Diplomatie, écologie… À quoi sert la visite d’État du roi Charles en France?

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(FILES) In this file photo taken on December 16, 2022 Britain's King Charles III reacts as he visits the facilities of JW3, a Jewish community centre that is open to all faiths, and acts as a hub for the arts, culture, social action and learning, in London. - The coronation weekend for King Charles III, that will take place on May 6, 2023, will feature a star-studded concert, nationwide "big lunch" and volunteering initiative as well as the traditional ceremony and royal processions, Buckingham Palace announced late on January 21, 2022. (Photo by Ian Vogler / POOL / AFP)

Visite d’État de Charles III en France: que va faire le monarque britannique durant 3 jours?

Il sera beaucoup question d’amitié franco-britannique mercredi, jeudi et vendredi, jours de la visite d’État du roi Charles en France. Pendant ces trois jours, le nouveau souverain, qui a succédé à sa mère la reine Elizabeth II, en septembre 2022, va arpenter les Champs-Elysées, prononcer un discours au Sénat, parler climat avec Emmanuel Macron à l’Élysée, dîner à Versailles… Il parlera aussi sport à Saint-Denis et environnement à Bordeaux. Un programme à la fois chargé et riche en symboles.

Mais si le roi Charles est un chef d’État, son rôle n’est que symbolique. À quoi peut donc bien servir sa venue? « Cette visite sert tout d’abord les intérêts et même essentiellement les intérêts diplomatiques de la Grande-Bretagne », souligne l’historien Philippe Chassaigne, invité du Podcast royal de BFMTV.

Pas plus que sa mère, Charles ne choisit les pays dans lesquels il doit se rendre en visite officielle, précise le spécialiste de l’histoire britannique, auteur d’Histoire de l’Angleterre (Flammarion).

Francophilie et questions écologiques

C’est en France que Charles devait effectuer sa première visite d’État, puis en Allemagne. Il a finalement dû annuler sa venue à Paris en mars, en raison des mouvements sociaux liés à la réforme des retraites.

« Ces deux premières visites en France et en Allemagne étaient destinées, dans l’esprit du gouvernement britannique, à marquer le fait que même si la Grande-Bretagne a coupé les liens institutionnels avec l’Union européenne, elle ne se détourne pas du continent européen et qu’elle tient à continuer à entretenir de bonnes relations avec les deux pays qui sont le moteur de l’Europe », analyse Philippe Chassaigne.

La visite du roi doit également permettre de célébrer l’amitié franco-britannique, comme l’ont souligné Londres et Paris le 6 septembre dernier, à l’annonce des grandes lignes du programme de Charles en France.

« La visite d’État va célébrer la relation de la Grande-Bretagne avec la France, soulignant notre histoire, notre culture et nos valeurs communes », a déclaré le secrétaire privé du roi, Chris Fitzgerald.

S’il n’a pas choisi sa destination, le roi Charles est cependant un souverain très francophile. Il parle très bien français, tout comme la reine Elizabeth qui s’exprimait presque sans accent. Charles a effectué plus de 30 visites officielles en France lorsqu’il était prince de Galles et connaît donc bien le pays.

Son programme, s’il comporte quelques passages obligés comme la tombe du Soldat inconnu ou le dîner d’État à Versailles, reflète aussi les intérêts et la personnalité du roi.

Son voyage à Bordeaux, en train, pour découvrir une forêt expérimentale après les incendies de 2022, mais aussi sa visite d’un vignoble bio, château Smith Haut Lafitte, qui est un grand cru de Pessac-Léognan, témoignent ainsi de sa conscience écologique.

« C’est quelque chose qu’il a affirmé très tôt, dès les années 1970 », rappelle Philippe Chassaigne. « C’est aussi une façon de montrer qu’il n’y a pas qu’en Angleterre qu’il s’intéresse aux questions écologiques. »

Marge de manœuvre limitée

Des questions que le roi évoquera peut-être aussi, lorsqu’il s’adressera devant le Sénat aux députés et aux sénateurs. Mais la marge de manœuvre du souverain est cependant fort limitée, souligne l’historien. Et si son discours au Bundestag devant les députés allemands a été qualifié de très politique – il avait notamment déclaré que l’invasion russe de l’Ukraine « menace la sécurité de l’Europe » -, il avait été visé par le gouvernement britannique.

« Le souverain ne va pas prononcer un discours qui n’a pas été relu et validé par le ministre des Affaires étrangères et le Premier ministre », assure Philippe Chassaigne.

Le roi parvient cependant à imprimer son style à ses discours. Peut-être, avance l’historien, parce qu’il a été habitué à exprimer son opinion avant d’accéder au trône. Prince de Galles bavard et interventionniste, « il passait son temps à envoyer des mémorandums, des notes aux différents ministres en indiquant ce qu’il pense être bon pour le pays ».

Il est aujourd’hui un roi prudent, qui ne donne plus son avis, mais qui incarne davantage ses discours que ne le faisait la reine.

Article original publié sur BFMTV.com

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