Ce métier recrute : éducateur à la protection judiciaire de la jeunesse

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jeunes issus de la protection judiciaire de la jeunesse, dans les ateliers de formation de l'association Appel d'Aire, située dans les quartiers nord de Marseille. Marseille, France, 2017

Quelque 224 postes sont à saisir cette année pour devenir éducateur à la PJJ, qui dépend du ministère de la Justice. Avec l’objectif de jouer un rôle important pour permettre aux jeunes de retrouver un parcours de vie plus serein.

L’actualité est terrible. Les faits divers dramatiques impliquant des adolescents sont nombreux ces dernières semaines. Bien en amont des déclarations du Premier ministre sur la nécessité d’une plus grande fermeté envers les jeunes, les fonctionnaires de la place Vendôme avaient déjà lancé une grande campagne de recrutement d’éducateurs pour la PJJ, comprenez protection judiciaire de la jeunesse. Plus de 200 postes sont à prendre cette année au cœur d’une fonction centrale dans le processus judiciaire proposé aux délinquants, afin qu’ils sortent d’une spirale souvent négative et puissent se réinsérer au mieux dans la société.

Le rôle de l’éducateur de la PJJ est donc capital et nécessite une formation approfondie. « Elle s’effectue en alternance, avec une grande part de terrain. On mélange théorie et pratique pendant 46 semaines, lance en préambule Magalie Léger, formatrice au pôle territorial Île-de-France et outre-mer. Ces personnes ont le statut de stagiaire de la fonction publique et sont rémunérées pendant leur formation à hauteur de 1 800 euros (comptez 3 500 euros net en fin de carrière). »

À l’issue des 18 mois de formation, un classement est établi et permet au futur éducateur de choisir son affectation partout dans l’Hexagone, en fonction des postes libres. La spécialiste précise : « Il ne faut pas oublier que nous intervenons dans un cadre contraint, à la suite d’une décision judiciaire. Dans notre identité, il est profondément inscrit que nous sommes là pour délivrer un accompagnement socio-éducatif des enfants, des adolescents et des familles. Vraiment, l’éducatif est au cœur de notre métier. »


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Patience et créativité sont deux qualités indispensables pour encadrer au mieux les mineurs. « Patience car nous devons sans cesse créer du lien avec ces ados en rupture, et créativité parce que nous intervenons là où d’autres ont échoué avant nous », précise encore Magalie Léger. Le futur éducateur doit donc posséder de grandes qualités d’adaptabilité au sens large. Les jeunes qu’il croise sont soit en foyer, en détention ou en milieu ouvert.

« Nous avons plusieurs rôles : éclairer la décision judiciaire – certains éducateurs exercent dans un tribunal – mais aussi effectuer un travail éducatif important sur la scolarité, pour les emmener vers un domaine professionnel dans lequel ils puissent s’épanouir. C’est une profession pluridisciplinaire. Elle nécessite une grande réflexion de synthèse et aussi une capacité à travailler en équipe », avoue Bathilde Groh directrice territoriale de la PJJ des Yvelines.

Un travail sur-mesure

Yoann Resplandy, éducateur à l’unité éducative d’hébergement collectif d’Aubergenville (Yvelines), a été conquis par ce métier : « Ce qui me rend le plus heureux ? C’est de voir, avec tout le temps que je passe avec un ou plusieurs jeunes, que la ou les situations personnelles ont avancé. Il faut s’armer de patience, sans cesse échanger, discuter et entendre ce qu’ils ont à nous dire pour ensuite essayer de les convaincre de l’intérêt de la mise en place d’un projet individuel. On prend les décisions avec les familles, les responsables légaux. »

L’éducateur multiplie donc les initiatives pour sortir ces jeunes de leur environnement et proposer des activités structurantes qui leur permettent ensuite de voir l’avenir différemment. Une sortie de plusieurs jours à vélo peut être l’occasion d’évoquer les enjeux de sécurité, de santé, de règles à respecter sur la route, un projet en lien avec l’équitation de travailler sur de la médiation animale, d’organiser une olympiade, d’axer le travail sur le dépassement de soi.


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« Nous devons permettre à ces jeunes de retourner progressivement vers leur famille d’origine, leur famille d’accueil ou dans un foyer de travailleurs. L’éducateur fait donc du sur-mesure, tout est individualisé. Aujourd’hui, à la PJJ, les missions sont très diverses, les parcours des équipes très différents et donc riches en connaissances », affirme Bathilde Groh. « Nous avons dans les promotions de multiples profils. Aussi bien des gens qui ont déjà eu un ou des métiers précédemment que des jeunes qui sortent d’une fac de psycho, de droit ou de sciences de l’éducation avec un bac + 3. Cette variété apporte beaucoup. Surtout, c’est une profession qui évolue sans cesse, comme notre société », conclut Magalie Léger.

A vous de jouer :

Site à consulter : lajusticerecrute.fr

Les livres : « Éduc, un métier sur le fil du rasoir », de Sophie Moreau, Éd. Érès, 264 p., 23 euros ; « Le métier d’éducateur de la PJJ », de Véronique Freund, Éd. La Découverte, 190 p., 19 €.

IL RECRUTE – « 224 postes à pourvoir cette année »

Olivier Hermez, adjoint au sous-directeur des ressources humaines et des relations sociales de la direction de la protection judiciaire de la jeunesse, est en pleine phase de recrutement des promotions 2024 d’éducateurs. À l’heure où la profession, comme la fonction publique dans son ensemble, connaît un problème d’attractivité.

LES PROFILS. Nous recherchons des personnes avec un niveau bac + 3 ou un diplôme d’éducateur spécialisé, ou encore avec déjà au moins quatre ans d’ancienneté dans la fonction publique en collectivité territoriale notamment, et même des adjoints administratifs de la PJJ. Il faut des gens qui aient un sens fort de l’engagement, car c’est une mission prenante et importante pour la société. Pour cela, il convient de posséder le sens du contact, savoir travailler en équipe, être capable de créer du lien social, d’aller vers les gens. C’est un métier qui permet aussi d’exercer partout dans l’Hexagone et en outre-mer, dans nos 530 unités éducatives.

LA RÉMUNÉRATION. Pendant la formation, il faut compter 1 760 à 1 800 euros net par mois. Quand on devient titulaires, en dehors des primes, le salaire atteint 2 140 à 2 400 euros net par mois. En fin de carrière, vous pouvez avoir 3 530 euros par mois, toujours hors prime spécifique liée aux horaires et week-ends.

LES ÉVOLUTIONS. On peut bénéficier d’un vrai parcours professionnel en passant le concours de cadre éducatif après quatre ans comme éducateur, puis accéder à des postes de direction au sein de la PJJ. Il y a même eu un directeur interrégional qui a débuté ainsi, comme éducateur. Il est également possible de faire des allers-retours à l’aide sociale à l’enfance.

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