Alors que la demande de remise en liberté sous caution de P. Diddy a été refusée par la justice, de nouveaux détails émergent chaque jour sur l’étendue des abus dont il est accusé.
Ses luxueuses propriétés étaient le symbole de sa réussite, elles sont aujourd’hui celui de sa chute. P. Diddy, a été arrêté lundi à New York dans le cadre d’une vaste enquête de la police fédérale sur des accusations de trafic sexuel, racket et transport à des fins de prostitution. Le rappeur milliardaire, qui cultivait – malgré les rumeurs à son sujet depuis des décennies – une image de père de famille aimant et de philanthrope, cachait en réalité des secrets sordides. Au moins 10 personnes l’accusent d’agression sexuelle. « C’est aussi grave qu’Epstein », a même réagi une source fédérale auprès de « New York Post », évoquant l’affaire de l’homme d’affaires désormais mort, accusé d’avoir été à la tête d’un réseau pédophile dans le monde de la jet-set.
Mardi, les autorités américaines ont mis un nom sur les soirées de débauche organisées par P. Diddy, qui auraient été le théâtre de faits très graves durant lesquelles femmes et hommes auraient été forcés à consommer de la drogue et abusés sexuellement. Ces évènements qualifiés de « Freak offs » qui duraient parfois plusieurs jours auraient été filmés, parfois dans des hôtels, parfois chez Sean Combs de son vrai nom.
Ce sont précisément les histoires qui se seraient déroulées chez lui qui intéressent aujourd’hui les autorités. En mars dernier, ses villas de Miami et Los Angeles ont été perquisitionnés au cours de deux opérations conjointes menées par le FBI et les services du Homeland. Le « New York Post » livre ce jeudi de nouveaux détails sur ces résidences. D’après un agent du Homeland présent durant les fouilles et cité par le média américain, son manoir de Miami était équipé de chambres « dédiées au sexe » dans lesquelles des caméras étaient installées. Des jouets sexuels, des équipements de bondage et de lingerie ont également été découverts.
Des images compromettantes
Les images filmées par le magnat de la musique vont jouer un rôle essentiel dans cette enquête. D’après plusieurs plaintes déposées contre lui, le rappeur s’assurait de filmer certains actes durant les soirées qu’il organisait afin de pouvoir ensuite faire pression contre ceux qui tenteraient de le dénoncer. « Si vous participez à ces soirées sexuelles, vous étiez enregistré sous tous les angles possibles, même des angles que vous n’auriez jamais imaginés », explique l’agent au « New York Post ». Il ajoute : « Ces femmes étaient jeunes, parfois à peine majeures, parfois pas majeures ». Selon l’acte d’accusation contre lui, P. Diddy manipulait ces femmes en leur faisant croire à une relation romantique avec lui avant de les contrôler par la violence et la drogue pour les forcer à avoir des rapports avec des prostitués masculins. Le tout pendant qu’il filmait et se masturbait.Toujours selon la source du « New York Post », l’artiste se trouvait quelques fois dans une autre pièce pour regarder en direct depuis son téléphone branché à une télévision. « Il n’était pas forcément dans une pièce pendant que des actes sexuels avaient lieu ». Les procureurs fédéraux ont annoncé mardi avoir saisi plus de 1 000 bouteilles d’huile pour bébé et d’autres lubrifiants à son domicile. « Les freak offs qui duraient parfois plusieurs jours, impliquaient souvent une variété de stupéfiants tels que la kétamine, l’ecstasy et le GHB, que Combs distribuait aux victimes pour les maintenir obéissantes et conformes », ont-ils ajouté.
Les abus présumés auraient été facilités par la complicité des employés de P. Diddy qui réservait les hôtels, les billets d’avion et s’occupait d’acheter les produits nécessaires. « Nous avons la preuve que ces femmes ne se sentaient pas libres de partir, et il y a des images qui prouvent que certaines étaient clairement dans un état second lorsqu’elles avaient des relations sexuelles avec des hommes ».
P. Diddy nie les faits
S’il nie les faits et affirme, par le biais de ses avocats être prêt à se défendre, les histoires entourant les soirées de débauche ne datent pas d’hier. Dans une interview accordée à « Rolling Stone » en 2004, Usher qui à l’adolescence avait résidé chez son mentor au « Puffy Flavor Camp » avait raconté : « Il y avait des filles partout. Tu ouvrais une porte et il y avait quelqu’un en plein rapport, ou des gens en train de participer à une orgie. Tu ne savais jamais ce qui allait arriver. »
La demande de remise en liberté sous caution déposée par les avocats de P. Diddy a été refusée une nouvelle fois mercredi par la justice américaine après l’avoir déjà été mardi. Dans une lettre adressée au juge le 17 septembre, les avocats de Sean Combs ont décrit les conditions de détention du Metropolitan Detention Center de Brooklyn où est incarcéré le rappeur, comme « horribles » et « inadaptées à une détention provisoire ». Pour espérer être relâché, sa défense a proposé au tribunal qu’il s’installe seul chez lui en Floride avec une équipe de sécurité 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 qui surveillerait une liste d’invités pré-approuvés.
P. Diddy a également proposé de renoncer à tout accès à son téléphone portable ou à Internet et, selon les termes de son avocat, Marc Agnifilo, de « ne rien faire d’autre que de se préparer pour son procès ». En réponse, le juge Andrew L. Carter, Jr. a déclaré qu’« il n’existe aucune condition ou combinaison de conditions garantissant qu’il n’entravera pas la justice ou ne mettra pas la pression sur les témoins ». La procureure adjointe Emily A. Johnson a qualifié Diddy de « délinquant en série » et a déclaré mardi devant le tribunal que le rappeur avait eu « un comportement de maltraitance ». « Il représente un danger extrême pour la communauté », a-t-elle ajouté.