Un petit groupe s’est introduit dans le domaine dimanche en proférant des propos racistes, avant d’être rapidement délogé par les gendarmes. L’association Emmaüs Solidarité, qui gère l’accueil sur place de réfugiés politiques africains arrivant de Mayotte, se dit consternée.Par Mickaël Sizine
« Un spectacle effrayant de haine et d’indignité. » Par ces quelques mots, le directeur général d’Emmaüs Solidarité, Lotfi Ouanezar, dit sa consternation après ce qu’il s’est passé dimanche au domaine de Thiverval-Grignon. Dans ce château des Yvelines où l’association gère l’accueil de plusieurs réfugiés politiques africains arrivés de Mayotte, un groupe extérieur a fait irruption pour proférer des chants racistes, fumigènes allumés.
Selon nos informations, l’épisode a été bref et rapidement maîtrisé par les gendarmes. L’extrême droite se montre particulièrement vindicative depuis l’arrivée de ces réfugiés, le 26 février dernier. Un message d’opposition martelé par plusieurs personnalités politiques à l’image de Jordan Bardella (RN), ainsi que chez Reconquête, comme Marion Maréchal ou l’eurodéputé Gilbert Collard. Un parti qui avait déjà organisé une manifestation à Grignon fin 2022. À l’époque, c’était pour s’opposer à l’accueil de 200 réfugiés sans abri. Sans écho particulier parmi les riverains.
Le 26 février dernier, le domaine de Thiverval-Grignon a accueilli 198 ressortissants congolais de la région du Kivu, en proie à la guerre civile, mais aussi du Rwanda, de la Somalie ou encore du Burundi. Il s’agit principalement de familles et de femmes seules, dont l’accueil est provisoire : la majeure partie avait déjà quitté les lieux en fin de semaine dernière en vue d’hébergements pérennes en province.
Emmaüs dénonce « une déferlante de haine et de désinformation »
« Nous sommes en colère contre cette déferlante de haine et de désinformation faite autour du site, les familles n’occupent pas le château mais des annexes et des résidences pour étudiants, vides depuis des mois », déplore Lotfi Ouanezar dans un communiqué publié sur les réseaux sociaux. Quelques jours plus tôt, son association avait déjà rappelé que « Face aux polémiques inutiles, rappelons que dans la rue ou dans l’annexe inoccupée d’un château, ce que nous défendons, c’est la solidarité ».
« Pour rappel, Emmaüs Solidarité a ouvert ce centre d’hébergement pour accueillir des familles/enfants venant de Mayotte et ayant obtenu l’asile en France », souligne Lotfi Ouanezar. Lequel a également salué le travail mené avec les services de l’Etat, la mairie de Grignon « sans oublier la bienveillance des riverains ».
Pour le sénateur communiste de Paris, Ian Brossat, « l’extrême droite a de nouveau frappé ». Ce que dénonce également la fédération des Yvelines de la Ligue des Droits de l’Homme dans un communiqué ce mardi. Elle « dénonce le comportement de groupuscules d’extrême droite qui, s’étant introduit dans le domaine de Thiverval-Grignon, ont proféré des menaces et commis des exactions constitutives d’incitation à la haine à caractère raciste ».
La LDH rappelle que « c’est dans le cadre du fonctionnement d’un centre d’hébergement d’urgence que les violences ont été commises », mais aussi que « les personnes accueillies étaient toutes bénéficiaires du statut de réfugié et devaient, à ce titre, être spécialement protégées » contre toutes sortes d’agressions.