La Chine réplique après la visite de la présidente américaine de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, à Taïwan. Vingt-sept avions militaires chinois sont entrés mercredi dans la zone de défense aérienne taïwanaise, ont annoncé les autorités du pays. 27 appareils de l’armée chinoise « sont entrés dans la zone environnante (Zone d’identification de défense aérienne, plus large que l’espace aérien) le 3 août 2022 », a déclaré sur Twitter le ministère de la Défense taïwanais.
La veille, déjà, le gouvernement de Taïpei avait dénoncé l’entrée d’une vingtaine d’appareils militaires chinois dans sa zone d’identification de défense aérienne taïwanaise alors que Nancy Pelosi, foulait le tarmac de la capitale taïwanaise, malgré les mises en garde chinoises.
Une visite scrutée par le monde entier
La présidente de la Chambre des représentants américaine, Nancy Pelosi, a quitté Taïwan mercredi 3 avril à midi (heure française), au terme d’une visite historique et controversée à laquelle Pékin a répondu par des menaces et des annonces d’exercices militaires. L’élue de 82 ans a salué les dignitaires sur le tarmac de l’aéroport de Songshan, à Taipei, avant de monter à bord d’un avion militaire américain, d’après des images retransmises en direct par les télévisions.
Plus tôt, dans la nuit de mardi à mercredi, la présidente taïwanaise, Tsai Ing-wen, a affirmé, mercredi 3 août, que Taïwan « ne reculera pas » face à la menace militaire de la Chine, qui a annoncé des manœuvres d’envergure dans les environs de l’île en représailles à la visite de la présidente américaine de la Chambre des représentants.
Lors d’une rencontre avec la dirigeante taïwanaise à Taipei, Nancy Pelosi a affirmé être venue « en paix » dans la région, tout en assurant que les États-Unis n’abandonneront pas leurs engagements envers l’île démocratique menacée d’invasion par Pékin. « Aujourd’hui, notre délégation (…) est venue à Taïwan pour dire sans équivoque que nous n’abandonnerons pas notre engagement envers Taïwan et que nous sommes fiers de notre amitié durable », a déclaré l’élue américaine, la plus haute responsable américaine à visiter l’île depuis 25 ans.
Nancy Pelosi, 82 ans, est arrivée mardi soir à Taipei à bord d’un avion militaire américain, déclenchant immédiatement de vives réactions à Pékin. Le ministère chinois des Affaires étrangères a dénoncé « une grave violation » des engagements américains vis-à-vis de la Chine, qui « porte gravement atteinte à la paix et à la stabilité » régionales.
Le gouvernement chinois a convoqué mardi soir l’ambassadeur américain Nicholas Burns. Le vice-ministre des Affaires étrangères, Xie Feng, lui a exprimé les « fermes protestations » de son pays, ajoutant que « l’initiative (de Nancy Pelosi de se rendre à Taïwan) est extrêmement choquante et les conséquences seront très graves », a rapporté l’agence Chine nouvelle. Mercredi, Pékin a prévenu que « ceux qui offensent la Chine seront punis », par la voix de son ministre des Affaires étrangères. « C’est une farce pure et simple. Sous couvert de « démocratie », les États-Unis violent la souveraineté de la Chine », a également déclaré le ministre Wang Yi, en marge d’une réunion de l’Asean (Association des nations de l’Asie du Sud-Est) à Phnom Penh.
Les exercices militaires, qui s’approcheront jusqu’à 20 kilomètres des côtes taïwanaises, « constituent une mesure nécessaire et légitime afin de répliquer aux graves provocations de certains politiciens américains et des indépendantistes taïwanais », a déclaré à la presse Hua Chunying, une porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères.
Sanctions économiques
Le ministère chinois de la Défense a quant à lui promis des « actions militaires ciblées », avec une série de manœuvres militaires autour de l’île qui commencera mercredi, dont « le tir à munitions réelles de longue portée » dans le détroit de Taïwan, qui sépare l’île de la Chine continentale. Selon les coordonnées publiées par l’armée chinoise, une partie des opérations militaires auront lieu à 20 kilomètres des côtes de Taïwan.
Le ministère du Commerce chinois a également annoncé des sanctions économiques, annonçant une suspension de l’exportation vers Taïwan de sable naturel – un composant clé dans la fabrication de semi-conducteurs, l’une des principales exportations de l’île.
« Face à des menaces militaires délibérément accrues, Taïwan ne reculera pas », a réagi mercredi la présidente taïwanaise, Tsai Ing-wen. « Nous allons (…) continuer à défendre la démocratie », a-t-elle affirmé lors de sa rencontre avec Nancy Pelosi, qu’elle a remercié pour « les mesures concrètes qui montrent (son) soutien indéfectible à Taïwan en ce moment critique ».
Les autorités taïwanaises ont signalé dans la nuit de mardi à mercredi que 21 avions militaires chinois avaient pénétré dans la zone d’identification de défense aérienne de l’île – une zone bien plus large que son espace aérien.
Le ministère taïwanais de la Défense a dénoncé « une tentative de menacer nos ports et nos zones urbaines importantes, et de saper unilatéralement la paix et la stabilité régionales ». « L’armée va assurément rester à son poste et protéger la sécurité nationale. Nous demandons au public d’être rassuré et de soutenir l’armée », a-t-il ajouté.