Voici les principaux points de la réforme voulue par le Premier ministre.
Secouer… sans braquer. Gabriel Attal est sorti du bois sur l’assurance chômage. Il y aura bien une nouvelle réforme. « L’objectif, c’est le plein-emploi » a rappelé le Premier ministre au journal télévisé de TF 1, insistant sur la nécessité de serrer la vis de l’indemnisation chômage pour « inciter davantage à la reprise d’emploi ». « Le contexte financier a changé » et « le système reste décalémalgré deux réformes en 2019 et 2023 », plaide l’un de ses conseillers.
S’il y a urgence à agir, le calendrier annoncé par le Premier ministre va laisser le temps aux discussions. « Je suis attaché au dialogue », a-t-il répété. Contrairement à la suggestion radicale du ministre de l’Économie d’une reprise en main, les partenaires sociaux qui pilotent l’assurance chômage (via l’Unédic) continueront d’être aux manettes. « J’ai demandé à ma ministre du Travail de préparer de nouvelles négociations », dit l’hôte de Matignon.
« Réduire de plusieurs mois la durée d’indemnisation »
Une lettre de cadrage devrait être envoyée d’ici fin avril. À charge pour les partenaires sociaux de faire bouger les lignes « d’ici l’été », a précisé le Premier ministre. Avec des leviers fixés à l’avance : « Un des paramètres pourrait être de réduire de plusieurs mois la durée d’indemnisation (de 18 mois aujourd’hui), mais pas en dessous de 12 mois », a tracé Gabriel Attal. Autre scénario, durcir les conditions pour bénéficier d’une allocation. Aujourd’hui, il faut avoir travaillé six mois sur les deux dernières années. « Là aussi, on peut imaginer d’augmenter le temps de travail requis ou réduire la durée de référence » esquisse-t-il.
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Dernière piste évoquée, celle du niveau d’indemnisation, en revoyant les paramètres de la dégressivité (30 % en moins au bout de sept mois) en vigueur pour les plus hauts salaires depuis 2021. « Cela a moins ma préférence », glisse Attal. Et si les partenaires sociaux ne parvenaient pas à trouver un accord à l’issue du délai fixé, scénario assez probable selon les confidences des syndicats ? Le gouvernement reprendra alors la main. Dans tous les cas, la réforme n’entrera pas en vigueur au mieux avant l’automne.
Une « réforme budgétaire » pour les syndicats
La méthode et les délais réussiront sans doute à calmer, à court terme, le patronat et surtout les syndicats qui ont déjà l’arme aux pieds contre ce qu’il qualifie de « réforme budgétaire ». Le Premier ministre l’a confirmé, ils sont assurés de pouvoir terminer les négociations sur les seniors (le 8 avril prochain). Mais aussi celles sur les filières d’indemnisation des plus de 55 ans (le 10 avril), un avenant attendu par le gouvernement pour finaliser la nouvelle convention d’assurance chômage signée en novembre 2023 et dont la mise en œuvre a été repoussée.
Il s’agit de repousser de deux ans (en cohérence avec la réforme des retraites) toutes les bornes d’âge des allocataires seniors qui ouvrent une durée d’indemnisation plus longue : la durée est actuellement de 22,5 mois quand on est âgé de 53 à 54 ans et 27 mois pour les 55 ans ou plus, contre 18 mois pour les tous les autres. « S’ils respectent ce cadre, nous donnerons notre agrément à la nouvelle convention d’assurance chômage. Elle s’appliquera comme convenu au 1er juillet », affirme Matignon. En attendant que les nouvelles règles prennent le relais…