Gavras, ces individus pénètrent dans la cour d’immeuble vers 17h20. La préfecture de police confie au « Parisien » qu’ils sont armés de tessons de bouteilles. « On était une dizaine au premier étage, à regarder le film quand on a entendu du bruit en bas. Mais les rideaux étaient fermés pendant la projection, on ne voyait rien », fait savoir Miloš, un étudiant allemand de 25 ans.
La possibilité d’une arme blanche
Lui et un camarade décident de descendre et ouvrent la porte en bois qui donne. Quand ils voient qui se trouve derrière, ils la referment immédiatement. « Mais en face, ils ont forcé et encore forcé. J’ai pu m’enfuir en montant dans les escaliers », souffle Miloš. Son camarade n’aura pas cette chance. Sur les images, un homme vêtu en bleu est agressé par plusieurs hommes dans la cour, qui prennent rapidement la fuite. « Heureusement, ils ne sont pas montés à l’étage », poursuit l’étudiant. Dans la cour, quelques débris de verre jonchent encore le sol.
Sur le corps de la victime, de nombreuses blessures et plaies « dont une plus importante et pouvant être consécutive à un coup porté par une arme blanche », fait savoir la préfecture de police. L’homme, âgé de 30 ans, a été transporté à l’hôpital, son pronostic vital ayant été un temps engagé.
Rapidement alertées, les forces de l’ordre ont pu se rendre sur place. Si la plupart des individus ont pris la fuite, six d’entre eux ont été interpellés dans une station de métro voisine et ont été placés en garde à vue, fait savoir le parquet de Paris. D’après nos informations, ils sont tous issus de la mouvance d’extrême droite radicale.
La victime, dont l’état s’est amélioré, a pu sortir de l’hôpital dans la nuit. Son pronostic vital n’est plus engagé. Une enquête pour tentative d’homicide a été confiée au 2e district de police judiciaire.
Après cette agression, plusieurs personnalités politiques ont réagi sur les réseaux sociaux. Sur X, le député (LFI) de Seine-Saint-Denis Thomas Portes dénonce les propos tenus par un des militants en prenant la fuite rue d’Hauteville. Sur la vidéo, on peut entendre un des hommes crier « Paris est nazi ! ».
Sur Bluesky, la secrétaire générale de la CGT Sophie Binet fait savoir que la personne agressée est un militant de son syndicat. « Cette attaque, d’une violence inouïe, doit être fermement condamnée et les auteurs jugés », écrit-elle.
La fusillade de la rue d’Enghien dans toutes les têtes
Sur Facebook, l’Association culturelle des travailleurs immigrés de Turquie, qui cible le groupe « KOB », dénonce une attaque qui « visait clairement à empêcher l’organisation des travailleurs migrants et la lutte de la jeunesse anticapitaliste et antifasciste organisée contre le fascisme et le racisme ».
Et de continuer : « Nous demandons que les auteurs de cette attaque soient arrêtés et que toutes les institutions qui ont fait preuve de négligence dans cette attaque soient tenues responsables ! ». Au lendemain de l’attaque, une de ses membres, Ezgi, ne cache pas son émotion. « On est très en colère de voir qu’on vient nous attaquer. Forcément, ça nous fait penser à l’attaque de la rue d’Enghien d’il y a deux ans »… à 350 mètres de là.
A la suite de l’attaque, dimanche soir, une manifestation spontanée s’était tenue dans les rues avoisinantes. Ce lundi, Young Struggle France appelle à un rassemblement « pour riposter contre l’extrême-droite » à 18h devant la Gare de l’Est.