Santé publique France a dressé un rapport sur la santé des femmes enceintes, des fœtus et des nouveau-nés. Plusieurs indicateurs se sont dégradés en dix ans.
Un taux de natalité en baisse, une mortalité néonatale en hausse, un taux de césarienne stable… Pour la première fois, un rapport décrit l’état de la santé périnatale en France, avec une évolution « préoccupante » de certains indicateurs, en dix ans, notamment en Outre-mer.
Ce document de quelque 160 pages, publié ce mardi par Santé publique France, compile une série de données sur l’état de santé de la femme enceinte, du fœtus et du nouveau-né lors de la période allant de la grossesse au post-partum (le retour de couches), de 2010 à 2019. Selon l’agence sanitaire, il permet ainsi pour la première fois une description globale de l’état de la santé périnatale en France.
Des écarts selon les régions
Si certains indicateurs témoignent d’un « niveau élevé et stable de prise en charge » en France, « le rapport fait état de situations hétérogènes entre les territoires, avec une dégradation dans les départements et régions d’Outre-mer », a indiqué à l’AFP Anne Gallay, directrice des maladies non transmissibles et traumatismes à Santé publique France.
Premier constat : un taux de natalité en baisse dans toutes les régions de France, excepté en Guyane. Le nombre de naissances a diminué, passant de 841 000 en 2010 à 734 000 en 2019. Les principales raisons résident dans l’augmentation de l’âge maternel d’accouchement et dans la diminution de la fécondité chez les femmes les plus jeunes. Pour la France entière, l’âge moyen à l’accouchement est passé de 29,4 ans en 2010 à 30,1 ans en 2019.
La précarité des mères semble parallèlement s’aggraver : un peu moins d’accouchements sont couverts par l’Assurance maladie (96,8 % en 2010 contre 96,0 % en 2019). Et l’on recense davantage de mères en situation irrégulière disposant de l’Aide médicale d’État (AME, 1,6 % en 2010 ; 2,5 % en 2019) et de mères sans abri (5,8 % en 2010 en Île-de-France ; 22,8 % en 2019).
Moins d’épisiotomies, autant de césariennes
Si les femmes enceintes fument moins qu’il y a vingt ans, la France reste l’un des pays européens ayant la plus forte prévalence de tabagisme maternel en Europe (16,2 % des femmes fumaient au 3e trimestre en 2016).
Certaines pathologies maternelles en cours de grossesse et en post-partum sont en augmentation, notamment les troubles liés à l’hypertension (4,5 % en 2010 ; 5,0 % en 2019) et le diabète gestationnel (6,7 % en 2010 ; 13,6 % en 2019). Cette dernière hausse s’explique en partie par des changements dans les modalités de dépistage et par l’augmentation de la prévalence des facteurs de risque, comme l’obésité ou l’âge maternel plus élevé.
Le taux de césarienne est stable depuis 2012 (autour de 20,2 %). Le taux d’épisiotomie sur les accouchements par voie basse a parallèlement fortement diminué, aussi bien pour les primipares – premier bébé – (de 29,5 % en 2010 à 10,0 % en 2019) que pour les multipares (de 10,5 % à 2,7 % sur la même période).
Hausse de la mortalité néonatale
Autre constat majeur : les évolutions de la mortalité sont contrastées, « voire préoccupantes » à la fois pour la mère et l’enfant, a souligné Anne Gallay. Ainsi, le taux de mortalité maternelle n’a pas diminué significativement entre 2007-2009 (9,5 décès pour 100 000 naissances) et 2013-2015 (8,1 pour 100 000), date des dernières données disponibles. Et la mortalité néonatale (entre 0 et 27 jours de vie) a augmenté en métropole, passant de 1,6 décès pour 1 000 naissances en 2010 à 1,8 pour 1 000 en 2019.
« Des travaux sont en cours pour mieux comprendre les causes de cette mortalité », a relevé Nolwenn Régnault, responsable de l’unité périnatale de Santé publique France. La situation peut en tout cas progresser, selon elle, « de nombreux pays présentant de meilleurs résultats ».
Dans les Départements et régions d’outre-mer, le panorama est globalement encore plus défavorable : un taux de mortalité maternelle 4 fois plus élevé qu’en métropole, un taux de mort-nés 1,5 fois plus élevé, un taux de mortalité néonatale 2 fois plus élevé. La Guyane et Mayotte sont les départements où la situation est la plus mauvaise.
Ces constats « plaident en faveur d’un renforcement de la prévention et de la promotion de la santé périnatale », « un meilleur accès aux droits et aux soins, en particulier dans certains territoires » d’Outre-mer, conclut le rapport.