UKRAINE – L’Union européenne tente toujours de calmer la colère des agriculteurs et sa dernière décision en date en est une nouvelle preuve. Dans la nuit de mardi à ce mercredi 20 mars, les 27 et le Parlement européen se sont entendus pour plafonner certaines importations agricoles ukrainiennes exemptées de droits de douane.
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Cet accord reconduit pour un an, à partir de juin l’exemption de droits de douane accordée depuis 2022 à l’Ukraine dans le contexte de la guerre. Toutefois des « mécanismes de sauvegarde » ont été mis en place sur des produits « particulièrement sensibles » tels que les œufs, les volailles, le sucre, l’avoine, le maïs, les gruaux, et le miel. Le Parlement évoque un « frein d’urgence » pour ces denrées. Cela ne concerne toutefois pas le blé et l’orge comme le réclamaient les eurodéputés.
Le mécanisme plafonne de facto les volumes d’importation de ces produits aux niveaux moyens importés par l’UE en 2022 et 2023, au-delà desquels des droits de douane seront réimposés.
Concurrence « déloyale »
Les agriculteurs européens accusent l’afflux de produits ukrainiens de plomber les prix locaux, notamment dans les pays riverains. Ils accusent ces produits de relever d’une concurrence « déloyale », faute de satisfaire à certaines normes concernant notamment la taille des élevages ou l’usage de produits phytosanitaires.
Ce dossier alimente la colère en particulier en Pologne, où les cultivateurs mécontents bloquent ces dernières semaines des passages frontaliers avec l’Ukraine, comme avec l’Allemagne.
Pour répondre aux préoccupations, la Commission européenne avait proposé de reconduire l’exemption de droits de douane, mais en prévoyant « des mesures correctives » pouvant être rapidement adoptées en cas de « perturbations importantes » sur le marché, y compris si cela ne concerne qu’un seul État membre.
Un plafonnement critiqué
Les eurodéputés avaient voté massivement jeudi dernier pour réclamer d’étendre le « plafonnement » aux céréales (blé, orge, avoine, maïs) ainsi qu’au miel.
Ils souhaitaient aussi calculer la période de référence sur la moyenne de trois années (2021-2023). Les organisations agricoles critiquaient le fait que le plafonnement proposé par Bruxelles corresponde aux volumes élevés des deux dernières années, à l’origine de la crise.
Les ambassadeurs des Vingts-Sept avaient ensuite eux aussi ouvert la porte lundi à des limitations sur certaines céréales.
Aider les produits ukrainiens à retrouver « leurs marchés d’origine »
Dans d’ultimes négociations, « les eurodéputés ont obtenu de la Commission l’engagement ferme d’agir en cas d’augmentation des importations ukrainiennes de blé », précise le Parlement. Et Bruxelles sera tenu d’agir « plus rapidement, dans un délai de 14 jours au lieu de 21 jours (comme prévu initialement) si les seuils de déclenchement des mécanismes de sauvegarde sont atteints ».
« En parallèle, le travail est engagé pour permettre aux produits agricoles ukrainiens de retrouver leurs marchés d’origine auxquels le conflit avait un peu fermé l’accès » en Afrique et au Moyen-Orient, pour qu’ils ne restent pas bloqués en Europe, avait insisté mardi une source gouvernementale française.
Les Vingts-Sept avaient assoupli les règles d’importation de produits agricoles ukrainiens comme mesure de soutien à Kiev après l’invasion russe déclenchée en février 2022. L’Ukraine représente une des principales puissances agricoles du continent européen.