INTERNATIONAL – Elle dépeint des scènes « horribles ». Haïti, en proie à une guerre des gangs, vit une situation « presque sortie d’une scène de Mad Max », film qui dépeint un futur post-apocalyptique, a affirmé ce dimanche 17 mars la directrice exécutive de l’Unicef, organisme de l’ONU chargé de protéger les droits de chaque enfant.
« Beaucoup, beaucoup, de personnes souffrent gravement de la faim et de la malnutrition, et nous ne parvenons pas à leur apporter suffisamment d’aide », a déclaré Catherine Russell dans une interview à la chaîne américaine CBS.
Ce pays pauvre des Caraïbes, et notamment sa capitale Port-au-Prince, est le théâtre d’une flambée de violences des gangs ces dernières semaines, comme nous vous l’expliquons dans la vidéo ci-dessous. Les Haïtiens attendent l’instauration d’un conseil présidentiel de transition après l’annonce de la démission du Premier ministre contesté Ariel Henry, qui expédie désormais les affaires courantes.
Crise en Haïti : comment les gangs armés s’emparent du pays et le plongent dans le chaos
Couvre-feu prolongé jusqu’à mercredi
Les gangs contrôlent des pans entiers du pays, notamment 80 % de la capitale et sont accusés de nombreuses exactions, en particulier meurtres, viols, et enlèvements contre rançon.
« D’une façon ou d’une autre, nous devons prendre davantage le contrôle de la situation, de manière à faire entrer l’aide » en Haïti, a plaidé Catherine Russell samedi, citant la litanie de catastrophes qui ont touché le pays depuis près de 15 ans : « tremblements de terre, choléra, Covid… ». La situation actuelle « est la pire que quiconque ait vue depuis des décennies », a-t-elle ajouté.
Dimanche, le couvre-feu a été prolongé jusqu’à mercredi dans le département de l’Ouest, qui comprend Port-au-Prince. L’état d’urgence doit prendre fin le 3 avril.
Le Kenya, qui doit déployer un millier de policiers dans le cadre d’une mission multinationale de sécurité, a annoncé suspendre l’envoi de ses hommes, mais a assuré qu’il interviendrait une fois un conseil présidentiel installé.
De son côté, les États-Unis ont évacué d’Haïti plus de 30 ressortissants américains, à bord d’un vol charter affrété par le gouvernement. Ils ont atterri en Floride dimanche, a annoncé le Département d’État.
Pont aérien avec la République dominicaine
Alors que l’aéroport de Port-au-Prince reste fermé, la mission de l’ONU en Haïti a annoncé mercredi la mise en place le plus tôt possible d’un « pont aérien » entre Haïti et la République dominicaine voisine par hélicoptère, notamment pour faciliter l’acheminement de l’aide humanitaire.
Le port principal de la capitale est également à l’arrêt depuis le 7 mars, face à des actes « de sabotage et de vandalisme » selon son opérateur, compliquant l’acheminement d’aide internationale.
Un container de l’Unicef, « comprenant des fournitures cruciales de santé maternelle, néonatale et infantile », a été pillé samedi dans ce port, a annoncé l’agence de l’ONU dans un communiqué. « Cet incident intervient à un moment critique, quand les enfants en ont le plus besoin », a ajouté l’Unicef.