Combien de temps la résistance ukrainienne tiendra-t-elle bon ? Le président Zelensky avait juré de défendre Bakhmout « aussi longtemps que possible ». Mais la défense de cette ville, à l’est de l’Ukraine, semble avoir atteint ses limites en ce début mars.
Depuis l’été, chaque camp s’épuise dans la « bataille de Bakhmout ». De l’acharnement, disent certains observateurs, au regard de la faible importance stratégique de cette cité industrielle, qui comptait 70 000 habitants avant l’invasion. Epicentre des combats depuis des mois, Bakhmout serait surtout devenue symbolique.
« Les unités de Wagner ont pratiquement encerclé Bakhmout, il ne reste plus qu’une seule route » pour en sortir, a souligné vendredi le patron de Wagner, Evguéni Prigojine. En tenue de combat et s’exprimant alors qu’une forte explosion se fait entendre au loin, il a appelé Volodymyr Zelensky à donner l’ordre aux troupes ukrainiennes de se retirer.
« Si avant nous faisions face à une armée ukrainienne professionnelle, qui combattait contre nous, aujourd’hui nous voyons de plus en plus de personnes âgées et d’enfants. Ils se battent, mais leur vie à Bakhmout est courte, un jour ou deux, affirme-t-il. Donnez-leur une chance de quitter la ville, elle est pratiquement encerclée. »
La vidéo montre ensuite trois personnes, un homme âgé et deux jeunes, demandant face caméra au président ukrainien de leur permettre de partir. Dans sa dernière mise à jour du renseignement, le ministère britannique de la Défense confirme les difficultés des troupes ukrainiennes. Kiev a beau « renforcer la zone avec des unités d’élite » les forces russes progressent malgré tout.
Une pression « de plus en plus sévère »
« La défense ukrainienne de la ville de Bakhmout dans le Donbass est soumise à une pression de plus en plus sévère, avec des combats intenses qui se déroulent dans et autour de la ville », selon le ministère britannique de la Défense. Les mercenaires de Wagner et les troupes russes régulières ont fait une percée significative dans la banlieue nord de la ville, encore tenue par les Ukrainiens mais désormais vulnérable.
« Au cours des 36 dernières heures, deux ponts clés ont été détruits, dont un pont vital reliant la ville à la dernière voie d’approvisionnement principale de Bakhmout à Tchassiv Yar », 15 km à l’ouest. « Les itinéraires de réapprovisionnement tenus par les Ukrainiens hors de la ville sont de plus en plus limités », alerte encore la Grande-Bretagne.
Des soldats au front ont fait état d’un manque d’hommes, de munitions, et de soutien de l’artillerie. Mardi, le commandement militaire ukrainien avait admis une situation « extrêmement tendue » à Bakhmout. Le même jour, Volodymyr Zelensky avait constaté une augmentation de « l’intensité des combats » autour de la ville, où 4 500 habitants ont choisi de rester, malgré le danger.
Le lendemain, le porte-parole du commandement oriental de l’armée ukrainienne, Serguiï Tcherevaty, a démenti le retrait de ses troupes. Depuis, silence radio. Vendredi, l’état-major ukrainien est resté muet sur la situation à Bakhmout. Il a simplement déclaré que l’armée avait repoussé 85 attaques russes sur l’ensemble du front ces dernières 24 heures.