Une série de lettres anonymes injurieuses adressées en mairie a entraîné le dépôt de plusieurs plaintes. Dont celle du maire Azzédine Taïbi (ex-PCF), qui fait partie des personnes visées par ces missives.
« Coucou les cheris oui oui toujours la. » Le courrier anonyme qui débute par ces mots déborde ensuite d’insultes homophobes, racistes et d’allusions sexuelles injurieuses. Reçue le 8 mars, truffée (volontairement ?) de fautes, la lettre fait suite à plusieurs autres du même style adressées à l’hôtel de ville de Stains jusqu’en janvier 2023. La dernière missive en date a déclenché plusieurs plaintes, dont celle du maire, Azzédine Taïbi (ex-PCF), en « qualité d’employeur ».
Les courriers le visent ainsi que trois collaborateurs ou agents de la Ville, ce qui laisse peu de place au doute sur la provenance des envois, selon le premier magistrat. « Le ou les auteurs sont des gens de Stains, qui veulent pourrir la vie locale, affirme Azzédine Taïbi. On a d’ailleurs une idée de qui ils sont. On avait eu pendant un mois et demi une accalmie. En recevant à nouveau cette lettre, je me suis dit : ça suffit, je porte plainte, ça suffit de se faire insulter et de se faire menacer. » L’élu assure craindre pour ses proches et les membres de ses équipes ciblés par celui ou ceux qui agissent comme des corbeaux.
« J’ai eu le procureur au téléphone qui prend l’affaire très au sérieux, ce sont des menaces très graves », poursuit Azzédine Taïbi. Ces courriers viennent s’ajouter à d’autres similaires, bourrés de fautes et ouvertement racistes et xénophobes, reçus au cours de l’automne 2022 : « Votre mairie est comme vous dégueulasse. Vous n’arriveré (sic) jamais a nous imposé le grand remplacement. Barré vous de chez nous. »
« Un millier de tweets » haineux en quelques jours
La municipalité de Stains est la cible régulière de l’extrême droite depuis 2020 et le vandalisme d’une fresque consacrée aux violences policières. En septembre 2022, elle a fait l’objet d’une virulente polémique en raison de la pose d’une plaque de rue provisoire. Portant le nom de Khadija Bint Khuwaylid, première épouse du prophète de l’islam Mahomet, le panneau avait été installé sur la proposition d’une habitante parmi d’autres figures féminines dans le cadre d’un projet participatif consacré aux « femmes inspirantes » dans l’espace public.
Un mois plus tard, le 8 octobre, des militants d’Action Française recouvraient plusieurs de ces plaques dont celles aux noms de la jeune écologiste suédoise Greta Thunberg et de Djamila Boupacha, une militante du Front de libération nationale algérien (FLN) arrêtée en 1960 pour une tentative d’attentat à Alger et dont les aveux ont été obtenus par le viol et la torture. Ces mêmes membres du mouvement d’extrême droite avaient ensuite envahi les jardins de la mairie, mégaphone en main.
Ces différents faits de l’automne 2022 se sont accompagnés de courriers anonymes et surtout, d’un déluge de commentaires haineux sur les réseaux sociaux, dont « un millier de tweets » reçus en quelques jours, selon les évaluations de la Ville. Une série de plaintes avait déjà été déposée par la municipalité à cette occasion.