À la suite des révélations de notre enquête sur les abus sexuels dans la chorale des Moineaux où officiait Denis Dupays, chef de chœur de la Maîtrise de Radio France entre 1989 et 1998, ses ex-élèves au sein de cet ensemble parisien ont créé un collectif. Ils ont choisi Le Parisien pour s’exprimer.
Ils ne sont pas tous victimes de Denis Dupays. Et aucun membre n’a – pour le moment – fait état d’abus sexuel au sein de la maîtrise. Plusieurs chanteuses de l’époque reconnaissent néanmoins avoir subi son harcèlement, ses brimades ou ses humiliations.
Parmi tous ces élèves de la Maîtrise de Radio France, 71 ont décidé de créer un collectif baptisé « Chœurs Brisés Agir ». Entre 1989 et 1998, ils ont tous été sous les ordres du célèbre chef de chœur, aujourd’hui accusé de viol et dont les abus sexuels ont jalonné le parcours à Toulouse (Haute-Garonne), Nantes (Loire-Atlantique) ou Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine), comme nous l’avons révélé au travers de notre enquête publiée le 29 mars.
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Déjà en 2020, dans le groupe Facebook dédié aux anciens choristes de la célèbre maîtrise parisienne, sous un post évoquant Denis Dupays, plus de 150 messages de quelques-uns de ses anciens chanteurs devenus adultes avaient relaté avec émoi leurs souvenirs encore douloureux de cette époque… C’est pourquoi, passé le choc de la découverte du passé de Denis Dupays, les maîtrisiens et maîtrisiennes ont souhaité s’unir pour s’adresser, dans une tribune, au monde musical qu’ils côtoient encore pour beaucoup d’entre eux, ainsi qu’à Radio France. Nous dévoilons en exclusivité cette tribune.
« La Maison de la Radio ne semblait pas ignorer ces faits »
« Nous, anciens et anciennes élèves de la Maîtrise de Radio France entre 1989 et 1998, demandons publiquement à Radio France comment un chef de chœur licencié pour faits répréhensibles sur mineur en 1985 à l’Opéra de Nantes, et cumulant des signalements dans d’autres chœurs d’enfants comme à Toulouse, a pu être ensuite nommé à la Maîtrise de Radio France et maintenu durant neuf ans. La Maison de la Radio ne semblait pas ignorer ces faits.
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Nous demandons réparation : nous voulons que cessent les réseaux ou soutiens qui permettent cela. Nous interpellons les pouvoirs publics sur l’importance de prioriser les enquêtes en cours et d’allonger les délais de prescription pour les victimes. Nous appelons à briser le silence autour de la pédocriminalité, la maltraitance et les violences psychologiques dans l’apprentissage artistique et partout en France. »
Cette première prise de parole sera suivie d’autres actions dans les prochaines semaines. Le collectif tente actuellement de regrouper des éléments et cherche avant tout à « apporter son soutien aux victimes, même extérieures à la maîtrise ».