Le Premier ministre a présidé ce lundi matin la cérémonie d’hommage national aux victimes du terrorisme à Arras. Pour la première fois, elle se tient en dehors de Paris.
C’est la première fois que cette cérémonie a lieu hors de Paris. En ce 11 mars, journée annuelle dédiée aux victimes du terrorisme, le Premier ministre Gabriel Attal leur rend hommage ce lundi matin à Arras, dans la ville où le professeur Dominique Bernard a été tué il y a cinq mois par un ancien élève âgé de 20 ans et fiché pour radicalisation islamiste.Emmanuel Macron préside d’habitude cet hommage aux Invalides à Paris, où a été érigée une statue de bronze symbolisant la parole des victimes qui perdure même après leur mort. Mais cette année, le chef du gouvernement et ancien ministre de l’Éducation nationale a souhaité délocaliser cette cérémonie en hommage au professeur de français poignardé à mort le 13 octobre 2023 devant le collège-lycée Gambetta à Arras où il enseignait.
À son arrivée, Gabriel Attal s’est rendu dans l’établissement, resté ouvert lundi, pour échanger avec des élèves puis des enseignants, et leur renouveler le « soutien de la Nation ». Dominique Bernard a été tué trois ans après l’assassinat d’un autre enseignant, le professeur d’histoire-géographie Samuel Paty, décapité près de son collège dans les Yvelines le 16 octobre 2020 après avoir montré à ses élèves des caricatures de Mahomet lors de cours sur la liberté d’expression.
« La victoire de l’école qui sonnera le glas de l’obscurantisme »Le Premier ministre a remis les insignes de la Légion d’honneur aux cinq personnes de l’établissement d’Arras qui sont intervenues lors de l’attentat. Ils ont été faits chevaliers dans la promotion de la Légion d’honneur du 1er janvier, ainsi que six policiers.
Gabriel Attal a présidé ensuite la cérémonie officielle à la citadelle d’Arras, où quelque 600 personnes ont été invitées. Dans l’assemblée, se trouvaient de nombreux ministres – celui de l’Intérieur, Gérald Darmanin, de la Justice, Éric Dupond-Moretti ou de l’Enseignement, Nicole Belloubet – et les élus locaux, dont Xavier Bertrand et Marine Le Pen.Élèves et enseignants des deux établissements touchés ont lu des textes en hommage aux victimes du terrorisme. Le Premier ministre a ensuite lui-même eu des mots pour « toutes les victimes d’attentat et leurs proches », citant Arras, Nice, Charlie Hebdo, le Bataclan, Toulouse et Montauban… « À toutes celles et à tous ceux dont le destin a été frappé par le terrorisme, (…) je veux dire la France sera toujours à vos côtés. C’est notre devoir et notre honneur. » L’occasion, aussi pour Gabriel Attal, d’évoquer « l’attaque terroriste du 7 octobre du Hamas », en Israël.
« Toutes les victimes du terrorisme sont des héros de la liberté », a assuré le Premier ministre, insistant sur le devoir de mémoire. « Nous dirons, dans les écoles, la vérité. Nous dirons ce qu’il s’est passé. (…) C’est la victoire de l’école qui sonnera le glas de l’obscurantisme, de tous les obscurantismes », a poursuivi l’ancien ministre de l’Éducation, appelant à « faire vivre la mémoire » des victimes d’attentat. « Quand la terreur frappe, la France se lève toujours, solidaire, unie, déterminée ».
« Les terroristes nous attaquent, nous atteignent, nous touchent, mais ils ne nous feront jamais céder. Nous ne céderons rien à leur fatalisme, quel qu’il soit », a conclu le chef du gouvernement. Les notes de « Quand on n’a que l’amour », de Jacques Brel, ont ensuite résonné dans la citadelle d’Arras avant que des élèves ne lâchent des colombes. Gabriel Attal devait déjeuner avec les élus et représentants des associations de victimes.À la Délégation interministérielle à l’aide aux victimes (DIAV), on explique que l’organisation de la cérémonie en dehors de Paris est « une demande assez ancienne de la part des associations » qui sont aussi « très attachées » à ce qu’elle se tienne « dans un lieu où l’éducation a été touchée ». Plusieurs associations ont toutefois déploré n’avoir pas été associées au choix du lieu.Cette journée d’hommage a une dimension européenne puisqu’elle se tient à la date anniversaire des attentats du 11 mars 2004 à Madrid (192 morts), il y a 20 ans cette année. Après le discours de Gabriel Attal, l’Ode à la joie (l’hymne européen) a d’ailleurs été jouée avant la Marseillaise. L’an dernier, le président Emmanuel Macron avait salué la « dignité » et l’exigence de « vérité » et d’« humanité » qui ont marqué les procès des attentats de la décennie passée en France, notamment ceux de Nice et du 13 novembre 2015.Visite des sinistrés des inondationsAprès la cérémonie, Gabriel Attal restera dans le Pas-de-Calais pour se rendre auprès des sinistrés des inondations, comme il l’a déjà fait à deux reprises depuis son arrivée à Matignon. Il ira visiter une habitation touchée à Saint-Étienne-Au-Mont avant d’assister à La Caloterie à une présentation des travaux d’urgence réalisés et d’échanger à Montreuil-Sur-Mer avec les acteurs du territoire sur le plan de résilience.De violentes intempéries ont aussi touché dimanche le sud-est de la France, où les corps sans vie de trois victimes ont été retrouvés dans le Gard, alors que des centaines de secouristes recherchent toujours quatre autres personnes, dont deux enfants d’une même famille. Ces personnes ont été emportées en tentant de traverser en voiture des ponts sur des cours d’eau en crue.