Le parti social-démocrate du chancelier allemand Olaf Scholz a subi un cuisant revers dimanche lors d’une élection locale hautement symbolique à Berlin, son fief depuis plus de vingt ans, face aux conservateurs.
Même si cette défaite s’est jouée surtout sur des enjeux locaux, elle intervient alors qu’au plan national Olaf Scholz est lui même sous pression, critiqué notamment pour ses atermoiements en vue de soutenir militairement l’Ukraine.
Première depuis plus de 20 ans
L’Union chrétienne-démocrate conservatrice (CDU) de l’ex-chancelière Angela Merkel est arrivée en tête de l’élection pour le parlement local de la capitale allemande avec environ 28% des suffrages (+ 10 points).
Les sociaux-démocrates doivent se contenter de 18%, leur pire résultat depuis la fin de la Deuxième guerre mondiale, selon les premières estimations des chaines ARD et ZDF.
Pire même pour le SPD, il semble être au final relégué en troisième position, derrière les écologistes qui sont donnés à entre 18,2% et 18,7% par les chaînes de télévision. La maire sortante de Berlin, Franziska Giffey, a parlé d’une « soirée amère » et d’une « situation difficile » pour son parti.
Depuis 2021, le SPD avait toujours terminé cette élection en tête. Le parti d’Olaf Scholz risque d’avoir du mal dans ces conditions de conserver le poste de maire de la ville-Etat de Berlin qu’il détient depuis plus de 20 ans.
Un recul national
Les résultats berlinois confirment aussi les tendances observées au plan national depuis de nombreux mois, à savoir une forte érosion du parti social-démocrate au pouvoir, une progression de l’opposition conservatrice et aussi de la formation d’extrême droite Alternative pour l’Allemagne (AfD).
Ceci intervient dans un climat de forte inflation, de débat intense autour des livraisons d’armes à l’Ukraine et de craintes dans une partie de l’opinion liées à un nombre important de migrants dans le pays, notamment ukrainiens. Les négociations pour former une nouvelle coalition majoritaire dans la ville de Berlin s’annoncent très difficiles.
À part les libéraux du FDP, aucune formation ne s’est dit prête, avant l’élection, à gouverner avec les conservateurs, qui ont appelé dimanche soit « à un changement » à Berlin. Et l’extrême droite est hors jeu.
L’élection berlinoise, sans remettre en cause la coalition nationale au pouvoir en Allemagne autour d’Olaf Scholz, risque toutefois de fragiliser le chancelier.
Berlin est en effet un Etat-région à part entière dans le système fédéral allemand et le changement de majorité dans la capitale qui se profile pourrait avoir des répercussions sur une des deux chambres du parlement fédéral, le Bundesrat, représentant les 16 Länder.