En partenariat avec la Cie E.go, des élèves de Jean-Zay viennent de passer une semaine à créer un spectacle de danse hip-hop qui sera dévoilé sur la scène du Moulin du Roc, le 9 juin.
Vendredi, 10 heures. Le soleil caresse les nuques et fait flotter un parfum de vacances de Pâques avant l’heure dans la cour du collège Jean-Zay. Mais pas pour tous les élèves. Bouteille à la main, Quentin et Ombeline, 14 ans, profitent de la pause pour se désaltérer et rafraîchir leurs neurones. Depuis lundi, elles n’arrêtent pas de chauffer. Ce qu’on fait, c’est physique mais surtout mental. On va chercher loin les idées
, assurent les deux ados de la pépinière
de danse germée il y a un an et demi au sein de l’établissement du Clou-Bouchet.
« Ce qui m’intéresse, ce n’est pas leur niveau mais leur engagement »
Cinq jours que le duo transpire avec les vingt-cinq autres membres du groupe pour co-écrire un spectacle de hip-hop avec Omar, danseur interprète au sein de la Cie E.go. « L’amour et le regard » sont le fil conducteur de cette création d’une trentaine de minutes qui sera dévoilée au public, jeudi 9 juin, à 18 h sur la scène de la salle Philippe-Avron, au Moulin du Roc. Avant d’autres représentations dans le territoire niortais. À leur âge, ce n’est pas un thème facile à aborder et à exprimer. Il y a une appréhension légitime à sortir de sa zone de confort, à se livrer face aux autres, à s’accepter comme ils sont. C’est tout l’enjeu et la force de la démarche qui vise à tisser du lien, à ouvrir les horizons, à gagner en confiance et en estime de soi
, décrypte leur mentor qui, depuis le début de l’année scolaire, intervient régulièrement au contact de ces jeunes débutants ou initiés.
Des rencontres qui ont permis de poser des jalons
en vue de la semaine de résidence. Ce
qui m’intéresse, ce n’est pas le niveau de chacun, c’est l’engagement que chacun va y mettre. Je ne suis pas là pour leur faire répéter des chorégraphies. Je les oriente, je les conseille, mais c’est à eux d’apporter leur touche, de se laisser porter pour donner vie au collectif
, poursuit leur référent artistique qui loue la prise de conscience
de ses poulains. Ils ont démarré sur la pointe des pieds, ne se parlaient pas trop, avaient tendance à rester dans leur coin. Et puis, on a pris un moment pour parler de leurs ressentis et attentes. Et là, ça a été le déclic. Ils ont mis de côté leurs doutes pour se prendre en main ensemble.
Une évolution qui donne le sourire à Gaëlle Lebatteux, la professeure d’EPS à l’origine du projet « Je danse donc je suis » impulsé l’an dernier. Dans la prise d’initiative, le relationnel, le développement personnel, les changements sont considérables
, commente l’enseignante. Restée dans les limites du collège en 2020-2021, l’expérience s’est ouverte, cette année, à six classes d’élémentaire. Des partenariats avec deux lycées d’enseignement général et professionnel sont en cours de finalisation pour la rentrée prochaine. En vue pour l’équipe pédagogique, l’ouverture d’une classe hip-hop à horaires aménagés à l’horizon 2023. Pour continuer à faire bouger les corps. Et les lignes.
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Cuisine, maths, français : des déclinaisons multiples
Si la lumière de la Scène nationale niortaise ne sera braquée que sur les danseurs, le 9 juin, l’organisation de la soirée fédère de multiples énergies au sein du collège. C’est l’autre facette de « Je danse donc je suis » qui élargit le champ des applications au-delà de la performance artistique. Passionné par le théâtre
plus que par le hip-hop, Adam fait partie du noyau chargé de communiquer et de promouvoir le spectacle sous toutes ses formes (affiches, logos, tickets, compte Instagram). Si je pouvais présenter mes camarades le jour J, ce serait génial »,
confie l’élève de 4e. Ilias, 13 ans, a, lui, rejoint le cercle des techniciens
et bénéficié des conseils et de l’expertise des équipes du Moulin du Roc lors des représentations récentes des « Dodos » et des « Yeux de Taqqi », à Niort et Frontenay-Rohan-Rohan. J’ai appris plein de choses sur les jeux de lumières et la mise en scène. Tout est calculé au millimètre. C’est un énorme travail de l’ombre. J’ai hâte d’être à leurs côtés le soir de l’événement.
« On a tiré le fil jusqu’au bout »
Youssef, 13 ans, va, lui, enfiler son tablier pour préparer le buffet qui clôturera la prestation de ses camarades. À la maison, j’adore aider ma mère à concocter des entrées, des plats, des desserts. C’est elle qui m’a donné ce goût de la cuisine
, précise le garçon qui prévoit déjà de décliner sandwiches, pizzas et pancakes
en mini-format. Il ne manque plus que les ingrédients et les quantités
, assure-t-il. On a essayé de tirer le fil jusqu’au bout pour embarquer un maximum d’élèves dans l’histoire, peu importe les profils
, résume Gaëlle Lebatteux.
De leur côté, Elodie Chambaud et Sophie-Amandine Lemesre, professeure de français et de maths, ont adapté le projet à leurs enseignements. L’une est partie de la poésie lyrique pour amener ses élèves au slam et à la rédaction d’un texte support au tournage d’un clip, l’autre a construit un programme autour de la géométrie. Les collégiens seront, ainsi, amenés à peindre leur regard sous la forme d’un polygone. Une traduction du slam en espagnol et en anglais est également envisagée. Il y a une mobilisation à tous les étages, c’est super dynamisant pour tout le monde.