Affaire libyenne : Carla Bruni-Sarkozy mise en examen

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(FILES) French-Italian singer Carla Bruni-Sarkozy looks on in Paris on March 8, 2022, during the "United for Ukraine" TV live event to support the Ukrainian people and all the populations affected after the invasion of Russia in Ukraine. According to local reports on July 9, 2024, Carla Bruni has been summoned before a judge for possible indictment. (Photo by JULIEN DE ROSA / AFP)

L’épouse de l’ex-président Nicolas Sarkozy est suspectée d’avoir participé à l’opération « Sauver Sarko » destinée à obtenir la rétractation de Ziad Takieddine dans le dossier des soupçons de financement illégal de la campagne présidentielle de 2007.

Déjà unis par les liens du mariage, Carla Bruni et Nicolas Sarkozy ont, depuis ce mardi 9 juillet, une nouvelle chose en commun : une mise en examen dans la même enquête judiciaire. En l’occurrence, celle sur la rétractation de l’intermédiaire Ziad Takieddine dans le dossier du financement présumé libyen de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy de 2007.

La chanteuse a été mise en examen ce mardi soir, après plusieurs heures d’audition, pour « recel de subornation de témoin, participation à une association de malfaiteurs en vue de commettre l’infraction d’escroquerie au jugement en bande organisée (en vue de tromper les magistrats ayant à statuer dans l’information judiciaire relative aux soupçons de financement libyen de sa campagne électorale) ».

Carla Bruni a été placée sous le statut de témoin assisté du chef « d’association de malfaiteurs en vue de la corruption de personnels judiciaires étrangers au Liban ». Elle a été laissée libre à l’issue de l’audition, mais placée sous contrôle judiciaire, avec l’interdiction d’entrer en contact avec l’ensemble des protagonistes de cette procédure, à l’exception de Nicolas Sarkozy. En octobre 2023, son époux avait déjà été mis en examen pour recel de subornation et association de malfaiteurs en vue de la préparation d’escroqueries en bande organisée. Tous deux contestent les faits qui leur sont reprochés.

« Tout va bien ma mimi ? »

À l’automne 2020, alors qu’il accusait jusque-là Nicolas Sarkozy d’avoir financé sa campagne présidentielle de 2007 avec des fonds libyens, Ziad Takieddine dédouane subitement l’ancien chef de l’État dans une interview accordée à Paris Match et « BFMTV ». Un revirement si suspect qu’il déclenche l’ouverture d’une information judiciaire en mai 2021. Carla Bruni est la dixième personne mise en examen dans ce dossier. Les mis en cause sont suspectés à des degrés divers d’avoir organisé, financé ou bénéficié de cette opération baptisée « Sauver Sarko ».

La papesse de la presse people, Michèle Marchand, apparaît comme l’une des chevilles ouvrières de cette rétractation. La justice soupçonne Carla Bruni d’avoir servi de courroie de transmission entre son mari et « Mimi », dont elle était très proche.

Après une première audition en tant que témoin en juin 2023, l’ex-mannequin avait été réentendue en tant que suspect libre le 2 mai, dans les locaux de l’Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales (OCLCIFF). Comme le Parisien l’a révélé en dévoilant le contenu de cette audition, l’épouse de l’ancien chef de l’État a été plusieurs fois mise en difficulté par les policiers. Les enquêteurs et le juge d’instruction la soupçonnent notamment d’avoir utilisé une ligne occulte pour converser avec « Mimi » à plusieurs moments cruciaux de l’opération.

L’existence de ce numéro a été découverte grâce à l’exploitation de l’appareil de Carla Bruni. À l’époque des faits, il est officiellement enregistré au nom de son informaticien. Or, dans l’appareil de « Mimi » et dans celui de la chargée de communication de Nicolas Sarkozy, la photo associée est celle de la chanteuse.

Le 22 octobre 2020, alors que Michèle Marchand vient d’arriver à Beyrouth pour l’interview de Ziad Takieddine, elle reçoit un message provenant de ce numéro : « Tout va bien ma mimi ? » « Je n’ai jamais utilisé ce numéro », assure Carla Bruni. Juste avant, les policiers lui avaient demandé si son informaticien connaissait Mimi Marchand. « Je crois que non », avait-elle confessé.

« J’essaye d’échafauder des explications »

Le 1er novembre 2020, Mimi Marchand écrit à ce fameux numéro et s’épanche sur l’arrestation du « menteur », c’est-à-dire Ziad Takieddine, interpellé au Liban. Encore une fois, Carla Bruni conteste être la détentrice de ce numéro et évoque l’hypothèse d’une utilisation par son fils ou son informaticien. Pourquoi l’impresario écrirait-elle un tel message à l’un ou à l’autre ? interrogent en substance les policiers. « Je ne sais pas », admet l’artiste, avant d’ajouter : « J’essaye d’échafauder des explications ». Qui n’ont semble-t-il pas convaincu à ce stade.

Lors de son audition, Carla Bruni a également été interrogée sur ses nombreuses rencontres avec Mimi lors de la période qui précède et suit son déplacement au Liban. À l’époque, la chanteuse vient de sortir un album et elle est amenée à fréquenter son amie très régulièrement pour la gestion de son image. Mais les enquêteurs soupçonnent que les appels ou les rendez-vous aient également pu servir à affiner les contours de l’opération « Sauver Sarko ».


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Plusieurs coïncidences de bornages ou d’appels apparaissent. Face aux policiers, l’épouse de l’ancien président de la République a totalement lâché son amie. « Je pense que Mimi Marchand a utilisé le nom de mon mari et le mien dans cette affaire pour se donner du poids auprès de ses compères (…). Elle est très manipulatrice », a-t-elle soutenu.

« Je suis le seul contact entre Mimi Marchand et mon mari »

À la fin de son audition, Carla Bruni avait fait part de son dépit et de sa volonté de dédouaner Nicolas Sarkozy. « Je me sens responsable de la mise en examen de mon mari puisque, je vous le rappelle et le redis avec beaucoup de force, je suis le seul contact entre Mimi Marchand et mon mari. (…) À ce moment-là, comme je connais Mme Marchand, c’est moi qui devrais être mise en examen », avait-elle assuré. Son vœu vient d’être exaucé.

Pour son avocat, Me Paul Mallet, « la mise en examen de Mme Carla Bruni-Sarkozy, dans les mêmes termes que celle concernant son mari, n’est que la suite procédurale ».

À noter enfin que la rétractation de Ziad Takieddine n’a pas eu l’effet escompté. Nicolas Sarkozy a été renvoyé devant le tribunal correctionnel dans le dossier du financement présumé libyen de sa campagne. L’ancien hôte de l’Élysée sera jugé pour corruption passive, recel de détournement de fonds publics, financement illégal de campagne électorale et association de malfaiteurs entre le 6 janvier et le 10 avril 2025.

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