
Le dessinateur Jul dénonce ce jeudi une « censure au dernier moment » de la part de la Direction générale de l’enseignement scolaire chargée de mettre en œuvre les programmes scolaires.
Une version du conte qui n’est « pas adaptée » aux élèves de dix ans « sans accompagnement pédagogique ». La ministre Élisabeth Borne défend l’annulation de « La Belle et la Bête » revisitée par le dessinateur Jul, commandée puis annulée par l’Éducation nationale.
L’auteur de bande dessinée « Jul a beaucoup de talent, il manie l’ironie, le second degré. Mais sans accompagnement pédagogique, je pense que ça n’est pas adapté. Mais c’est un très beau livre qui pourra être utilisé dans un autre cadre », a commenté la ministre sur CNews/Europe 1 ce jeudi matin.
« C’est une réécriture moderne. On a un père de famille qui arrive d’Algérie, qui doit commettre des fraudes, qui se fait contrôler par les policiers », a expliqué Élisabeth Borne.
« Peut-être que dans un cadre avec des professeurs, on peut expliquer ce second degré. Mais c’est un livre qui a vocation à être lu en vacances, avec sa famille », poursuit-elle.
Alcool et réseaux sociaux
Jul, dessinateur de « Silex and the City » et scénariste de « Lucky Luke », avait été choisi pour l’opération annuelle « Un livre pour les vacances », grâce à laquelle 800 000 élèves de cm2 obtiennent un classique de la littérature française revisité.
Sa version du conte traditionnel « La Belle et la Bête » n’a pas semblé adaptée au ministère, qui l’a expliqué à l’auteur dans une lettre datée de lundi, signée de la directrice générale de l’enseignement scolaire, Caroline Pascal.
« En effet, les deux illustrations de l’ouvrage abordent des thématiques qui conviendraient à des élèves plus âgés, en fin de collège ou en début de lycée, telles que l’alcool, les réseaux sociaux, ou encore des réalités sociales complexes », précise cette lettre.
Quand le père de Belle boit « quelques coups de vin », Jul le représente ivre, bouteille à la main, en train de chanter « Les Lacs du Connerama ».
Jul dénonce une « censure intempestive »
Jul, Julien Berjeaut, de son vrai nom, avait déploré mercredi une « décision politique » de « censure », pour des « prétextes fallacieux » selon lui. Ce jeudi, le dessinateur défend à nouveau sur BFM un « livre très amusant » basé sur le texte original du XVIIIe siècle auquel il a ajouté des « codes de modernité ». Il évoque une « censure intempestive au dernier moment, qui ne vient même pas de la ministre mais de la DGSCO (la Direction générale de l’enseignement scolaire, chargée de mettre en œuvre les programmes scolaires) ».
« La seule explication semble à chercher dans le dégoût de voir représenté un monde de princes et de princesses qui ressemble un peu plus à celui des écoliers d’aujourd’hui », avait-il affirmé mercredi. « Le grand remplacement des princesses blondes par des jeunes filles méditerranéennes serait-il la limite à ne pas franchir pour l’administration versaillaise du ministère ? », s’est-il interrogé.
« L’argent n’a pas été dépensé, les livres n’ont pas été tirés. C’est certainement un ouvrage intéressant, mais pas pour ce cadre pédagogique », a conclu Élisabeth Borne, qui a précisé ne « finalement pas avoir préfacé » cet ouvrage.
Par Le Parisien avec AFP