Didier Raoult « se rêvait prix Nobel et est devenu leader des complotistes », tacle sa fille

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L'IHU Méditerranée Infection de Didier Raoult Vera esteves Le professeur marseillais Didier Raoult

Magali Carcopino-Tusoli, médecin de profession, en conflit judiciaire avec le fidèle bras droit de son père, a égratigné le professeur dans une interview publiée ce dimanche par L’Express.

Ils ne passeront pas leurs vacances ensemble, comme le disait en son temps le regretté Thierry Roland. L’histoire n’a aucun lien avec le football, même si elle se déroule à Marseille. Magali Carcopino-Tusoli, la fille de Didier Raoult, a la dent dure contre le célèbre professeur, dans un entretien paru dans L’Express ce dimanche. Celle qui ne porte plus le nom de son père vient d’être déboutée dans une procédure contre un des très proches collaborateurs de Didier Raoult, qu’elle accusait de diffamations à l’égard d’elle-même et de son mari.

Magali Carcopino-Tusoli, spécialiste en médecine vasculaire à l’hôpital Sainte-Marguerite de Marseille (AP-HM), en froid avec le professeur depuis plus de dix ans, avait critiqué les études de l’IHUm sur l’hydroxychloroquine, le traitement promu par son père lors de la crise du Covid-19. Elle avait alors été la cible de critiques et d’attaques violentes de la part d’un compte Twitter intitulé « Le professionnel ». Elle et son mari soupçonnent Éric Chabrière, le fidèle bras droit chargé de la défense de l’IHUm sur les réseaux sociaux, d’être derrière ces attaques, selon l’hebdomadaire. Déboutée, elle va faire appel de la décision de justice.

« Nous avons apporté la preuve, fournie par Twitter, que le numéro de téléphone associé à ce compte est le même que celui de M. Chabrière. Son avocat a argué que ce numéro est public et que n’importe qui pouvait l’utiliser. La juge a estimé qu’un doute persistait et qu’il devait bénéficier à l’accusé, d’où la relaxe », explique la plaignante dans cette interview.

« Il n’a jamais supporté la contradiction »

Dans ce long entretien, la médecin renvoie aussi son père au père au terminus des prétentieux. « Je ne déteste pas le Pr Raoult. Cela fait plus de dix ans que nous ne nous parlons plus et, aujourd’hui, j’ai de la peine pour lui. Il se rêvait prix Nobel, il est devenu le leader des complotistes et des antivax », écorne-t-elle, tout en niant toute acrimonie particulière à l’égard de la figure scientifique phocéenne. « Je crois que beaucoup de gens ne savent pas qu’il est possible de pas avoir un raisonnement uniquement binaire – aimer ou détester – et qu’on peut réfléchir et critiquer autrement qu’avec des biais haineux », explique celle qui a rapidement douté des effets du produit prôné par Didier Raoult.

« Il n’a jamais supporté la contradiction. Il est impossible de survivre avec lui si on n’est pas d’accord sur tout, juge-t-elle encore. Ce comportement l’a poussé à s’isoler, à se couper de toute critique et à s’enfermer à l’intérieur d’une sphère d’adoration ».

Elle explique également que son émancipation du cercle familial lui a valu l’opprobre d’un père se voulant omnipotent. Elle rappelle surtout les responsabilités qui lui incombent en tant que scientifique. « Mon travail au Centre hospitalier universitaire (CHU) implique aussi une mission de service public – que je prends très au sérieux – qui consiste notamment à ne pas laisser passer les fake news médicales, à ne pas tolérer que des personnes exerçant des responsabilités dans des structures de soins disent des énormités ». Une nouvelle pierre dans le jardin de son père, dans la tourmente depuis plusieurs mois.

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