Déclaration de politique générale, examen du budget et motion de censure : ce qui attend le gouvernement Bayrou cette semaine

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Vote de la loi spéciale pour le budget d'urgence à l'Assemblée Nationale cet après_midi. © LP/Jean-Baptiste Quentin

François Bayrou prononcera mardi son grand oral devant l’Assemblée nationale, avant l’examen plus tard dans la semaine d’une motion de censure annoncée par les Insoumis. Le Sénat doit par ailleurs reprendre ses débats sur la partie « dépenses » du budget de l’État dès mercredi.

À Matignon comme dans l’hémicycle, l’agenda de la semaine s’annonce chargé. À la veille de sa déclaration de politique générale, François Bayrou poursuit lundi ses tractations afin d’éviter la censure de la gauche sans perdre ses alliés de LR qui haussent le ton. Au cœur des discussions encore et toujours, la réforme des retraites.

Ce lundi, les syndicats agricoles ont été reçus à Matignon par François Bayrou, la FNSEA réclamant une concrétisation d’engagements budgétaires, fiscaux et législatifs, tandis que la Coordination rurale a dit attendre le discours de politique général du Premier ministre.


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Un rendez-vous a eu lieu lundi à Matignon entre le chef du gouvernement et les présidents des deux chambres du Parlement, Gérard Larcher et Yaël Braun-Pivet. Le patron des socialistes Olivier Faure a également eu un « échange » lundi soir avec François Bayrou, dont les arbitrages sont attendus après une semaine d’intenses discussions à Bercy. Les socialistes ont fait estimé dans la foulée qu’il n’y avait pas eu « d’avancée significative » dans les négociations.

Pour sa rentrée, l’Assemblée s’empare de la loi d’urgence sur Mayotte

L’Assemblée entame lundi l’examen en commission du projet de loi d’urgence pour Mayotte, premier texte présenté par le gouvernement Bayrou. Il devrait être adopté sans difficulté, car la sensible question migratoire n’y est pas abordée, remise à plus tard, au grand dam d’une partie des élus locaux et du RN.

Le texte vise à mettre en place en urgence des mesures pour la reconstruction de l’archipel. Le nouveau ministre des Outre-mer, Manuel Valls, introduira les débats de la commission des Affaires économiques à 15 heures, faisant à cette occasion son grand retour dans le chaudron parlementaire.

Un discours de politique générale attendu

Mardi à 15 heures, à l’Assemblée nationale, le Premier ministre fera sa déclaration de politique générale. Un grand oral qu’il prépare minutieusement depuis fin décembre. « Il s’est mis à l’écriture de son discours. Il s’organise comme avec ses bouquins : il rédige durant 24 heures puis n’y touche plus durant trois jours pour laisser infuser », nous rapportait récemment un proche de Bayrou.


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François Bayou a conscience que ce discours « appartiendra à l’Histoire car il va poser sa pensée pour la première fois », a indiqué dans nos colonnes Pauline Caillat, directrice générale de Havas. Par conséquent, l’agrégé en lettres classiques peaufinera son texte jusqu’au dernier instant.

Reprise de l’examen du projet de Budget

Suspendu par la censure en décembre du gouvernement Barnier, l’examen du projet de budget de l’État pour 2025 – le projet de loi de finances (PLF) – va reprendre ce mercredi au Sénat. La chambre haute a approuvé le volet des recettes et reprend cette semaine l’examen de la partie relative aux dépenses. Plusieurs « missions budgétaires » restent encore à son agenda, comme l’Outre-mer (mercredi), l’agriculture (vendredi) ou encore la défense (samedi).

Le vote solennel sur l’ensemble du projet de budget de l’État est prévu le 23 janvier au Sénat, en première lecture. À partir de là, le gouvernement peut convoquer une commission mixte paritaire (CMP), réunion de sept sénateurs et sept députés chargés de proposer des ajustements pour aboutir à un texte de compromis. S’ils y parviennent, la version de consensus serait ensuite soumise à un ultime vote des deux chambres. À l’Assemblée nationale se poserait alors à nouveau la question de l’utilisation du 49.3 par le gouvernement.

Motion de censure en vue

Un premier obstacle pour le gouvernement Bayrou. Les Insoumis, qui ne participent pas aux négociations, ont d’ores et déjà annoncé qu’ils déposeraient une motion de censure, qui sera examinée jeudi ou vendredi. Faute de soutien du RN à cette motion, le gouvernement ne devrait de toute façon pas tomber cette semaine.

Mais, s’il ne veut pas chuter dans les prochaines semaines sur le budget – Jordan Bardella ayant prévenu lundi sur RTL que pour le RN « les mêmes causes entraîneront les mêmes effets » – François Bayrou doit obtenir un accord de non-censure avec la gauche non mélenchoniste qui réclame en échange la « suspension » de la réforme des retraites.


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« S’il y a une grande avancée sur les retraites, ça vaut accord de non-censure », a reconnu le secrétaire national du Parti communiste Fabien Roussel sur RTL. Les socialistes réclament que cette suspension soit effective dès le début de la renégociation de la réforme envisagée pour six mois avec les partenaires sociaux, et non pas uniquement en cas de succès de celle-ci. « La suspension c’est le gage donné à une discussion qui ne peut pas être un enfumage », soutient Olivier Faure dans Libération.

La droite menace de son côté de quitter le gouvernement si François Bayrou fait trop de concessions à la gauche. Dans un entretien accordé au Parisien, le patron des députés LR Laurent Wauquiez a estimé que « suspendre (la réforme) sans scénario alternatif » reviendrait à « sauter dans le vide sans parachute. Ce sera sans la Droite républicaine ! ».

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