La préfecture de police avait interdit mardi une manifestation propalestinienne prévue ce jeudi soir à Paris. Environ 3000 personnes se sont tout de même rassemblées à partir de 18 heures avant d’être dispersées.
« Nous sommes tous Palestiniens. » 3000 personnes (selon la préfecture de police) se sont rassemblées ce jeudi soir sur la place de la République à Paris en soutien aux Palestiniens. La préfecture de police avait pourtant interdit cette manifestation mardi, une décision confirmée ce jeudi dans l’après-midi par le tribunal administratif de Paris. Au moins dix personnes ont été interpellées et 24 verbalisées.
Le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, a par ailleurs ordonné dans la journée l’interdiction systématique des « manifestations propalestiniennes, parce qu’elles sont susceptibles de générer des troubles à l’ordre public », après l’attaque perpétrée par le mouvement islamiste palestinien Hamas en Israël, dans un télégramme adressé jeudi aux préfets. Le ministère a indiqué que « les organisateurs » de ces manifestations, si elles avaient lieu, et « les fauteurs de troubles » seraient interpellés.
Aux alentours de 18 heures, entourés par des policiers, ils étaient tout de même plusieurs centaines place de la République à scander « Palestine vaincra », ou encore « Israël assassin, Macron complice », munis de drapeaux palestiniens. « Sionistes, sionistes, vous êtes des terroristes », entonnaient encore des manifestants. Le monument à la République, au centre de la place, a été tagué d’un « Free Palestine » en lettres capitales.
La préfecture de police a indiqué vers 18h15 qu’« ordre a été donné au dispositif de police de disperser les gens présents, d’interpeller, voire de verbaliser ». Les forces de l’ordre ont essuyé quelques jets de projectile. Elles ont fait usage d’un canon à eau et de gaz lacrymogènes pour disperser le rassemblement, peu avant 19h30.
« Une colère qui veut s’exprimer »
Le préfet de police Laurent Nuñez avait interdit mardi ce rassemblement, prévoyant qu’il serait « le théâtre d’attitudes, de propos et de gestes, principalement à caractère anti-juif, incitant à la haine raciale et faisant l’apologie des attaques terroristes perpétrées ces derniers jours au Moyen-Orient ». Saisi en urgence par plusieurs associations, le tribunal administratif de Paris a décidé jeudi de maintenir cette interdiction. Le juge des référés a estimé que « le préfet de police, en interdisant la manifestation en litige, n’a pas porté une atteinte grave et manifestement illégale aux libertés d’expression, de réunion et de manifestation ».
Quelques jours après l’offensive du Hamas sur Israël samedi 7 octobre, le tribunal a invoqué un contexte d’une « extrême violence » et des « risques avérés de l’exportation de cette violence (…) sur le sol national » au regard, notamment, du « regain d’actes antisémites » depuis cette attaque.
Les présidents de l’AFPS (Association France Palestine Solidarité), Bertrand Heilbronn, et de la FTCR (Fédération des Tunisiens pour une Citoyenneté des deux Rives), Mohammed Ben Saïd, ont indiqué à l’AFP qu’ils ne maintenaient pas l’appel à manifester jeudi soir. Mais « nous n’allons pas lâcher », a ajouté Bertrand Heilbronn. « Ces manifestations donnent un débouché politique à une colère qui veut s’exprimer, il est important que l’on puisse porter cette voix ». Et d’ajouter : « Il est grand temps que la France se reprenne un peu et sorte de ce soutien inconditionnel à l’Etat d’Israël. »
Dix interpellations à Lille
D’autres villes ont été le théâtre de manifestation propalestinienne. À Lille, dix personnes ont été interpellées, a indiqué la préfecture du Nord. Les individus interpellés l’ont été pour « rébellion » et « refus de se disperser », a précisé la préfecture, sans donner davantage de détails. Malgré l’interdiction, plusieurs dizaines de personnes s’étaient présentées place de la République peu avant 18 heures 30.
Trois personnes ont été rapidement arrêtées pour n’avoir pas obéi aux sommations des CRS visant à disperser un groupe d’une cinquantaine de manifestants, dont certains criaient « Vive la Palestine, à bas l’injustice ». Plus tard, une centaine de personnes, éloignées de la place de la République par la police, ont manifesté dans les rues du Vieux-Lille en scandant « Israël assassin, Macron complice », avant d’être dispersées par des tirs de gaz lacrymogène. Deux nouvelles interpellations ont eu lieu, peu avant 19 heures 30, à la suite d’une altercation entre deux jeunes manifestants et des CRS.
À Bordeaux, ils étaient une centaine à répondre à l’appel du Collectif girondin pour une paix juste et durable entre Palestiniens et Israéliens. Contrairement à celui organisé la veille dans la même ville, ce rassemblement n’était pas interdit par la préfecture.