La députée écologiste a demandé au président de repousser la venue du monarque en France, où les tensions liées à la réforme des retraites sont sources d’inquiétudes.
INTERNATIONAL – Faut-il maintenir la visite du roi Charles III en France alors que presque chaque soirée depuis le 49.3 sur la réforme des retraites voit son lot de manifestations, de rassemblements et d’échauffourées avec la police ? Alors que de plus en plus de voix font connaître leur scepticisme dans l’Hexagone et au Royaume-Uni, la députée écologiste Sandrine Rousseau a réclamé d’Emmanuel Macron ce mercredi 22 mars qu’il repousse la venue du monarque, prévue pour trois jours à partir de dimanche.
« On va avoir Emmanuel Macron, le monarque républicain, qui va recevoir Charles III […] pendant que le peuple est en train de manifester », a dénoncé l’élue de la Nupes sur RMC et BFMTV. « On se rend compte de ce qui est en train de se passer ? De l’incroyable déni de démocratie dans lequel nous sommes ? », a-t-elle poursuivi, jugeant que le président de la République devait rapidement « annuler » cette visite.
La couronne surveille de près la situation
Si les considérations de Sandrine Rousseau sont avant tout symboliques, d’autres s’inquiètent davantage pour la sécurité de Charles III. Dans Le Parisien, un conseiller de l’exécutif reconnaît ainsi que le défilé du monarque sur les Champs-Élysées, prévu lundi, est un « sujet » et que l’« on n’est pas à l’abri d’un mouvement de foule qui dégénère pour saper la cérémonie ».
Sur BFMTV, mardi, le préfet de police de Paris Laurent Nunez a toutefois assuré que l’évènement serait « ultra-sécurisé » et qu’il était « serein ». L’ancien secrétaire d’État a également annoncé qu’il allait remettre incessamment son protocole de sécurité au ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, qui sera chargé de l’évaluer.
Outre-Manche, les images des heurts survenus lors des manifestations contre la réforme des retraites et des ordures qui jonchent les rues de la capitale n’ont pas spécialement rassuré les Britanniques. Selon leDaily Mail, la couronne n’envisage pas d’annuler son déplacement, mais surveille de près la situation et se préparerait à modifier la logistique du déplacement royal si nécessaire. Des assistants royaux ont ainsi pris conseil auprès du ministère britannique des Affaires étrangères et des autorités françaises.
À Bordeaux, un déplacement sous haute tension
La visite du roi à Bordeaux, prévue le 28 mars, s’annonce également compliquée, et notamment son déplacement en tram jusqu’au miroir d’eau. Les syndicats de Keolis, le gestionnaire des tramways dans la ville, ont d’ores et déjà annoncé qu’ils feraient leur possible pour mettre le réseau à l’arrêt et la CFTC, prévoit des difficultés dans la presse britannique.
Cité par nos confères du Daily Mail, Pascal Mesgueni, le délégué du personnel CFTC des transports urbains TBM, a fait savoir qu’il était « presque certain » que le souverain ne pourrait pas prendre le tram. « Aucun conducteur ne voudra le prendre. Il y aura (…) des gens sur les rails et il faudra protéger la rame avec des véhicules à l’avant et à l’arrière », a-t-il déclaré. « Logistiquement, c’est très lourd, sans parler des risques de projectiles. Ça va être beaucoup trop compliqué », a-t-il encore appuyé.
En plus de Bordeaux et des Champs-Élysées à Paris, le roi Charles III doit se rendre à l’Arc de Triomphe, ainsi qu’au musée d’Orsay avant un banquet d’État au château de Versailles. Un rendez-vous à la symbolique non-négligeable, y compris pour Emmanuel Macron et sur lequel Jean-Luc Mélenchon n’a pas manqué de réagir lors d’un récent meeting à Aix-les-Bains.
À la suite de cette étape française, le monarque s’envolera pour Berlin, où sa visite s’annonce largement moins compliquée.
P