Dans la nuit de jeudi à vendredi, Victor Wembanyama a été drafté en tant que premier choix par les San Antonio Spurs.
Même les géants pleurent parfois. Victor Wembanyama a été, comme attendu, choisi en première position par les San Antonio Spurs qui disposaient du premier choix, lors de la Draft qui s’est tenue ce jeudi soir à New York (dans la nuit en France). Une première historique pour un Français.
« Avec le premier choix, les San Antonio Spurs choisissent… Victor Wembanyama », a distinctement égrené, comme à son habitude, le patron de la NBA Adam Silver. La phrase, pourtant répétée dans sa tête des milliers de fois, a touché Victor Wembanyama en plein coeur. Il s’est levé, a embrassé ses proches, son frère, sa soeur, sa mère, son père, ses agents ainsi que les deux autres Français assis à la table d’à côté, Bilal Coulibaly et Rayan Rupert.
Il est ensuite monté sur scène, comme le veut le protocole, pour enfiler la casquette de sa future équipe et serrer la pince d’Adam Silver. Puis il s’est éclipsé dans un coin discret de la salle, où il a échangé au téléphone avec Gregg Popovich, son futur entraîneur. « Je suis prêt à apprendre », a-t-il glissé à son futur coach qui avait fait l’effort de lui dire quelques mots… en français, au début de la conversation. Et il s’est effondré en larmes.
« Ce choix était attendu, mais quand vous allez avoir un bébé, vous le savez neuf mois à l’avance et vous êtes quand même ému, confiait-t-il dans la foulée en conférence de presse. Cette phrase d’Adam Silver, elle est tellement mythique, légendaire. J’en ai rêvé à un point que je pouvais presque la toucher. C’est totalement irréel. J’ai du mal à réaliser. C’est un rêve qui devient réalité, le plus beau jour de ma vie. »
Adam Silver : « Les fans vont l’adorer »
Malgré déjà 19 ans d’efforts, de sacrifices et de dévouement à sa passion, on a l’impression que tout commence maintenant pour le basketteur français : au milieu d’une cohue de caméras et de fans qui essaient de lui arracher une photo ou un autographe. Dans la foule, un enfant de dix ans, trop loin pour un selfie, lui jette son téléphone pour que « Wemby » se prenne lui-même en photo. Dans les tribunes, des Français entonnent un début de Marseillaise. Le futur Spurs fait l’unanimité : tout le monde semble l’adorer.
« C’est une personnalité tellement intéressante, nous confie Adam Silver, le patron de la NBA. Je l’ai découvert quand il avait 16 ans mais j’ai attendu janvier dernier, à Paris, pour le rencontrer. Ce qui m’a frappé chez lui, c’est sa maturité. J’ai aimé discuter avec lui, y compris de sujets en dehors du basket. Les fans le connaissent en tant que basketteur mais quand ils vont le découvrir en tant que personne, ils vont l’adorer. Il est Français, et il va être rapidement adopté comme un citoyen du monde. »
C’est avec un costume Louis Vuitton de sa couleur favorite, le vert, ainsi qu’une pierre autour du cou qu’il a fait faire sur-mesure après l’avoir vue en rêve, et une casquette noire et blanche des Spurs sur la tête, qu’il a fait son entrée dans son nouveau monde. Un peu plus tard, on lui a tendu un maillot de sa future équipe, son nom imprimé dans le dos et le numéro 1, son numéro fétiche, bien en évidence. Dès ce vendredi, il découvrira San Antonio, où les fans l’attendent dans une ferveur assez unique pour une ville d’ordinaire plutôt calme.
« J’ai vu qu’ils avaient peint mon visage sur un mur, c’est fou!, réagit le joueur. Ils me transmettent tellement de passion. C’est le meilleur accueil dont je pouvais rêver. Je veux dire aux fans que je vais tout faire pour les faire gagner et avoir un impact sur la franchise. C’est plus qu’un logo et plus qu’un nom. Il y a l’héritage de très grands joueurs français, de Tony Parker bien sûr, de très grands joueurs tout court, et de ‘’Big Men’’. Mon objectif va être de me rapprocher de la bague (ndlr : le titre NBA) et d’apprendre saison après saison comment y arriver. »
Bilal Coulibaly, un autre français dans le Top 10
Pour le basket français, c’est une journée historique. Bilal Coulibaly a quant à lui été choisi en 7e position par Indiana et échangé immédiatement avec le choix numéro 8, Jarace Walker : Coulibaly jouera donc à Washington la saison prochaine. « Je suis tellement fier de toi », lui a glissé Wemby après avoir crié à sa joie lorsque le nom de son ami a été à son tour prononcé par Adam Silver.
« Je suis tellement heureux pour le basket français, a réagi Bilal Coulibaly. Victor, c’est bien plus qu’un coéquipier, il est comme un frère pour moi. C’est un super mec, c’est incroyable ce qui lui arrive. Quant à moi, j’ai encore du mal à réaliser. Ces derniers temps, c’était devenu un objectif plus qu’un rêve mais ça semble toujours un peu fou. »
La NBA va apprendre à parler Français ces prochaines années. Elle vient déjà à Paris y disputer une rencontre par saison, et elle pourrait venir avec des bagages un peu différents dès 2025… « Est-ce qu’on peut imaginer les Spurs à Paris ? Oui !, nous répond Adam Silver avec enthousiasme. Je ne sais pas quand, ce ne sera pas l’an prochain parce que les choses sont déjà définies, mais on travaille à ce que Victor vienne avec sa future franchise. » D’ici là, jusqu’où sera allé le Français ?
« La route va être longue pour atteindre le sommet, répond Wembanyama. Mais je suis prêt à apprendre de tout le monde. J’entends souvent dire que les plus jeunes vont pouvoir s’inspirer et apprendre de moi, mais ils peuvent surtout apprendre d’eux-mêmes, c’est comme ça qu’on progresse le plus. »
Il faut croire que le petit garçon qui mesurait déjà 1,91m à 11 ans a beaucoup appris de lui-même : il est aujourd’hui sur le toit du monde du basket, choisi tout en haut de la liste comme LeBron James il y a 20 ans, prêt à impressionner par son jeu différent et à charmer par sa personnalité originale, à la fois détendue et pleine de confiance, capable de jongler entre le Français, l’Anglais et les petites blagues. Même la gorge nouée, ou au bord des larmes. Les géants pleurent parfois mais ne s’effondrent jamais.