À la Une du journal de l’environnement de RFI ce vendredi : le Brésil avec le retour de Lula à la tête du pays, et donc dans les négociations climat, ce qui redonne espoir aux défenseurs de l’Amazonie. Mais aussi des labos d’intelligence artificielle en Afrique pour lutter contre le changement climatique et des applications sur smartphone pour reconnaître et recenser les plantes.
Par sa visite à la COP 27 en début de semaine prochaine en Égypte, le nouveau président élu du Brésil, Lula da Silva, veut signifier au monde que le Brésil est de retour dans les négociations sur le climat et que son pays va cesser d’être le paria environnemental qu’il est devenu durant le mandat de Jair Bolsonaro. Pendant quatre ans, son prédécesseur d’extrême droite a coupé les vivres aux agences environnementales publiques et encouragé la déforestation de l’Amazonie au profit de l’agrobusiness et des activités criminelles. Lula, lui, a annoncé qu’il remettrait les moyens financiers et humains – la vigilance par satellite, les amendes pour déforestation, etc. – pour atteindre un niveau de « déforestation zéro ».
Les « rivières volantes »
La communauté internationale l’attend au tournant car la forêt n’est pas utile aux seuls Brésiliens. Actuellement souillée notamment par les orpailleurs et abattue principalement pour y installer de l’élevage de bovins, l’Amazonie joue un rôle indispensable dans le système des pluies de l’Amérique du Sud. C’est un peu la climatisation naturelle locale. L’humidité produite par la forêt se transporte par les airs jusqu’au nord de l’Argentine par exemple, 1 300 km plus au sud. Un phénomène assez fabuleux qu’on appelle « les rivières volantes ».
Et puis, comme tout grand bassin forestier, l’Amazonie stocke beaucoup moins de carbone si elle est abîmée. « Le rôle des bassins forestiers est extrêmement important en premier lieu pour la biodiversité mais aussi pour leur rôle sur le climat local », explique Sébastien Treyer, directeur général de l’Institut des relations internationales et du développement durable (IDDRI). « Beaucoup d’agriculteurs du sud de l’Amérique du Sud se disent que si on détruit complètement l’Amazonie ils ne pourront plus faire l’agriculture qu’ils font aujourd’hui. »
Au-delà des conséquences régionales de la déforestation, ce dont les pays discutent, notamment en ce moment à la COP 27 à Charm-el-Cheikh, c’est comment ces grands bassins forestiers comme l’Amazonie seront capables de stocker le carbone à l’avenir.
De forêt à savane
« Aujourd’hui on en est à un stade où on va passer un point de bascule – et on l’a peut-être déjà passé : au lieu de stocker davantage de carbone, les grands bassins forestiers sont en fait en train d’en émettre davantage », alerte Sébastien Treyer. Car une forêt qu’on abat et qu’on dégrade ne retient pas le carbone de la même manière.« Les arbres sont importants dans la forêt mais pas seulement : toutes leurs racines, tout l’écosystème sous la terre n’est pas du tout le même quand il s’agit d’une forêt ou quand elle a été transformée en savane ou en zone agricole », précise-t-il.
Pour que ces forêts captent encore le carbone que nous émettons, nous humains, en excès, et qui réchauffe la planète, les grands pays forestiers comme le Brésil, l’Indonésie ou ceux du bassin du Congo, comptent réclamer la semaine prochaine à la COP 27 plus de moyens financiers pour protéger ces arbres dont nous avons tous besoin.
Réchauffement ou surpêche ?
À côté des forêts, il existe un autre grand capteur de carbone sur Terre, ce sont les océans. Et ils font aussi grise mine à cause de nous : hausse de leur acidité, de leur température, et des conséquences pour tous ceux qui y habitent.
Jusqu’à récemment on se demandait ce qui faisait le plus de mal à la biodiversité marine : le réchauffement ou la surpêche ? Une équipe du CNRS apporte un début de réponse avec une publication dans la prestigieuse revue scientifique Nature. Dans cette étude sur les populations de morue en mer du Nord, on lit que jusqu’en 2019 l’exploitation était la principale responsable de la diminution des réserves de poissons. Depuis, ça s’est inversé. C’est désormais le réchauffement, le premier coupable.
Des données pour le climat
Heureusement parfois le vent va aussi dans le bon sens. À l’occasion de la COP 27 également, Microsoft donne un coup de fouet à ses laboratoires de recherche « A.I. for Good ». Deux nouveaux labos vont ouvrir en Afrique : l’un à Nairobi, l’autre au Caire. L’objectif est de monter des équipes de scientifiques qui travailleront sur les données collectées au moyen de l’intelligence artificielle pour faire progresser notamment la lutte contre le changement climatique.
Des applis pour recenser les petites bêtes
Enfin avez-vous déjà fouillé dans le sol de votre jardin ou du parc à côté ? Si ce n’est pas le cas, il est temps de mettre les mains dans la terre ! Car avec votre smartphone, vous pourrez participer à toute une série de projets de science participative. Répertorier les fourmis, les cloportes et les araignées par exemple pour épauler le Museum national d’histoire naturelle à évaluer la qualité biologique des sols. Il existe aussi de nombreuses applications mobiles pour reconnaître ce truc vert étrange que vous avez repéré et qui pousse au coin de la rue. En prenant une photo et en envoyant les données GPS, vous aiderez ainsi au suivi des espèces.