A Bobigny, une marche blanche pour Driss : « Ne tuez plus nos enfants »

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Pour rendre hommage à Driss, jeune homme de 22 ans poignardé à mort à Drancy, ses amis ont confectionné une banderole avec un message de paix : "Vous voulez la paix. Vous créez l'amour".

Famille, amis et anonymes ont défilé silencieusement ce samedi après-midi de Bobigny à Drancy (Seine-Saint-Denis) pour rendre hommage à Driss, un jeune homme de 22 ans poignardé à mort il y a une semaine jour pour jour.

L’émotion était palpable dans les rangs de la marche blanche organisée ce samedi après-midi en mémoire de Driss Kermaoui. Ce jeune homme de 22 ans a été tué de trois coups de couteau lors d’une altercation samedi dernier, sur une artère pavillonnaire de Drancy. Le cortège a réuni quelques centaines de personnes parmi lesquels des membres de la famille du jeune homme, des proches ou encore des inconnus.

« C’est un message d’apaisement et de paix que nous tenons à faire passer avec cette marche. On ne veut plus que ça recommence. C’est insupportable de voir à quel point la violence s’est banalisée », déclare Hichem en montrant les t-shirts à l’effigie de son cousin accompagné de la phrase « Ne tuez plus nos enfants ».

Les personnes présentes se sont élancées à 15 heures depuis la place des Nation Unies, au cœur de la cité de l’Abreuvoir à Bobigny, pour remonter silencieusement l’avenue Jean-Jaurès jusqu’à la mairie de Drancy.

Un garçon investi dans la vie de son quartier

Décrit comme un garçon serviable, à l’écoute des autres et souriant par ses proches, le jeune Balbynien, inconnu des services de police, était quelqu’un d’impliqué dans la vie de son quartier et œuvrait au sein de l’association locale Un petit Coin de bonheur. « Il faisait des maraudes, se levait le dimanche matin pour récupérer des invendus du marché et les redistribuer aux personnes qui en ont besoin, se souvient Sonia, sa tante. Il n’y avait pas de personne plus gentille que lui, c’était mon petit frère ». Des qualités et une bonté rendant cet acte dramatique totalement incompréhensible pour la famille de Driss.

Ses amis d’enfance et du lycée sont encore sous le choc. « C’est extrêmement dur à accepter. C’était une grande et belle personne, il nous partageait son rire au quotidien », se remémore son ami Abdel. « C’était comme un fils pour moi. Je l’ai porté dans mes bras quand il avait un an. Il s’occupait de moi et moi de lui car il a perdu son père quand il avait seulement 10 ans. On mangeait ensemble, on rigolait ensemble, on regardait du foot ensemble… On n’est pas censé voir un enfant mourir », confie son voisin Rodrigue Rosarsen.

Le maire de Bobigny, Abdel Sadi (PCF), et l’adjoint au maire de Drancy, Yacine Mahmoudi, sont les premiers à avoir pris le micro après la marche pour témoigner de leur soutien. « C’est toute la communauté Balbynienne qui pleure avec sa famille. Il faut entendre dans ce silence un sentiment de révolte, car cette violence il faut la faire reculer. Il faut refuser la fatalité et l’impunité et que la justice soit rendue », a déclaré Abdel Sadi.

« On espère une manifestation de la vérité »

Dévastée, la mère de Driss, Farida, hospitalisée à la suite de l’annonce de la mort de son fils unique, a aussi prononcé quelques mots. « Protégez-vous, faites attention à vos enfants et surtout gardez un cœur pur comme celui que Driss avait », a-t-elle déclaré.

Sonia, la tante de la victime, a également pris la parole après la déambulation. Le jour du drame, elle est arrivée quelques minutes après l’altercation et a vu son neveu être pris en charge par le Samu qui tentait de le réanimer. Elle ne parvient toujours pas à saisir comment son neveu a pu leur être retiré de cette manière.

« C’était un cauchemar de voir ça, je ne réalise toujours pas. On l’appelait nounours, il était très proche de sa famille. Il n’a jamais ne serait-ce que haussé le ton et avait un casier totalement vierge. Si ça avait été un voyou, on aurait peut-être compris que ça se termine comme ça, mais c’était tout le contraire. On aurait jamais pensé le perdre de cette façon », décrit-elle.

La famille va se constituer partie civile

« La famille va évidemment se constituer partie civile. La maman fait confiance à la justice et on espère tout simplement une manifestation de la vérité et que l’institution judiciaire fasse son travail », a souligné l’avocat de la famille, Me Ben Ali.

À l’heure actuelle, les motivations de Théo et Jean-Christophe, deux cousins âgés de 23 ans et principaux suspects dans le meurtre de Driss, restent floues. Une information judiciaire a été ouverte mardi afin d’établir la chronologie des événements. Le même jour, les deux cousins ont été mis en examen pour assassinat et tentative d’assassinat. Le parquet de Bobigny a pris des réquisitions demandant leur placement en détention provisoire.

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