Le ministre de l’Économie Antoine Armand a annoncé dimanche soir que l’État allait devenir actionnaire d’Opella alors qu’un « accord tripartite » a été trouvé entre l’Etat, Sanofi et le fonds américain CD&R pour la cession de la filiale du groupe pharmaceutique de produits sans ordonnance.
L’État a obtenu « des garanties » sur l’emploi, la production et le développement de la filiale de Sanofi, Opella, qui commercialise le Doliprane, a annoncé dimanche soir le ministre de l’Économie Antoine Armand sur X.
« L’État, via Bpifrance, sera actionnaire pour y veiller », a-t-il ajouté. Dans la foulée, Bercy a confirmé qu’« un accord tripartite » a été trouvé entre l’Etat, Sanofi et le fonds américain CD&R pour la cession de la filiale du groupe pharmaceutique de produits sans ordonnance.
« Il est bien qu’un opérateur public, comme Bpifrance par exemple, puisse entrer au capital. Je crois que c’est une bonne option parce que cela permet d’être au conseil d’administration, d’être dans la gouvernance pour assurer le maintien des conditions » réclamées par le gouvernement dans ce dossier, avait estimé plus tôt dans la journée le ministre chargé du Budget et des comptes-publics, Laurent Saint-Martin. Quant à savoir combien coûtera aux finances publiques cette montée au capital d’Opella ? Aucun chiffre n’a été communiqué.
La banque publique d’investissement « Bpifrance devrait participer en tant qu’actionnaire minoritaire à hauteur d’environ 2% », a toutefois précisé Sanofi dans un communiqué ce lundi matin. « Sanofi et CD&R sont entrés en négociations exclusives pour la cession et l’acquisition potentielles d’une participation de contrôle de 50% dans Opella », précise groupe français qui précise que l’offre de CD&R est « ferme et entièrement financée ».
Des engagements en matière d’emplois
Depuis plusieurs jours, le gouvernement tente de rassurer sur le devenir des sites français d’Opella et du Doliprane en multipliant les déclarations sur les engagements écrits demandés aux parties prenantes en matière d’emplois et de sécurité d’approvisionnement.
« On a atteint le plus haut niveau de garanties possible dans les discussions » avec Sanofi sur ce dossier, ont ainsi fait savoir ce dimanche soir les cabinets des ministres de l’Economie et de l’Industrie » .
Le fait d’avoir « un représentant de l’Etat au sein du conseil d’administration » d’Opella est un « point de contrôle supplémentaire » pour suivre le respect de ces engagements qui sont « associés à des sanctions pécuniaires lourdes », ont-ils ajouté. « Sanofi a consenti à des exigences élevées », selon eux.
Ces conditions comprennent « le maintien de l’emploi » sur les sites français d’Opella à Lisieux (Calvados) et Compiègne (Oise), au siège et au niveau des centres de recherche et développement, rappelait Laurent Saint-Martin, faisant aussi valoir l’outil de contrôle des investissements étrangers en France (IEF) mis à disposition de l’État. « Le sujet du Doliprane est immensément stratégique dans un enjeu de souveraineté sanitaire. Nous avons besoin de maintenir la production chez nous et les chaînes d’approvisionnement », a-t-il souligné.
Les salariés toujours pas rassurés
Dimanche soir, Bercy a également indiqué que l’Etat avait obtenu des garanties d’investissements. « C’est sans doute la plus précieuse des garanties, a insisté le cabinet de Marc Ferracci, le nouveau ministre de l’Industrie. C’est décisif pour l’ancrage en France de l’entreprise ».
L’accord tripartite ne semble toutefois pas de nature à rassurer les salariés. « On aurait aimé que Bpi France reprenne des parts du fonds américain, et non de Sanofi, pour que le fonds de pension soit minoritaire. Malheureusement, il semblerait que ça ne soit pas le cas », réagit Adrien Mekhnache, délégué syndical central adjoint CFDT sur le site de Compiègne. Le mouvement de grève est donc maintenu sur les deux sites industriels, dans l’Oise et le Calvados, en ce début de semaine. « On va continuer à mettre la pression au gouvernement pour qu’il déclenche le décret Montebourg. »