Texte par :Valentin BergSuivre
À la tête de Manchester United depuis 17 ans, la famille Glazer a annoncé fin 2022 qu’elle envisageait la vente du club anglais. Des premières offres en provenance du Qatar et du groupe Ineos viennent d’être dévoilées. Mais le processus de négociation devrait encore durer plusieurs semaines et pourrait laisser le temps à d’autres concurrents d’entrer dans la course au rachat.
Les offres se bousculent pour le rachat de Manchester United. Le mythique club anglais, qui réalise des performances solides depuis le début de la saison sous la houlette du Néerlandais Erik ten Hag, a encore consolidé sa troisième place au classement en écrasant Leicester (3-0) ce 19 février. Mais en tribunes, la colère continue de gronder depuis des années. « Lève-toi si tu hais les Glazer », ont entonné les supporters mancuniens dans les travées d’Old Trafford lors de la victoire des Red Devils, en pointant du doigt les actuels propriétaires du club.
Détenu d’abord par Malcolm Glazer à partir de 2005 via la société d’investissement Red Football Ltd., le club est ensuite passé entre les mains de ses six fils. Joel et Avram Glazer, en charge de la gestion du club depuis avril 2006 en raison des problèmes de santé de leur père, sont devenus co-présidents après sa disparition en mai 2014. Une décennie marquée par le déclin du club dans le championnat anglais, qui n’a plus remporté la Premier League depuis 2013 et le départ du légendaire entraîneur Sir Alex Ferguson.
En novembre 2022, les Glazer annonçaient finalement vouloir réfléchir à de nouvelles options pour le club en termes d’investissements. « Le conseil d’administration va considérer toutes les alternatives stratégiques, y compris l’arrivée d’un nouvel investisseur, une vente, ou d’autres transactions », précisait le communiqué officiel.
Le Qatar se positionne pour le rachat
Depuis cette annonce, les choses se sont accélérées et les premières offres officielles pour le rachat de Manchester United ont été dévoilées au cours des derniers jours.
Le président de la Qatar Islamic Bank (QIB), le cheikh Jassim ben Hamad al-Thani, a été le premier à indiquer, le 17 février, qu’il avait déposé une offre. Estimée à 4,5 milliards d’euros, l’offre « vise à redonner au club sa gloire passée aussi bien sur le terrain qu’en dehors, et par-dessus tout, mettre les supporters au cœur de Manchester United », a indiqué le cheikh Jassim dans un communiqué.
Le potentiel futur propriétaire du club anglais est l’un des quinze enfants du cheikh Hamad ben Jassim ben Jaber al-Thani, ancien Premier ministre du Qatar de 2007 à 2013. Il est à l’origine de la création du fonds souverain qui a racheté le Paris Saint-Germain en 2011, mais également de monuments londoniens comme le grand magasin Harrods et le gratte-ciel Shard. Il était proche de l’ancien émir et père de l’émir actuel, cheikh Hamad ben Khalifa al-Thani, qui a joué un rôle essentiel dans l’essor du Qatar dans le monde du sport.
Le groupe Ineos comme principal concurrent
Suivez toute l’actualité internationale en téléchargeant l’application RFI
Le 18 février, le groupe anglais Ineos, déjà détenteur des clubs de Nice et de Lausanne, a également formulé une offre de rachat du club par le biais son propriétaire, le milliardaire Jim Ratcliffe. « Nous sommes ambitieux et très compétitifs et nous voudrions investir au sein de Manchester United pour en faire à nouveau le club numéro un dans le monde. Nous voulons faire de ce club un modèle de gestion moderne, progressiste et centrée sur les supporters », a expliqué Ineos.
D’autres offres auraient été formulées, mais sans confirmation pour le moment. Parmi elles, une piste saoudienne est notamment évoquée par The Telegraph. Selon The Times, le fonds spéculatif américain Elliott, ancien propriétaire de l’AC Milan entre 2018 et 2022, serait aussi dans la course au rachat.
La banque d’affaires américaine Raine, chargée de la vente de Manchester United par la famille Glazer, a demandé un prix situé entre 6 et 7 milliards de livres (6,7 et 7,9 milliards d’euros) dans sa présentation aux investisseurs. Une valorisation jugée excessive, à l’image de celle qu’elle avait obtenue pour la vente du club londonien de Chelsea, cédé à l’Américain Todd Boehly en mai 2022 pour 5 milliards d’euros.
« Nous évaluerons toutes les options », ont souligné Avram et Joel Glazer, les co-présidents de Manchester United. « Il ne peut y avoir aucune assurance que cela débouchera sur une transaction impliquant la société », ont-ils cependant précisé.