À la veille des premières épreuves des Jeux olympiques, Emmanuel Macron a précisé ses intentions après les législatives tout en définissant la « trêve olympique et politique » qu’il invoque.
Attendu depuis la fin des législatives, Emmanuel Macron a rompu son silence. Accusé par ses opposants de ne pas avoir reconnu sa défaite aux élections des 30 juin et 7 juillet, le chef de l’État était interviewé à 20h10 sur France 2, France Inter et franceinfo. L’occasion, à J-3 de la cérémonie d’ouverture, ce sont les Jeux olympiques, qui occupent désormais tout son agenda.
Interrogé par Thomas Sotto et Nathalie Iannetta, Emmanuel Macron a assumé son souhait déjà exprimé lundi d’une « trêve politique » le temps des JO, qui dureront jusqu’au 11 août, avant les Jeux paralympiques du 28 août au 8 septembre.
Choix de la dissolution, montée du RN, Front Républicain…
Le président est revenu sur la situation créée par sa dissolution controversée de l’Assemblée nationale : le président était resté quasiment muet sur ce sujet depuis le premier tour, s’exprimant seulement dans une lettre aux Français après le second tour dans laquelle il avait appelé les « forces républicaines » à « bâtir une majorité solide ». « J’ai fait ce choix en conscience avec beaucoup de gravité puisque l’Assemblée nationale ne correspondait plus à la société française », a justifié Emmanuel Macron, ajoutant que « tout le monde disait qu’une motion de censure arriverait à l’automne, en plein vote du budget ».
« On doit entendre » le score du RN aux législatives, a-t-il poursuivi, dénonçant le comportement de certains élus qui ont refusé de serrer la main à des députés du parti d’extrême droite. « Ça n’est pas une bonne chose » que le RN ne soit pas représenté au bureau de l’Assemblée nationale, a-t-il encore dit.
Le président a reconnu que « la majorité sortante a perdu ces élections » législatives, avant de demander aux forces politiques du Front Républicain qu’elles « soient à la hauteur que ce qu’elles ont fait dans l’entre deux tours », enjoignant les groupes parlementaires à « travailler ensemble » et à « faire des compromis ».
Pas de Premier ministre avant la fin des JO
Ce mardi soir, les partis de gauche se sont accordés, après de longues semaines de tractations, sur le nom d’un candidat commun au poste de Premier ministre. Le choix de Lucie Castets, haute fonctionnaire engagée dans la défense des services publics, a été annoncé une heure avant la prise de parole d’Emmanuel Macron. « La question n’est pas un nom donné par une formation politique, la question c’est quelle majorité peut se dégager à l’Assemblée », a réagi le président.
« Il est faux de dire que le NFP a une majorité quelle qu’elle soit à l’Assemblée », a encore balayé le président, qui en veut pour preuve le fait que le candidat de la coalition de gauche au perchoir, André Chassaigne, n’a pas été élu. « Personne ne peut appliquer son programme, qu’il soit commun ou pas. Ni le NFP, ni la majorité sortante, ni la droite républicaine », a-t-il insisté.
Le chef de l’État a également donné quelques indications quant au calendrier pour la nomination du nouveau Premier ministre. « Jusqu’à la mi-août, on doit être concentré sur les Jeux », a-t-il jugé, ajoutant qu’un Premier ministre pourrait être nommé à partir de cette date. « Ce sera ma responsabilité de nommer un Premier ministre et lui confier la tâche de constituer un gouvernement et d’avoir le rassemblement le plus large qui lui permette d’agir et d’avoir la stabilité ».
Interrogé sur une éventuelle démission en pleine période politique, Emmanuel Macron assure qu’il assumera son mandat « dans sa plénitude ». Répondant à une autre question sur une éventuelle nouvelle dissolution dans un an, il a affirmé qu’il ne devrait pas y en avoir, « si les forces qui peuvent dégager une majorité veulent la stabilité ».
Les athlètes israéliens « sont les bienvenus en France »
Interrogé sur les propos du député LFI Thomas Portes qui a déclaré que les athlètes israéliens « ne sont pas les bienvenus aux JO », tout comme les athlètes russes, Emmanuel Macron a rétorqué que « les athlètes israéliens sont les bienvenus ». Ces sportifs « doivent pouvoir concourir sous leurs couleurs parce que c’est ce que le mouvement politique a décidé », a-t-il encore déclaré.
Le président a déclaré « condamner avec la plus grande fermeté » ceux qui font peser une menace sur les athlètes israéliens, a-t-il encore dit, rappelant sa défense de la solution à deux États. « La responsabilité de la France, c’est d’assurer cette sécurité », a-t-il asséné.
Des précisions sur le déroulé des Jeux
À trois jours de la cérémonie d’ouverture, le président a loué un évènement « inédit dans l’histoire des Jeux », estimant que ces JO seront l’occasion pour les Français « de se réenthousiasmer et de se réunir ». Concernant les contraintes de déplacement imposées aux Parisiens, Emmanuel Macron a remercié toutes les personnes impactées. « On verra tous à partir de vendredi soir pourquoi ça valait la peine », a-t-il assuré.
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Le président a vanté une France « accueillante », « audacieuse » et « fière » à J-3 des Jeux olympiques. « Je serai immensément heureux si Céline Dion pouvait être présente à la cérémonie d’ouverture », a-t-il indiqué, refusant toutefois de dire si la chanteuse canadienne, présente à Paris, y participerait. Les porte-drapeaux français Mélina Robert-Michon et Florent Manaudou « sont de très grands athlètes », a estimé Macron. Le président s’est défendu d’être « idyllique » sur les Jeux olympiques. « Si je raisonnais comme tout le monde, je dirais : impossible d’organiser les Jeux (…). On la fait », a encore déclaré le chef de l’État.
Les Jeux paralympiques et l’accessibilité
« Les Jeux paralympiques sont aussi importants que les Jeux olympiques », a affirmé Emmanuel Macron, tout en admettant qu’il aurait voulu qu’on fasse « beaucoup plus » sur l’accessibilité. « Tout ce qu’on a fait en termes de transports pour les Jeux (…), là l’accessibilité sera au rendez-vous », a-t-il déclaré toutefois, assurant que « c’est un effort qui continuera après les Jeux ».
« Appliquons la recette des Jeux au pays pour le jour d’après », a invité le président en conclusion de cette interview. « Les Jeux, c’est une leçon de vie », a-t-il encore indiqué, refusant de donner le nom du dernier porteur de la flamme. « Il y aura même des surprises et des noms auxquels vous n’aurez pas pensé », a toutefois promis le président.