A Magnanville, l’armée confrontée aux nouvelles exigences des jeunes candidats

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Forum de recrutement de l'armée à Magnanville

Certains peinent à se priver de leur téléphone portable, d’autres veulent travailler près de chez eux… Le retournement du marché de l’emploi joue en faveur des candidats et l’armée n’échappe pas aux nouvelles attentes.

C’est un paramètre que les recruteurs doivent désormais prendre en compte : les jeunes ne sacrifieront pas leur confort pour leur travail. Même l’armée, en dépit de ses salaires attractifs, de la sécurité de l’emploi et des possibilités de reconversion qu’elle offre est confrontée à ce phénomène.

« Pour faire simple, nous rencontrons de plus en plus de personnes qui n’acceptent pas les contraintes, confie un recruteur de l’armée de l’air rencontré ce mardi à un salon de recrutement organisé à Magnanville (Yvelines), à destination de jeunes du Mantois. Évidemment, le public qui s’engage par vocation ne pose pas de problème : il connaît les inconvénients du métier mais s’y plie aisément, car cela correspond à ses aspirations. Mais pour beaucoup d’autres, c’est compliqué. »

Lui et ses collègues citent volontiers l’exemple, presque caricatural, du téléphone portable. Certains jeunes refusent de suivre une formation lorsqu’ils apprennent que le téléphone est interdit plusieurs heures d’affilée par jour. « On en a d’autres qui abandonnent en cours de route pour les mêmes raisons, abonde son collègue de la Marine nationale. Ils sont nés avec un appareil dans la main. Le téléphone c’est leur vie. Ils ne peuvent pas s’en passer, quitte à décliner un job. »

« Nous sommes plus bienveillants, moins rustres »

S’ils refusent de caricaturer cette génération, ces militaires présents ce mardi citent tout de même des attentes fortes liées à la mobilité, des candidats préférant un travail moins intéressant mais proche de chez eux. Les requêtes concernant le télétravail sont également plus nombreuses. Même dans les métiers de l’armée. Loin des opérations sur le terrain, en France ou à l’étranger (les fameuses « Opex »), donc. « Il y a eu un gros changement depuis le Covid et les confinements. Des exigences nouvelles sont apparues. À nous de nous y adapter », analyse une représentante de l’armée de l’air.

S’y adapter car l’armée n’a pas vraiment le choix : les besoins de recrutements dans l’Hexagone sont estimés à près de 25 000 personnes par an. Et le privé, qui souffre aussi d’une pénurie de bras dans de nombreux secteurs, s’impose comme un concurrent sérieux. Bref, les jeunes semblent avoir l’embarras du choix et imposent logiquement leurs conditions. Et les contrats à long terme ne suffisent.

Pis, ils deviennent même parfois un frein pour de jeunes travailleurs adeptes du « zapping ». « Face à cela, nous avons aussi changé notre façon de faire. Nous sommes plus bienveillants, moins rustres que par le passé. L’image du caporal-chef qui crie tout le temps, c’est terminé », sourit le marin.

Manon et Quentin, deux lycéens de Magnanville, tiennent à relativiser l’attachement de leur génération au téléphone. Pour ces deux jeunes, « le portable, on a l’habitude de s’en passer lorsqu’on est en cours et on n’a pas l’impression d’en être esclaves ». « Mais il est vrai que le marché de l’emploi est en notre faveur. Du coup, nous avons peut-être plus d’exigences qu’avant », abondent les deux camarades, devant un forum de recrutement qu’ils n’auront pas visité…

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