« Elle a été arrachée à la vie » : Montrouge rend hommage à Clarissa Jean-Philippe, dix ans après les attentats

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French President Emmanuel Macron and Mayor of Montrouge Etienne Lengereau pay their respect during a ceremony honoring late policewoman Clarissa Jean-Philippe killed by Amedy Coulibaly in 2015, in Montrouge near Paris, France, 08 January 2025. MOHAMMED BADRA/Pool via REUTERS

Lors d’une cérémonie solennelle, au cours de laquelle des gerbes ont été déposées et l’hôtel de police municipal a été renommé du nom de la policière, les autorités et les forces de l’ordre ont honoré la mémoire de la jeune fonctionnaire, abattue par un terroriste dix ans plus tôt.

Une décennie après le drame, un « souvenir » comme un « acte de résistance ». La ville de Montrouge (Hauts-de-Seine) a rendu hommage mercredi à la policière municipale Clarissa Jean-Philippe, tuée il y a dix ans par Amedy Coulibaly, également auteur de l’attentat contre l’Hyper Casher, lors d’une cérémonie sur le lieu de l’attaque. Le maire a rendu hommage à une fonctionnaire qui « a donné sa vie au service de la République, au service de nous tous ».

Sous la pluie, plusieurs autorités étaient rassemblées, dont le président Emmanuel Macron, le Premier ministre François Bayrou, celui de la Justice Gérald Darmanin, la maire de Paris Anne Hidalgo et la présidente de l’Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet, qui n’ont pas pris la parole. Aux côtés des forces de l’ordre, elles ont rendu un hommage sobre à la policière, tuée à l’âge de 26 ans le 8 janvier 2015, alors qu’elle intervenait sur un accident de la circulation.

« Cet attentat a laissé une cicatrice indélébile dans nos cœurs et dans l’histoire de notre ville », a déclaré le maire Étienne Lengereau (UDI) lors de son discours. Clarissa Jean-Philippe « était au service de la République et c’est pour cela qu’elle a été la cible de cet assassin », a-t-il ajouté, rendant hommage à une fonctionnaire qui « a donné sa vie au service de la République, au service de nous tous ».

« Elle incarnait le dévouement et le courage »

« Il y a dix ans, le 8 janvier 2015, à seulement 26 ans, Clarissa a été arrachée à la vie, à sa famille, à ses amis, à ses collègues, à notre ville. À travers son sourire et son engagement, elle incarnait la jeunesse, le dévouement, le courage », a-t-il salué, faisant part d’une « profonde tristesse » et d’une « émotion encore intense », dix ans après les faits. « Je me souviens de l’effroi, de l’incrédulité », a souligné l’édile, qui a fustigé un acte du « terrorisme islamiste », et son « idéologie de haine ».

« Ce devoir de mémoire n’est pas une simple formalité. Il est une promesse, celle de perpétuer ces valeurs de dévouement, d’intégrité et d’amour de la République », a-t-il insisté, appelant à faire place à « l’espoir ». « Face à la barbarie, il y a le courage. Face à la division, il y a l’unité. Ce souvenir est un acte de résistance : en nous souvenant de Clarissa, nous affirmons que nous ne céderons pas à la peur », a-t-il promis.

Des gerbes de fleurs ont ensuite été déposées au pied de la plaque commémorative, puis la sonnerie aux morts a retenti, avant un temps de recueillement silencieux. La Marseillaise a ensuite été entonnée. L’hôtel de police municipale a également été renommé du nom de la policière, « un symbole fort » selon le maire.

« Sacrifice ultime »

« C’est un lieu de protection, mais aussi un lieu de mémoire, où le nom de Clarissa rappellera constamment le sacrifice ultime qu’elle a consenti pour assurer notre sécurité », a déclaré l’édile lors d’une cérémonie devant le bâtiment en présence de plusieurs dizaines d’habitants de Montrouge. « Nous affirmons ensemble notre refus de céder à la peur. (…) Malgré cette épreuve, notre ville a su rester forte. (…) Bien qu’éprouvée par le terrorisme, elle reste debout, fière et résolue », a-t-il insisté, avant de dévoiler la plaque au nom de la policière, sous les applaudissements.

Tôt ce mercredi matin, le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, avait aussi rendu hommage sur X à la policière, originaire de Martinique. « Ce 8 janvier 2015, elle était venue à 7h20 pour sécuriser un accident de la route à Montrouge. À 8h04 elle est touchée dans le dos par une balle tirée par le terroriste islamiste Amedy Coulibaly », a-t-il rembobiné. « Elle était policière et elle est morte parce qu’elle était policière. Aujourd’hui, nous honorons sa mémoire. »

Du 7 au 9 janvier 2015, les frères Chérif et Saïd Kouachi et Amedy Coulibaly avaient ciblé la liberté d’expression, les forces de l’ordre et la communauté juive, lors d’attaques « coordonnées », bien que revendiquées par deux entités distinctes, Al-Qaïda dans la péninsule arabique (Aqpa) et l’organisation État islamique (EI).


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Douze personnes, dont huit membres de la rédaction de Charlie Hebdo, avaient perdu la vie dans l’attaque de l’hebdomadaire par les frères Kouachi, Français d’origine algérienne. Après deux jours de traque, ils avaient été abattus par le GIGN, groupe d’élite de la gendarmerie, dans une imprimerie de Dammartin-en-Goële (Seine-et-Marne), où ils s’étaient retranchés. Un hommage a été rendu aux victimes mercredi à Paris, lors d’une cérémonie solennelle.

Outre Clarissa Jean-Philippe, un autre policier à Paris et quatre personnes de confession juive qui se trouvaient dans un magasin casher porte de Vincennes, avaient également été tués durant ces trois jours de terreur.

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