Incendie d’un centre de tri à Paris : les fumées sont-elles toxiques ?

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Un important incendie a totalement ravagé lundi soir un centre de tri localisé dans le XVIIe arrondissement de Paris. D’immenses nuages de fumées se sont dégagés du feu.

Des volutes de fumées noires se dégagent encore dans le ciel de Paris ce mardi 8 avril à 7h45 du matin et une odeur âcre enveloppe tout l’est de la capitale. Un spectaculaire incendie s’est déclaré lundi soir dans le XVIIe arrondissement, ravageant en intégralité un centre de tri et de traitement de déchets.

Alors que le feu n’était pas encore totalement éteint par les pompiers de Paris ce matin, l’inquiétude quant à la toxicité n’a pas quitté les esprits des parisiens depuis lundi soir.

« On respire de l’air qui est encore enfumé, ça nous prend à la gorge. On est déjà très exposés aux particules et poussières dans le quartier avec le périphérique et les trains. Les débris de ce qui a brûlé vont finir par retomber et se diffuser dans notre arrondissement et les villes limitrophes. Ce n’est pas anodin, surtout pour les personnes fragiles, âgées et asthmatiques », estime Esther qui habite juste en face du centre de tri.

Pour ne prendre aucun risque, la préfecture de police de Paris invitait dans la soirée les riverains habitant entre l’avenue Clichy, le boulevard périphérique, la rue de Saussure et la rue Cardinet à « rester à leurs domiciles, maintenir les fenêtres fermées et, en cas de difficultés respiratoires, d’appeler le 18 ». Des consignes de sécurité préventives qui ont finalement été levées ce mardi matin au vu des premiers relevés.

Incommodation très forte

La ministre de la Transition écologique et de la Biodiversité Agnès Pannier-Runacher confirmait en effet ce matin sur BFMTV qu’« il n’y a pas de toxicité » dans les fumées « d’après les analyses réalisées ».

« La toxicité des fumées dépend de ce qui a brûlé, tempère le docteur Frédéric Le Guillou, présent de l’association Santé respiratoire. Dans un centre de tri de déchets ménagers, il devait y avoir des plastiques, des métaux, des matières organiques, des produits chimiques, éventuellement de l’électronique. Dans toute fumée, il y a du monoxyde du carbone mais ici probablement également des composées organiques volatiles, du dioxyde de carbone, du cyanure d’hydrogène, des dioxines, des métaux lourds de l’acide chlorhydrique ainsi que des particules fines et extra-fines ». « Suivant sa proximité avec le lieu de l’incendie et le sens du vent, on peut effectivement inhaler ces particules, poursuit le pneumologue. Chez les personnes qui souffrent de maladies respiratoires, comme une rhinite allergique, de l’asthme ou une BPCO, les symptômes risquent d’être exacerbés par la pollution ».

« On a effectué des mesures parce qu’il y a eu un panache de fumée. Airparif a effectué un certain nombre de prélèvements sur l’ensemble de la région Île-de-France et on est en dessous des seuils de recommandation », avait déclaré dès lundi soir le préfet de police, Laurent Nuñez, lors d’un point presse. Ce que confirme à nouveau la préfecture de police de Paris ce mardi matin, évoquant sur X des relevés de particules fines « bien en dessous » des seuils mesurés par Airparif.

Toujours d’après Airparif, les conditions météorologiques sont favorables à la dispersion des polluants émis localement. « La qualité de l’air attendue sera moyenne à dégradée sur la région francilienne avec l’ozone comme polluant majoritaire », prévoit l’organisme pour la journée.

« Il y a évidemment un sujet sur les fumées et l’incommodation très forte dans le quartier ce matin encore », constatait le maire du XVIIe arrondissement, Geoffroy Boulard, lui-même habitant du quartier. S’il juge les informations des pompiers et d’Airparif « rassurantes », l’édile s’inquiète toutefois des retombées de l’important nuage généré par l’incendie « très épais et très visible, d’une hauteur de 170 m ».

« Les mesures se poursuivent, j’ai demandé qu’on mette des capteurs un peu plus largement, pas uniquement dans la zone du XVIIe arrondissement concerné, mais aussi dans les Hauts-de-Seine puisqu’il y a plusieurs villes concernées », détaillait l’édile.

Comme cela avait été fait au moment de l’incendie de la cathédrale Notre-Dame, Laurent Nuñez a confirmé que le laboratoire de la préfecture de police allait lancer aujourd’hui des analyses dans les sites « sensibles » aux alentours, à l’image des crèches et écoles. Une liste d’établissements « bien précise » dont la fermeture préventive n’est, a priori, pas nécessaire. Il reviendra néanmoins au maire du XVIIe d’en décider.

Paris. A Porte de Clichy, tout le quartier est bloqué après l'incendie de la veille de la déchetterie du Syctom, le service public de traitement et de valorisation des déchets ménagers de 82 communes en Île-de-France. LP/ Aurélie Audureau
Paris. A Porte de Clichy, tout le quartier est bloqué après l’incendie de la veille de la déchetterie du Syctom, le service public de traitement et de valorisation des déchets ménagers de 82 communes en Île-de-France. LP/ Aurélie Audureau

« Depuis 4h30 ce matin, la Brigade de sapeurs-pompiers de Paris est maître du feu. Il ne pourra plus reprendre mais un dégagement de fumée reste visible. La mobilisation des pompiers a été forte et efficace. Il reste encore 80 pompiers sur place », précisait dans la matinée la préfecture de police.

Un périmètre de sécurité reste pour le moment en place et il est préférable pour les automobilistes d’éviter autant que possible le secteur de la Porte de Clichy et ses abords, très embouteillés ce matin.

leParisien

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