« Enfin », « prématuré »… La classe politique française divisée sur la reconnaissance de l’État palestinien annoncée par Macron

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President of La France Insoumise - Nouveau Front Populaire parliamentary group Mathilde Panot attends a session of questions to the government at The National Assembly, France's lower house parliament, in Paris on April 8, 2025. (Photo by Thomas SAMSON / AFP)

La classe politique française a diversement réagi jeudi à l’annonce la veille par le président Emmanuel Macron que la France pourrait reconnaître un État palestinien, l’extrême droite la jugeant « prématurée » quand centre et gauche se félicitent.Par Le Parisien avec AFP 

Emmanuel Macron souhaite que la France reconnaisse l’existence d’un État palestinien « en juin ». « On doit aller vers une reconnaissance [de l’État palestinien] et donc, dans les prochains mois, on ira » a déclaré le président français dans une interview à l’émission « C à vous », sur France 5, donnée à son retour d’Égypte mardi et diffusée mercredi.

Ce jeudi, la classe politique française a diversement réagi à cette annonce. Si cette reconnaissance « vient dans un cadre qui permet à des pays qui ne reconnaissent pas Israël de le faire et à d’autres pays qui ne reconnaissent pas la Palestine ou l’État palestinien de le faire, c’est un bon processus », a estimé sur RTL l’ancien président socialiste François Hollande.

Il a néanmoins rappelé que c’était « purement déclaratoire ». « Ce qui compte, c’est bien sûr qu’un jour il puisse y avoir un État palestinien, mais que le Hamas ne soit pas dans cet État palestinien et que Gaza puisse être une zone où les Gazaouis puissent vivre, tout simplement », a-t-il développé.

147 pays l’ont déjà fait

« Enfin. Après près de deux ans de génocide à Gaza, la France envisage enfin de reconnaître l’État de Palestine », a tweeté de son côté la cheffe des députés LFI Mathilde Panot, rappelant que 147 pays l’ont déjà fait. « Ce geste, arraché de haute lutte, ne doit pas rester un mot. Il doit se traduire en acte. L’Histoire nous regarde. »

« Enfin !!!! » a également tweeté Olivier Faure, patron du PS. Interrogé sur franceinfo, l’annonce d’Emmanuel Macron représente un moyen de « faire pression » sur « un gouvernement d’extrême droite qui a fait la démonstration depuis de longs mois de son inhumanité et, depuis le 18 mars, qui a rompu cessez-le-feu avec des conséquences dramatiques ».

signaux ».

Favorable également, la présidente de l’Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet (Renaissance) a souhaité sur France Inter « avancer sur cette solution à deux États », mais avec « des garanties de sécurité pour les deux États ».

« Ce serait l’honneur de la France de reconnaître enfin l’État de Palestine. La paix n’adviendra pas sans un État palestinien souverain et indépendant à côté de l’État d’Israël », a réagi Fabien Roussel, secrétaire national du Parti communiste français.

Évoquant « une bonne idée », le président des députés MoDem Marc Fesneau, a également insisté sur le principe d’une clause de réciprocité. « Il faut que les parties se reconnaissent mutuellement : les Palestiniens ont droit à un État, les Israéliens ont droit à un État, les deux ont le droit de vivre en sécurité dans un régime démocratique », a-t-il ajouté sur TF1.

Il s’est inquiété que le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou souhaite « évacuer l’idée que les Palestiniens aient droit à un État, quitte à occuper l’ensemble du territoire ».

Trop tôt pour le RN

À l’inverse, le vice-président du Rassemblement national, Sébastien Chenu, a jugé sur LCI toute reconnaissance « prématurée ». Si le parti d’extrême droite est « favorable à deux États », l’État palestinien est aujourd’hui « adossé au Hamas ». « C’est envoyer un signal : Faites du terrorisme et on vous reconnaîtra des droits », a-t-il balayé. Il estime que le président français met « la charrue avant les bœufs, probablement pour des raisons intérieures, pour envoyer des signaux ».

Position partagée par le président LR du Sénat Gérard Larcher. « Nous avons toujours des otages dans la bande de Gaza, nous avons toujours des attaques du Hamas, nous avons malheureusement une Autorité palestinienne extrêmement faible », a-t-il argumenté sur Europe1/Cnews. « Est-ce que les conditions sont réunies pour que nous allions plus loin dans la reconnaissance indispensable à terme de la réalité d’un État de Palestine ? Non », a-t-il tranché.


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Emmanuel Macron a annoncé mercredi que la France pourrait reconnaître un État palestinien « en juin » à l’occasion d’une conférence qu’elle coprésidera avec l’Arabie saoudite aux Nations unies à New York et qui doit aussi conduire, selon lui, à la reconnaissance d’Israël par un certain nombre de pays.

La conférence vise à la création d’un État palestinien. Les appels à une « solution à deux États », palestinien au côté de celui d’Israël, se sont intensifiés depuis le début de la guerre à Gaza, déclenchée par l’attaque du Hamas sur Israël le 7 octobre 2023.

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