L’ex-affairiste, qui a passé plusieurs années en prison pour son implication dans une fraude massive à la taxe carbone, se présente aux législatives de la 9e circonscription des Français de l’étranger.
Il le jure : cette candidature n’est pas une plaisanterie. Grégory Zaoui, « cerveau » de la fraude massive à la taxe carbone à la fin des années 2000, veut devenir député et se présente aux élections législatives partielles de la 9e circonscription des Français établis hors de France, affirme-t-il ce lundi au Parisien, confirmant une information du JDD.
Grégory Zaoui, 51 ans, avait passé cinq années en prison – années entrecoupées de cavales – entre 2009 et 2020 pour son implication dans la fraude à la taxe carbone, qui aurait coûté plusieurs milliards d’euros à l’État. Interdit de gérer une société, de se lancer dans le commerce, et sans revenus, il a raconté son histoire sur scène, dans un livre, ainsi qu’un documentaire Netflix retraçant le schéma de cette fraude massive.
« Je suis totalement conscient que ma candidature peut surprendre », défend Grégory Zaoui. « Je suis persuadé que la seule manière que j’aurai de pouvoir rembourser les sommes que je dois, c’est justement en aidant mon pays. En rendant à la France ce qu’elle m’a donné, surtout, ce que je lui ai pris. »
« Je ne fais pas ça pour l’argent »
L’ex-escroc lance officiellement sa campagne ce lundi, pour la 9e circonscription des Français de l’étranger établis au Maghreb et en Afrique de l’Ouest. Il fera face à une quinzaine de candidats. Parmi eux, Karim Ben Cheikh (Nupes), dont l’élection avait été invalidée en raison d’un dysfonctionnement lors de son élection, à Caroline Traverse (Renaissance), ou encore l’ex-macroniste M’jid El Guerrab, condamné après avoir frappé Boris Faure en 2017 – condamnation dont il a fait appel.
Cette candidature est sérieuse, promet Grégory Zaoui : « Je ne fais pas ça pour l’argent : mon salaire risque d’être automatiquement saisi » pour rembourser les amendes qu’il doit, promet-il. « C’est vraiment par conviction, pour prouver à moi-même et aux Français que je peux faire bien autre chose que ce pour quoi j’ai été connu. »
En cas d’élection, l’ex-détenu assure s’engager sur les thématiques touchant particulièrement les Français établis dans ces régions, comme la santé, pour leur permettre un meilleur accès au soin sur place. Au-delà des problématiques de sa circonscription, l’ancien affairiste veut aussi travailler sur des lois de prévention « anti-fraude », sur des secteurs comme « la fiscalité, le social, la santé », et militer pour « une écologie pragmatique, juste et intelligente » sur les questions liées au carbone.
Lutte contre les dérives des influenceurs
Engagé, à l’instar du rappeur Booba, sur la lutte contre les dérives des influenceurs, Grégory Zaoui aimerait aussi se positionner sur le sujet, qui agite actuellement Bercy et les agences de ces stars d’Internet.
Contrairement aux acteurs du secteur, le candidat aux législatives ne veut pas de loi encadrant ce business tout nouveau. « Ce qui nous manque aujourd’hui, ce sont des services de police ou de gendarmerie spécialisés dans les réseaux sociaux », affirme-t-il, ajoutant vouloir créer un « office central » de policiers spécialisés sur les questions d’escroqueries et d’abus en ligne.
Interrogé sur l’étiquette qu’il souhaiterait adopter une fois élu, Grégory Zaoui se dit « pragmatique ». « J’ai un cerveau qui est au centre de mon corps, et mon cœur est à gauche. Tout ce qui est extrême, ce n’est pas mon truc », confie celui qui dit avoir changé de vision « sur la misère humaine » après son expérience de détenu.
Une trajectoire de repenti que Zaoui assume. « Je suis comme le saumon qui remonte la rivière à contre-courant. J’ai fait des conneries, j’ai commencé sale, j’ai été en prison, et je fais le chemin inverse », dit-il. Le premier tour du scrutin est prévu le 2 avril prochain.