Le président de la République estime que l’Algérie se « déshonore » en retenant prisonnier l’écrivain franco-algérien pour ses idées depuis la mi-novembre.
POLITIQUE – Paris durcit à nouveau le ton vis-à-vis de l’Algérie. Emmanuel Macron a fustigé le traitement réservé à l’écrivain Boualem Sansal en Algérie, ce lundi 6 janvier, lors de son discours annuel face ambassadeurs français. L’homme franco-algérien âgé de 75 ans, a été arrêté à la mi-novembre à Alger et est depuis retenu « de manière totalement arbitraire » par les autorités, a estimé le chef de l’État.
« L’Algérie que nous aimons tant et avec laquelle nous partageons tant d’enfants et tant d’histoires entre dans une histoire qui la déshonore, à empêcher un homme gravement malade de se soigner. Ce n’est pas à la hauteur de ce qu’elle est », a ajouté Emmanuel Macron devant les ambassadeurs français réunis à l’Élysée. « Je demande instamment à son gouvernement de libérer Boualem Sansal », a-t-il également déclaré, comme vous pouvez l’entendre dans l’extrait ci-dessous.
Critique du pouvoir algérien, Boualem Sansal a été arrêté à l’aéroport d’Alger le 16 novembre. Il a ensuite été incarcéré pour atteinte à la sûreté de l’État, et se trouve dans une unité de soins depuis la mi-décembre en raison de son état de santé.
Un « imposteur » envoyé par la France, selon Alger
Ce dimanche, le ministre des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot s’était déclaré « comme le président de la République, très préoccupé par le fait que la demande de libération adressée par Boualem Sansal et ses avocats a été rejetée », lors d’un entretien sur RTL.
Le chef de la diplomatie française avait précisé être inquiet de « l’état de santé » de l’écrivain, et avait rappelé que « la France est très attachée à la liberté d’expression, la liberté d’opinion et considère que les raisons qui ont pu conduire les autorités algériennes à l’incarcérer ne sont pas valables ».
L’auteur de « 2084 : la fin du monde », naturalisé français en 2024, est poursuivi en vertu de l’article 87 bis du Code pénal algérien, qui sanctionne « comme acte terroriste ou subversif, tout acte visant la sûreté de l’État, l’intégrité du territoire, la stabilité et le fonctionnement normal des institutions ».
Le président algérien Abdelmadjid Tebboune a évoqué pour la première fois son arrestation le 29 décembre, le qualifiant d’« imposteur » envoyé par la France.
Des relations tendues depuis juillet
Selon le quotidien français Le Monde, le pouvoir à Alger aurait mal pris des déclarations de Boualem Sansal au média français Frontières, réputé d’extrême droite, reprenant la position du Maroc selon laquelle le territoire du pays aurait été tronqué sous la colonisation française au profit de l’Algérie.
Son arrestation s’ajoute à la nouvelle crise entre Paris et Alger, initiée en juillet par la décision d’Emmanuel Macron de reconnaître le Sahara occidental comme s’inscrivant dans le cadre de la souveraineté marocaine. L’ex-colonie espagnole du Sahara occidental, considérée comme un « territoire non autonome » par l’ONU, oppose depuis un demi-siècle le Maroc aux indépendantistes sahraouis du Front Polisario, soutenus par Alger.
Le HuffPost