Paris : le tribunal administratif ordonne l’évacuation de la Gaîté lyrique d’ici un mois

0
28
Paris (IIIe), ce dimanche. Une quarantaine de militants de gauche, anti fa et sympathisants se sont réunis devant la Gaîté lyrique occupée par 400 jeunes migrants en soutien face aux militants d'extrême droite qui avaient prévu de manifester.

350 jeunes migrants sans solutions d’hébergement occupent le site depuis deux mois. Le manque à gagner menaçant la survie de l’établissement et les tensions autour de cette occupation illégale ont motivé le tribunal à leur donner un mois pour quitter les lieux.

300 jeunes migrants isolés ont pris possession de la Gaîté lyrique depuis le 10 décembre dernier. Déboutés par l’État de leur demande de reconnaissance de minorité début décembre, ces derniers, venus pour la plupart d’Afrique subsaharienne, ont fait de cette salle de spectacle du IIIe arrondissement de Paris le siège de la lutte pour la reconnaissance de leurs droits.

Soutenus par le Collectif des jeunes de Belleville à l’origine de cette occupation et engagée à les mettre à l’abri du froid, ces jeunes migrants vont finalement devoir quitter les lieux dans les semaines qui viennent. Le juge des référés du tribunal administratif de Paris a ordonné ce jeudi 13 février l’évacuation d’ici un mois de l’ensemble de ces 300 personnes, parmi lesquelles des mères avec leurs nourrissons, a appris l’AFP.

Saisi par la Ville de Paris, propriétaire du théâtre, le juge estime dans un communiqué que l’occupation illicite des locaux depuis décembre dernier « fait courir aux jeunes majeurs un risque élevé en cas d’incendie, ainsi qu’un risque sanitaire lié à la promiscuité et un risque de troubles à l’ordre public ».

« La situation est devenue dangereuse »

« La Gaîté lyrique n’est pas adaptée pour que l’on y vive, mais nous avions besoin de nous mettre au chaud, et nous ne partirons pas de là sans une solution d’hébergement réelle et durable. Nous sommes mineurs, nous y avons droit », soutenait dans Le Parisien il y a quelques semaines l’un des chefs de file du mouvement.

Les « risques de troubles à l’ordre public » font eux référence aux tensions qui se sont renforcées ces derniers jours aux abords de l’établissement. En effet, des membres du GUD (Groupe union défense) et de Reconquête s’invitent quasiment quotidiennement devant le site pour exiger l’expulsion des jeunes migra

« La situation est devenue dangereuse. Non pas du fait de l’occupation du lieu par les jeunes mais parce qu’ils sont devenus les cibles de groupes d’extrême droite qui veulent défendre leur ville », s’est indignée Corine Faugeron, conseillère de Paris écologiste, lors du Conseil de Paris avant de rappeler que « seule la présence de la police a empêché des affrontements ».


À lire aussiParis : occupée depuis un mois par 300 migrants, la Gaîté lyrique dans l’impasse face « à de lourdes pertes »


Le tribunal ajoute que l’occupation empêche « le bon fonctionnement du théâtre, qui a été contraint d’annuler ou de reporter ses manifestations ». Depuis l’arrivée des jeunes mineurs isolés sur les lieux, la moitié de la programmation de la Gaîté Lyrique a été annulée et les pertes financières menacent la survie du lieu et ses 60 emplois. « Le manque à gagner est tel que l’on va droit vers un dépôt de bilan », alertait en décembre déjà Juliette Donadieu, la directrice, voix étranglée par l’émotion.

Une inertie de l’État aux conséquences « dramatiques »

Une situation devenue malheureusement « récurrente » dénonce Léa Filoche, adjointe (Génération. s) à la maire de Paris en charge des solidarités et de l’hébergement d’urgence. « Conformément à la loi, ces jeunes devraient être pris en charge par l’État qui fait la sourde oreille face à la réalité. Après une prise de conscience timide pendant les JO nous n’avons plus eu aucune proposition concrète pour ce public. Pire, il s’est désengagé des dispositifs que nous coportions. Une inertie qui a des conséquences dramatiques sur l’avenir de ces jeunes », déplore-t-elle.

Face à ce constat, un vœu de l’exécutif a été adopté ce jeudi par le Conseil de Paris afin de doter la Gaîté lyrique d’une subvention exceptionnelle mais également afin que les jeunes puissent être hébergés par l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) dans les locaux inoccupés de l’Hôtel-Dieu (IVe) ou de l’hôpital du Val-de-Grâce (Ve). « Nous continuerons à interpeller l’État, l’AP-HP, mais aussi les propriétaires privés pour mobiliser les bâtiments de la Ville », assure Léa Filoche.

« Il devient tout à fait urgent de trouver des vrais lieux d’hébergement pour ces jeunes, quel que soit leur statut, qu’ils soient mineurs ou jeunes adultes (…) De son côté la ville devra continuer à accompagner l’équipe de la Gaîté Lyrique dans la reprise de ses activités », a insisté Corine Faugeron.

Le conseiller de Paris Laurent Sorel (NI), a également profité des débats pour pointer du doigt la décision de la Ville de Paris de saisir le tribunal sur le sujet. « Alors certes elle dit que c’est pour se protéger et qu’elle ne va pas appuyer sur le bouton de l’expulsion, concède-t-il. En attendant, il y a une ordonnance d’évacuation sur la table et des jeunes qui ont besoin d’être protégés. »

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici