Le cas d’Adrien Quatennens, député Insoumis sortant de la 1ere circonscription du Nord, faisait débat parmi les partenaires de LFI désormais regroupés sous la bannière Nouveau Front populaire.
Coup de tonnerre dans les rangs insoumis : le député du Nord Adrien Quatennens, condamné pour violences conjugales, a été investi vendredi soir par le parti de gauche, à l’inverse de figures historiques de LFI comme Alexis Corbière, Raquel Garrido ou Danielle Simonnet, qui n’ont pas été reconduites, a annoncé leur mouvement.
Le cas d’Adrien Quatennens, député sortant de la 1ere circonscription du Nord, faisait débat parmi les partenaires de LFI à gauche. Mais ce fidèle du leader des Insoumis Jean-Luc Mélenchon figure bien dans la liste des 230 investitures fournie par son parti, quelques heures après la conclusion d’un accord à gauche, notamment avec le Parti socialiste, EELV ou le PCF, en vue du scrutin des 30 juin et 7 juillet.
« À toutes celles et ceux qui s’opposeraient ou douteraient de la pertinence de ma candidature, sachez que je vous comprends. J’espère pouvoir, humblement, et par mes actions, regagner votre confiance », a réagi Adrien Quatennens par communiqué. Il avait été condamné en décembre 2022 à quatre mois d’emprisonnement avec sursis pour violences conjugales.
« La honte »
Danielle Simonnet, élue à Paris, ainsi que Raquel Garrido et Alexis Corbière, députés de Seine-Saint-Denis, incarnent des voix discordantes au sein de LFI : « on me fait payer le crime de lèse-Mélenchon », a ainsi protesté Raquel Garrido sur X vendredi soir. « Honte sur toi Jean-Luc Mélenchon. C’est du sabotage. Mais je ferai mieux. Nous ferons mieux », a-t-elle encore écrit, dénonçant des « méthodes qui dégoûtent ». Toujours candidate, elle a promis de « gagner cette élection » malgré tout.
À l’automne dernier, Raquel Garrido, autrefois avocate de Jean-Luc Mélenchon, avait été sanctionnée quatre mois par LFI pour avoir ouvertement critiqué plusieurs membres du mouvement et Jean-Luc Mélenchon, autour de la gouvernance ou la stratégie du parti.
De son côté, toujours sur X, Alexis Corbière a dénoncé « une punition pour avoir fait entendre des critiques en interne ». Qualifiant cette décision de « honte », le député de la 7e de la Seine-Saint-Denis a tout de même précisé qu’il continuait de soutenir le Nouveau Front populaire qui vient de voir le jour.
Il a annoncé peu après être invité de franceinfo à 8h30 ce samedi, « pour parler des décisions irresponsables de LFI », « mais avant tout, de la nécessaire victoire du Front Populaire contre le RN ». « C’est pourquoi je serai candidat. Gardons le cap ! », a-t-il insisté.
Quant à Dominique Simonnet, elle évoque pour sa part « une purge » au sein des Insoumis, alors que « l’extrême droite est à nos portes ». « Alors que j’ai de nouveau réuni des centaines de citoyens sur ma circonscription ce soir, par mail, comme quatre autres camarades et sans même un coup de fil, j’apprends que je ne suis pas investie », s’est-elle encore indignée sur le réseau social.
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Clémentine Autain est bien présente
À l’automne dernier, le couple Corbière-Garrido à la ville, avait été sanctionné par la direction de LFI pour avoir critiqué le monde de fonctionnement interne du parti. « J’ai osé dénoncer la communication masculiniste d’Adrien Quatennens orchestrée par Sophia Chikirou et soutenue par Jean-Luc Mélenchon », « j’ai défendu l’unité de la Nupes, du mouvement syndical, et de LFI pendant le grand mouvement des retraites alors que la direction de La France insoumise ne faisait que cliver », avait-elle déclaré au moment de sa mise en retrait imposée.
Elle aussi très critique à l’égard du fonctionnement de La France insoumise, Clémente Autain est elle, a contrario, bien présente dans la liste des candidats investis pour les législatives. Mais sur le réseau X, elle a pris la défense de ses « ami.e.s », écartés « sans même un coup de fil », et a livré une charge virulente contre le parti, où « il vaut mieux avoir été condamné pour violences conjugales que d’avoir défendu la démocratie, manifesté contre l’antisémitisme après le 7 octobre et plaidé pour l’union des gauches et des écologistes ».
« LFI décide de fracturer notre mouvement et d’affaiblir le rassemblement », a-t-elle poursuivi, appelant « à la responsabilité de la direction de La France Insoumise et de Jean-Luc Mélenchon qui appelait cette semaine à jeter les rancœurs à la rivière ». Au moment de la sanction contre Raquel Garrido, la candidate de Seine-Saint-Denis avait estimé que « le parti ne se renforce pas en s’épurant » et que « la logique qui sous-tend tout cela, c’est l’idée que le clan irait avant le mouvement », en référence à Jean-Luc Mélenchon et ses proches.
« Vous préférez un homme qui frappe sa femme »
Les députés LFI sortants Hendrik Davi (Bouches-du-Rhône) et Frédéric Mathieu (Ille-et-Vilaine) n’ont pas non plus été investis dans cette liste qui comprend notamment la syndicaliste CGT Céline Verzeletti ou encore Lyes Louffok, militant de la défense des droits de l’enfant et essayiste. Frédéric Mathieu a dénoncé que LFI « choisisse la division » tandis que Hendrik Davi a évoqué un manque de « décence » dans ces évictions, qui ont soulevé une vague d’indignation en interne, à commencer par François Ruffin.
Le député LFI sortant de la Somme s’est ému du sort de ses collègues sur X : « Je ne suis pas passé sous les fourches caudines de votre bêtise, votre sectarisme. Vous préférez un homme qui frappe sa femme, auteur de violences conjugales, à des camarades qui ont l’impudence d’avoir un désaccord avec le grand chef. Notre démocratie mérite mieux que vous ».
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L’eurodéputée insoumise Leïla Chaibi a également fustigé sur le même réseau un choix de « purger », « honteux et irresponsable ». « Ces jours-ci je me disais que ma France insoumise était à la hauteur de l’histoire en construisant l’union à gauche face au risque d’une arrivée au pouvoir de l’extrême-droite. Ce soir j’ai honte », a-t-elle cinglé.
Les alliés de gauche fustigent une « décision inacceptable »
Cette décision a aussi déclenché la colère hors des rangs du parti. Invitée sur France 2 ce samedi, la secrétaire générale des Verts Marine Tondelier s’est dite « extrêmement choquée » par ce qu’elle a décrit comme une « purge » à LFI. Une « erreur » qui « n’ira pas jusqu’au bout », a-t-elle parié. « J’ai convoqué des instances pour pouvoir en discuter avec les Écologistes pour voir quelles sont les suites à donner à cela (…) Je ne vois pas pourquoi on ne soutiendrait pas les députés sortants », a ajouté la numéro 1 d’EELV.
« Purger les gens qui ne sont pas des lignards mais garder Quatennens, ça dit beaucoup de vos méthodes et de votre rapport 1) au féminisme, 2) aux désaccords », a abondé l’écologiste Marie-Charlotte Garin sur X.
Du côté du PS, le député Arthur Delaporte a apporté dans un message sur le même réseau son « plein soutien » à Raquel Garrido, Danielle Simonnet et Alexis Corbière, ainsi que « tous les députés sortants purgés de la liste des investis LFI ». « LFI doit revenir sur cette décision inacceptable », a-t-il exhorté.
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Le choix d’investir Adrien Quatennens a aussi été immédiatement commenté par l’un des rivaux du Nouveau front populaire, le RN. « C’est un jour de deuil pour les femmes attachées à leurs droits et à leurs libertés : il ne devrait y avoir aucune tolérance morale et politique pour ces comportements violents », a fustigé, toujours sur X, son patron Jordan Bardella, prétendant au poste de Premier ministre en cas de victoire de son parti aux législatives.